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Au cours du mois de mars 1517, les ambassadeurs de Moctezuma, seigneur de Mexico-Tenochtitlan, accueillent le navire de Hernan Cortès et cette rencontre initie une des plus terribles aventures du monde, qui s'achève par l'abolition de la civilisation indienne du Mexique, de sa pensée, de sa foi, de son art, de son savoir, de ses lois. De ce choc des mondes vont naître des siècles de colonisation, c'est-à-dire, grâce à la force de travail des esclaves et à l'exploitaion des métaux précieux, cette hégémonie de l'Occident sur le reste du monde, qui dure encore aujourd'hui. Alors commence le rêve, comme un doute, comme un regret, qui unit les vainqueurs et les vaincus à la beauté et aux forces secrètes du Mexique. Rêve du soldat Bernal Diaz del Castillo, témoin des derniers instants du règne orgueilleux des Aztèques, rêve de Bernardino de Sahagun devant les ruines de la civilisation et la splendeur des rites et des mythes qui s'effacent. Rêve qui s'achève dans la mort des dernières nations nomades du nord et du nord-ouest, rêve que poursuit Antonin Artaud, jusque dans la Montagne des Signes, au pays des Indiens Tarahumaras. Le rêve mexicain, c'est cette question aussi que notre civilisation actuelle rend plus urgente : qu'aurait été notre monde, s'il n'y avait eu cette destruction, ce silence des peuples indiens ? Si la violence du monde moderne n'avait pas aboli cette magie, cette lumière ?
J.M.G. Le Clézio, Prix Nobel de littérature en 2008, nous fait comprendre ici tout le drame de cette confrontation entre deux rêves : le rêve d’or des Espagnols et le rêve des Mexicains basé sur des croyances anciennes. La magie et les dieux ne résisteront pas longtemps au désir de puissance et d’or.
L’auteur s’appuie sur le récit de Bernal Diaz del Castillo, soldat-témoin qui se mit à écrire ses souvenirs à la fin de sa vie. Bernal Diaz accompagna Hernán Cortés, terrible conquistador assoiffé d’or. Ainsi, au fil des pages, nous comprenons mieux ce qui s’est passé grâce à l’analyse que fait l’auteur du témoignage direct de ce qui fut le début de l’anéantissement d’une civilisation prestigieuse dont nous ne savons pas tout encore aujourd’hui. Alors les questions se posent. Que serait devenue la civilisation européenne sans cette destruction accompagnée d’une exploitation vertigineuse ?
Les rivalités, la guerre, la maladie et la famine ont tout anéanti. C’est une civilisation entière qui s’écroule. J.M.G. Le Clézio écrit : « Au lendemain de la catastrophe qui anéantit Mexico-Tenochtiltlan, le silence recouvre la dernière civilisation magique, ses chants, ses rites, ses paroles. Ce silence, c’est celui de la mort ou de la barbarie, comparable au sort de Rome au IVème siècle, mais plus étonnant encore, puisque cette civilisation est détruite en plein essor, au terme d’une conquête qui ne dure que quelques mois. »
S’appuyant sur le témoignage de Bernardino de Sahagun, l’auteur détaille les rites magiques des Indiens : le soleil, le feu, l’eau, le sang, la mort, les dieux, les rois et le peuple. Il reprend ensuite les mythes qui sont la base de la pensée indienne : les quatre directions du monde, la création-destruction, les mythes de la catabase (descente aux enfers), les métamorphoses et les contes populaires. Le livre se termine par un hommage à Antonin Artaud qui, en 1936, délivra un message révolutionnaire au Mexique puis l’auteur revient sur la pensée interrompue de l’Amérique indienne.
Le rêve mexicain est passionnant jusqu’au bout et riche en informations, allant bien au-delà des idées reçues.
Chronique illustrée à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
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