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Janvier 1898. En espérant pour Raphaël une vie meilleure que la sienne, sa jeune mère l'abandonne à l'institution des soeurs de la Charité de Nîmes. Le lendemain, un homme mystérieux y dépose également un nouveau-né. Confiés à un jour d'intervalle aux bons soins de soeur Angèle, les deux orphelins vont vivre des destinées singulières. Raphaël, endurci par les brimades de sa famille d'adoption, trouve refuge dans la solitude des montagnes cévenoles. L'autre garçon, Vincent, grandit heureux au sein d'une famille de paysans aisés.
Quelques années plus tard, leurs chemins vont se croiser, à la faveur de la révélation d'un lourd secret, le secret de soeur Angèle...
Second tome de la saga des Rochefort, une plume addictive et passionnante, on redécouvre en début de lecture la généalogie pour se remettre dans le contexte, les personnages sont attachants, la construction de ceux-ci est profondes, nous suivrons dans cette suite Adèle et Raphaël.
Abandon, Enfance difficile, Brimades, Orphelinat.
"La société carcérale des jeunes mineurs n’était que le pâle reflet de celle plus rude encore des centrales de détention. Il évita donc d’avoir affaire aux caïds, tous des délinquants de plus de dix-huit ans qui attendaient leur majorité pour se retrouver à l’ombre des vraies prisons."
"Le vent du nord caressait les vignes aux sarments dénudés, comme pour réveiller la sève endormie jusqu’aux plus profondes racines et redonner vie à ceux qui avaient disparu."
Dans la première partie, nous suivons donc Adèle, une jeune fille de dix-sept ans qui a passé son adolescence à travailler dur pour le compte d’un couple de fermiers qui l’a recueillie suite au décès de ses parents, cinq ans plus tôt. Secrètement amoureuse du pasteur du village, Adèle se voit cependant contrainte de fuir cette maisonnée et rejoint la ville dans l’espoir d’échapper aux avances fébriles du fils ainé de la famille. Perdue dans cette vaste cité, elle va devoir trouver un travail tout en affrontant l’horrible réalité : elle est enceinte. Après des mois de misère et d’angoisse, elle va donner naissance à un petit garçon, qu’elle nommera Raphaël et qu’elle confiera à un orphelinat tenu par des sœurs dans l’espoir que son fils aura une vie meilleure que la sienne.
C’est ensuite l’enfance de Raphaël que l’auteur nous invite à suivre. Adopté quelques jours après son arrivée à l’orphelinat par un couple de paysans qui ne peuvent avoir d’enfants, le nourrisson ne va cependant pas être couvert d’amour et d’affection. Bien au contraire : à partir du moment où il eut l’âge de marcher, l’enfant va trimer dur aux champs, à l’étable et à la ferme. Suite à une punition digne du bagne, Raphaël, alors âgé de treize ans, va fuguer et tenter de rejoindre cette jeune femme qui, deux années plus tôt, est venu lui parler pour lui annoncer qu’elle était sa mère. Cependant, les choses ne sont pas aussi évidentes qu’elles n’en ont l’air, et un secret, celui que garde précieusement la mère supérieure de l’orphelinat, risque bien de bouleverser toute son existence …
Adèle et Raphaël sont deux personnages très attachants : leur vie a beau être remplie de malheurs, ils continuent de se battre pour affronter dignement leur avenir. Tous deux vont faire l’expérience de la misère et de la solitude, de la pauvreté et de la crainte permanente d’être choppé par la gendarmerie. Adèle est une jeune femme déterminée mais très naïve, qui ne sait pas choisir prudemment les personnes auxquelles elle donne sa confiance. Sa fragilité va attirer les intentions mauvaises de certains individus, mais va également lui permettre d’engendrer la compassion des personnes honnêtes et généreuses. Raphaël, lui, est plus sombre : il porte en lui une haine et une violence dont il ne connait pas véritablement l’origine. Plus débrouillard, il vogue cependant de malchances en mésaventures et ne sera pas mieux loti qu’Adèle.
L’intrigue en elle-même est bien menée : si le lecteur apprend assez rapidement le « terrible secret » dont parle le résumé, il est quasiment impossible de deviner le dénouement de l’histoire à l’avance. Plusieurs fois au cours du roman, on a le sentiment que la révélation ne pourra jamais avoir lieu, que le nœud de ce secret ne pourra jamais être démêlé. Le roman tout entier est construit autour de secrets, de non-dits, de découvertes jamais partagées, et pour le lecteur qui a quant à lui toutes les informations réunies, c’est assez intéressant de constater à quel point le cours d’une vie peut se jouer à un renseignement prêt. J’ai été vraiment surprise du dénouement final : je ne m’attendais absolument pas à cette éventualité !
