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Dans les années soixante, le village des Confins promettait d'être une station de ski florissante. Vingt ans plus tard, il n'en reste qu'une station fantôme. Les installations - remontepentes qui ne mènent nulle part, gares de téléphérique inachevées - sont peuplées de spectres et traversées par les vents glacials de haute montagne.Cet hiver de l'année 1984 voit la venue de Bruno Roussin, le fils du promoteur qui jadis vit en ces lieux un Eldorado blanc. Au village, il n'y a plus qu'une trentaine d'habitants habitués à passer l'hiver reclus. La route, jugée trop dangereuse, est fermée à partir du mois de novembre. La tempête se lève. Dès les premiers jours, les lignes téléphoniques sont hors d'usage. À la sauvagerie des lieux s'ajoute vite celle des hommes ici réunis.Situé dans une vallée imaginaire à l'époque des utopies touristiques, bien réelles, du plan Neige, Les Confins est le chant des anciens villages isolés, des familles déchirées et de l'âme humaine qui se heurte aux étoiles glacées.
Les Confins, village fantôme de la Vallée du miroir, a été totalement déserté depuis la mort atroce de l’ensemble de ses habitants durant l’hiver 1984. Pourtant, dans les années 60, Les Confins étaient promis à un brillant avenir. Sous l’impulsion d’un brillant architecte lyonnais, Pierre Roussin, le village isolé était bien parti pour devenir LA station de ski des Alpes. Pas un de ses ensembles bétonnés construits pour accueillir un maximum de familles logés dans des cages à lapins. Non, une station de standing à taille humaine, pimpante et élégante, respectueuse de la nature.
Malheureusement, ce projet dans lequel Pierre s’était aussi investi financièrement a échoué lamentablement. Sa réussite n’était pas du goût d’un gros promoteur de la région. Et comme son frère était le maire des Confins, il n’a pas été compliqué de mettre des bâtons dans les roues du Lyonnais.
Le village a donc continué à vivre à l’ombre des grandes stations voisines, coupé du monde tous les hivers, la route le rejoignant jugée trop dangereuse.
Jusqu’au drame de 1984…
Cet hiver-là, Bruno, un écrivain en mal d’inspiration venait s’installer pour l’hiver dans le chalet de la famille Roussin…
Un drame, ou plutôt des drames émaillent l’histoire des Confins. Jusque lors inexpliqués. Dans la région, on n’a pas cherché à creuser les choses. On a préféré laisser le village s’enfoncer dans l’oubli et l’abandon.
Pourtant, les faits vont nous être révélés et ils sont terrifiants.
Avec ce premier roman aux allures de thriller, Eliott de Gastines réussit à harponner le lecteur dès les premières pages, à l’engluer dans un fait divers sordide, à le faire frémir de peur, à l’enfoncer dans les profondeurs enneigées de l’enfer blanc, à l’éblouir par la majesté des décors alpins. On voyage des années 60 aux années 80, découvrant le projet visionnaire d’un architecte, contrecarré par le Plan Neige mis en place par l’Etat qui a défiguré les montagnes françaises, et le retour au pays d’un enfant devenu grand et vindicatif.
Une intrigue accrocheuse qui distille le suspense jusqu’à la toute fin, une excellente reconstitution, au charme suranné, des années 60 et de l’emballement de l’immobilier dans les Alpes, des personnages retors ou naïf que l’on déteste ou que l’on prend en pitié, de la violence, de la corruption, du machiavélisme, du cynisme, bref il serait dommage de passer à côté de cette pépite à l’écriture addictive.
La vengeance est un plat qui se mange froid
Si personne n'a vraiment pu reconstituer le drame qui a emporté les habitants des Confins en 1984, Eliott de Gastines en explore la genèse en racontant le projet d'un architecte lyonnais en 1964. Un premier roman qui se lit comme un polar.
Dès le prologue, le lecteur est averti du mystère auquel il va être confronté: «Les événements qui se déroulèrent durant l’hiver 1984 dans le petit village des Confins, isolé à 1644 mètres d’altitude, n’eurent que peu d’échos dans la presse régionale et nationale, et ce pour la bonne raison que personne ne parvenait à les expliquer.» Il faut dire que durant l'hiver, Les Confins étaient isolés du monde, la seule route qui menait au village étant fermée à la circulation. Et quand les gendarmes ont enfin pu y accéder, ils ont découvert des maisons calcinées et des cadavres à la pelle.
