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Moscou. U.R.S.S. La culture est enrégimentée afin de servir l'État. Vladimir Katouchkov et Pavel Golchenko, la vingtaine, se rencontrent un soir par hasard. Le premier est censeur au sein du GlavLit, qui statue sur tout ce qui paraît dans le pays. Le second est projectionniste au Goskino, le cinéma des officiels du Parti. Deux institutions où sont quotidiennement interdites, coupées, asservies les oeuvres d'une nouvelle génération d'écrivains et de cinéastes qui tente de s'épanouir depuis la mort de Staline. Vladimir Katouchkov, écoeuré par le système, décide d'en dénoncer l'hypocrisie. À ses risques et périls. Et bientôt au détriment de ceux qui l'entourent. Les âmes rouges est un roman hommage aux plus indépendants des artistes soviétiques et aux chefs-d'oeuvre de ce que l'on a appelé «la dissidence». C'est aussi une ode à l'amitié:celle qui lie, à travers les épreuves et les ans, le Russe Vladimir Katouchkov et l'Ukrainien Pavel Golchenko.
Paul Greveillac a érigé un monument littéraire – 444 pages - à la gloire des esprits réenchanteurs qui, depuis Staline, ont fissuré le bloc soviétique et sa pensée unique. Son héros, le censeur de la GlavLit, Vladimir Sergueïevitch Katouchkov, est un pompier pyromane, un homme cultivé qui, à force de lire les plus belles œuvres de la Russie du vingtième siècle (Pasternak, Soljenitsyne pour ne citer qu’eux) dans le but d’étouffer les flammes de la liberté, finira par être gagné par leur feu sacré et devenir, lui aussi, un écrivain dissident. L’arroseur arrosé, en quelque sorte. Ce roman est une fresque. Dans les yeux de Katouchkov, on voit l’empire s’écrouler, ses certitudes d’abords, ses murs de béton ensuite. Ce n’est pas un livre qui se parcourt avec légèreté au sens où il demande de la concentration, du recueillement même. Truffés de références, documenté de façon presqu’obsessionnelle, déroutant par ses digressions érudites, ce roman ne se laisse pas facilement dompté. Mais comme tous les livres exigeants, il ne s’oublie pas. Dense, puissant, profond, le premier roman de Paul Greveillac a puisé dans les classiques qui ont sans doute bercé son adolescence studieuse et passonnée, de Gogol à Dostoïevski.
Roman hyper réaliste. Moscou, des années 1950 à 1990... on y est ! Des suppôts du régime aux dissidents en passant par le KGB, on revit les tribulations culturelles de l'URSS - sorte d'Atlantide que l'auteur fait surgir sous nos yeux... Le roman est étonnamment accessible (le début est un peu plus ardu mais pas pour autant rebutant : on apprend une multitude de choses). Le sujet est complexe, l'intrigue est ambitieuse. Et pourtant, c'est limpide. Chaudement recommandé.
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