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Entre 1887 et 1895 paraît une série d'oeuvres romanesques qui relèvent de l'esthétique symboliste. Or, depuis son apparition, la notion de «roman symboliste» a été critiquée, voire rejetée. Roman, celui-ci demeure en effet tributaire du modèle réaliste, alors que, symboliste, il repousse le récit au nom de l'immédiateté et de la pureté du langage sollicité. Le genre apparaît ainsi comme ambigu dans la mesure où il vit d'une tension entre une prose ouverte sur le monde et l'autoréférentialité proclamée du verbe poétique. Pour en rétablir tout l'intérêt, Valérie Michelet Jacquod propose de reconnaître au roman symboliste son statut paradoxal et de l'aborder dans ses contradictions.
Si quelques artistes ont cherché à résoudre cette tension en élaborant une synthèse entre le roman et la poésie (Rodenbach, Poictevin ou Retté), d'autres comme Dujardin, Gide, Gourmont et Schwob choisissent de faire oeuvre des contradictions exposées en les transformant en sujet littéraire. Ce faisant, ils illustrent l'une des attitudes les plus représentatives du symbolisme, celle de l'«extrême conscience». De Dujardin à Gide, ce sont donc les fondements de l'esthétique attribuée à la poésie symboliste, et plus particulièrement l'idéalisme, l'autonomie du langage, sa capacité à exprimer la pensée immédiate et l'élection d'une morale esthétique, qui se trouvent discutés au coeur de ces romans autocritiques. Enfin, paradoxe ultime pour une oeuvre qui n'a cessé de penser ses limites, le roman de l'«extrême conscience» se révèle un maillon capital au renouvellement du genre.
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