Un mystère qui trouve son origine vingt ans plus tôt, lorsque le gouvernement lance le plan neige pour développer de nouvelles stations de ski et que Pierre Roussin, architecte et ingénieur de formation, a l'idée de faire des Confins une «structures à taille humaine et tournée vers la nature», loin des cages à lapin et du bétonnage en œuvre un peu partout dans les Alpes. Mais pour mener à bien ce projet visionnaire, il lui faut l'aval des villageois et des autorités. Ce qui n'est pas gagné. Car si les habitants voient avec un bon œil ces perspectives de développement, le maire est lui hostile à cette nouvelle station qui viendrait concurrencer celle que son frère a lancé avec succès à quelques kilomètres de là. Et puis Pierre Roussin lui a volé le chalet qu'il convoitait, idéalement placé dans le village. Alors, sur les conseils de son frère, il conçoit un plan diabolique, laisser l'architecte mener à bien la première phase de travaux, lancer les investissements plus lourds de la seconde phase et alors lui rendre la vie impossible en multipliant les obstacles, notamment administratifs. Un plan qui va fonctionner, même si dans les premiers temps, il va bien devoir avouer qu'il ne s'attendait pas à ce que l'initiative de Pierre Roussin rencontre un tel succès. On se presse pour découvrir cette station différente.
On va dès lors suivre en parallèle l'évolution du projet en 1964 et les années suivantes et les quelques semaines funestes de 1984, au moment où les derniers voyages sont autorisés. On y voit Bruno Roussin, le fils du promoteur, et sa compagne prendre le dernier bus pour passer l'hiver dans le chalet familial. Son projet est alors de s'isoler pour écrire le roman commandé par son éditeur après la publication de nouvelles qui ont connu un joli succès. Il se propose de revenir sur l'histoire de son père. Mais a-t-il conscience de la crainte qu'il suscite auprès de la poignée d'habitants qui restent ici à demeure et qui ont tous ou presque quelque chose à se reprocher.
Entre révélations et cupidité, vengeance et homicide, le roman va alors prendre un tour très noir. Empruntant aux codes du polar, Eliott de Gastines réussit un formidable premier roman qui, dans son intensité dramatique, n'a rien à envier au Shining de Stanley Kubrick. L'ambiance y est tout aussi glaçante, la folie de moins en moins cachée. Prêts à tout, ces montagnards sont bien à mille lieues des images de carte postale que les promoteurs entendent promouvoir. Mais peut-être sont-ils tout aussi affolés que ces animaux contraints à fuir ou à disparaître avec l'arrivée des télésièges sur leur domaine?
https://urlz.fr/mv5I
Les confins
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1984. Dans un village de montagne, isolé pendant l’hiver, on retrouve tous les habitants décédés dans d’étranges conditions étranges, ainsi que toutes leurs maisons ravagées par le feu. Mais que s’est-il passé dans cette station de ski abandonnée pour en arriver à un tel drame ?
1964. La France vient de lancer « le plan neige », un vaste programme visant à lancer l’industrie du ski dans les Alpes françaises. Dans le même temps, Pierre Roussin architecte lyonnais, arrive aux Confins, contraint de quitter la ville par la santé défaillante de son jeune fils à qui l’air de la montagne est recommandé. Convaincu du potentiel de ce coin de paradis, il se lance corps et âme dans le projet un peu fou de bâtir une station de ski différente, censée séduire une clientèle choisie. L’espoir pour le village de revenus garantis, mais un projet qui fait ombrage au puissant clan Lempereur, qui dès lors n’aura de cesse de lui mettre des bâtons dans les roues.
Chronique d’un désastre annoncé et récit d’une vengeance machiavélique.
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Ce livre est une belle découverte des @68premieresfois. Ce roman aux allures de thriller propose une trame efficace et addictive grâce à l’alternance de chapitres séparés de 20 ans, et qui, cheminant en parallèle, apportent un éclairage progressif et glacial sur le drame du prologue.
L’histoire en elle-même n’est pas forcément des plus originales, mais j’ai beaucoup aimé l’ambiance qui s’en dégage et la peinture très réussie de ce coin de montagne. Ses allures de ville fantôme, son isolement et sa nature hostile et menaçante qui enveloppe d’un voile de mystère l’inexorable fuite en avant vers le drame annoncé. Les personnages sont également très bien campés. Troubles, fourbes, ils sont presque tous foncièrement mauvais. Seules les femmes tirent leur épingle du jeu et attirent la sympathie, mais elles sont hélas vite évincées dans des circonstances toutes plus tragiques. Intéressant enfin cette réflexion sur la naissance du tourisme hivernal et ses conséquences écologiques majeures. Troublant de faire cette relecture de nos jours au moment où cette activité décline et où la conscience des désastres écologiques qu’elle génère pousse à la remise en cause, pour beaucoup, de ce modèle économique.
