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Roman et philosophie n'ont pas toujours habité des mondes séparés. Au XVIIIe siècle, la philosophie, mal à l'aise dans une université qui la considérait comme une branche de la théologie, cherchait un autre public et de nouvelles façons de s'élaborer et de s'écrire. En ce temps-là, le roman, qui ne savait pas ce qu'il était, s'inventait lui-même, expérimentait des formes et des contenus, cherchait des thèmes nouveaux. Tout en divertissant, il visait à acquérir une gravité qui le ferait prendre au sérieux par les doctes et échapper aux critiques répétés sur sa futilité et son inconsistance. De Jacques le fataliste à Justine ou les infortunes de la vertu, de Thérèse philosophe à Cleveland, le roman se présentait comme l'espace de déploiement d'une nouvelle connaissance de l'homme, tandis que la philosophie construisait des fictions et s'incarnait dans des personnages tantôt comiques, tantôt sérieux, pour mieux interroger le monde et la société.
C'est cette union libre de la fiction et de la philosophie, à l'opposé de la forme canonique du roman au XIXe siècle, qu'étudie Colas Duflo dans cet essai de vulgarisation heureuse, contribution majeure à notre connaissance du siècle des Lumières.
Un gai savoir contagieux.
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