L’écriture de monsieur Laborie est très jolie, très agréable à lire. Il nous transporte au cœur des Cévennes, une région qu’il semble aimer profondément : les descriptions des paysages et des villages sont de véritables invitations au voyage. Le roman est une jolie brique de cinq-cents pages, l’histoire s’étale sur plusieurs décennies, mais je ne me suis pas ennuyée une seule seconde. Le récit est très fluide : les descriptions succèdent aux actions, les introspections côtoient les conversations. Le seul bémol que j’ai à apporter concernent les ellipses temporelles : elles sont très nombreuses et j’avais parfois un peu de mal à me situer dans le temps, je ne savais plus quel âge était censé avoir Raphaël, ni à me situer par rapport aux événements historiques.
Car l’histoire a une importance capitale ici : nous suivons tout d’abord la naissance du syndicalisme, puis la première guerre mondiale et enfin les retombées de la crise économique de 1929. Les personnages évoluent au milieu de ses événements, qui conditionnent leur situation et leurs choix. J’ai d’ailleurs beaucoup apprécié ce côté « roman historique » qui n’était absolument pas annoncé dans le résumé : je suis passionnée d’histoire, pas pour apprendre des dates mais pour en savoir plus sur les conditions de vie au cours des époques. Et ici, nous avons un aperçu de cela : nous en apprenons plus sur l’éducation des enfants dans les familles paysannes du début du dix-neuvième siècle, nous suivons les soldats au cœur des tranchées et des combats, puis nous assistons aux prises de décisions des patrons industriels face à la crise.
L’enfant rebelle a donc été une très bonne lecture et une très bonne découverte. Il s’agit d’un roman porté par des personnages marquants, d’une intrigue au dénouement inattendu et d’un cadre joliment décrit par un auteur talentueux. Je compte d’ailleurs chercher ses autres romans lors des prochaines bourses aux livres que je visiterai. Je suis vraiment heureuse d’avoir dépassé mes préjugés sur la littérature « pour adulte » et je pense que je réitérerai l’expérience assez rapidement car c’est parfois positif de sortir de sa zone de confort ! La preuve en est cette très belle surprise littéraire.
En 1897, la jeune Adèle Vigan, 17 ans, orpheline, travaille comme fileuse dans une usine de Saint Jean du Gard pendant la semaine et à la ferme de ses parents adoptifs le dimanche. Leur fils aîné, Martin Bonnal, abuse d'elle. Elle se retrouve enceinte de ses œuvres. Saisie par la honte, elle s'enfuit de chez elle et gagne Alès puis Nîmes. En janvier 1898, elle accouche d'un enfant qu'elle abandonne quelques jours plus tard à Arles, au couvent des Soeurs de la Charité. Elle le prénomme Raphaël en souvenir du jeune pasteur dont elle est toujours amoureuse. Très vite, Raphaël est adopté par un couple d'âpres paysans cévenols...
« L'enfant rebelle » est un roman à la limite du terroir (les Cévennes, le protestantisme, les magnaneries), de l'historique (l'auteur nous promène de 1897 à 1934 avec une séquence se déroulant pendant la Première Guerre Mondiale au Chemin des Dames), du sentimental (le fond est assez mélodramatique, on suit deux personnages au destin triste à pleurer) et de la saga familiale (sans être une suite du précédent roman de Laborie « Les Rochefort », celui-ci reprend certains personnages et renvoie à des évènements racontés précédemment). Bien écrit, ce long ouvrage de plus de 500 pages assez agréable à lire pose le problème de l'adoption, de l'exploitation des enfants à la campagne et de l'usurpation d'identité (surtout sur la fin). Ce dernier rebondissement donne d'ailleurs une fin un peu « fabriquée ». Quant à l'échange d'identité qui est le nœud central de l'intrigue, il laisse le lecteur sur sa faim vu que l'auteur ayant traité le destin de Vincent dans le précédent livre, s'attache surtout à celui de Raphaël. Un ensemble en demi-teinte qui peut plaire aux amateurs du genre et laissera de marbre les autres.
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