Il est sorti en poche, profitez en!
Hiver 1984, Bruno, écrivain à succès, retourne aux Confins, officiellement pour trouver l'inspiration pour son prochain livre. C'est dans ce village alpin que son père, architecte et entrepreneur visionnaire, avait rêvait vingt ans plus tôt d'y ériger une station de sports d'hiver à taille humaine, tournée vers la nature.
Un projet à contre-courant des gigantesques installations et de la bétonisation qui accompagne le Plan Neige lancé par l'Etat.
Le prologue pose remarquablement les faits et harponne le lecteur avec son goût de mystère assumé : on sait que le projet a capoté, on ne connait pas les réelles motivations du retour de Bruno, on sait que durant cet hiver il y a eu des « événements » graves que « personne ne parvenait à expliquer ».
S'en suit un aller-retour temporel entre les années 1964-66 centré sur le père et l'implantation de sa station touristique « Confins-Village », et ce fameux hiver 1984 centré sur le fils et ses agissements. La construction est habile avec un narrateur omniscient et distancié qui déroule les faits sur un ton ironique et sarcastique tout en annonçant régulièrement la survenue d'un drame, une pièce du puzzle. Cela pourra déranger certains lecteurs qui n'apprécieront pas de voir dévoiler à l'avance certains éléments de l'action. Au contraire, j'ai trouvé ça très malin car cela déplace les ressorts et enjeux de l'intrigue ailleurs : sur le pourquoi et le comment.
Le soin apporté à la mise en place d'une atmosphère enveloppante a fini de me conquérir : d'abord feutrée puis de plus en plus dense et oppressante comme dans un bon thriller. Lorsque Bruno s'installe aux Confins pour passer l'hiver 1984, le village va bientôt être coupé du monde, l'unique route le reliant au bas de la vallée, impraticable à cause de la neige, est fermé par les autorités du 1er novembre au 1er avril. C'est un véritable huis clos que propose Eliott de Gastines.
Dans le dernier quart, le rythme s'accélère. On commence à comprendre dans quelles directions l'auteur nous amène mais les rebondissements surprenants et les révélations inattendues continuent à s'enchaîner jusqu'à un final façon western. Je regrette cependant l'exagération qui caractérise les personnages à la limite du caricatural dans ce panier de crabes où la cupidité, la veulerie, le mensonge et l'ignominie se répondent allègrement dans cet enfer blanc. le roman n'aurait rien perdu en intensité avec des attitudes moins outrées et moins manichéennes, à l'image du personnage principal qui se révèle moins complexe qu'il n'apparaissait au départ une fois révélé.
Lu dans le cadre de la sélection 2023 des 68 Premières fois
https://www.facebook.com/68premieresfois
Remarquablement mis en valeur par une écriture qui séduit dès les premières pages, ce récit aux allures de faits divers est captivant.
Le lecteur fait des allers et retours entre 1964, année qui vit la naissance d’un projet immobilier innovant dans le petit village des Confins, et 1984, lorsque le drame survient.
Le projet se démarquait de la bétonisation galopante des stations de sport d’hiver construite en toute hâte pour tirer profit de la manne touristique que représentait une classe moyenne avide de vacances ski aux pieds. Pierre Roussin avait imaginé un projet esthétique, soucieux autant que faire se peut de l’environnement mais aussi rentable sur la plan financier. Et pourtant, rien ne s’était passé comme prévu, et l’histoire s’était achevée sur un drame.
Vingt ans plus tard, Bruno Roussin revient sur les lieux de son enfance, prétextant le besoin d’isolement pour écrire un roman après le succès d’un recueil de nouvelles remarqué. Les quelques villageois qui ont tenu à passer l’hiver sur place, malgré la route fermée en raison du danger permanent de chute mortelle, se méfient de ce retour qui risque d’exhumer des vieilles histoires qu’on aurait bien voulu oublier…
Ce qui paraît au départ être un roman social, prend vite des allures de thriller qui entraine le lecteur dans une spirale infernale : les révélations sont nombreuses et inattendues, sans pour autant paraître jetées sur le papier juste pour l’effet. La construction est très habile et les personnages machiavéliques à souhait.
Belle réussite que ce premier roman, qui mérite vraiment qu’on s’y attarde.
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