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Barry Boone, 12 ans, est le pitre de sa classe. Malheureusement, ses jeux de mots ne font rire que lui et son amie la jeune surdouée Angeline Persopolis. Celle-ci lui manque beaucoup depuis qu'elle est scolarisée dans une prestigieuse et lointaine école. Barry décide de s'inscrire au concours de talents qu'organise son école, afin de voir son humour enfin reconnu. Angeline le soutient dans la préparation de cet événement. Mais, décrié par ses camarades et même par ses propres parents, lassés de ses plaisanteries, Barry envisage sérieusement de renoncer. Le jour du concours, il trouve le courage de monter sur scène et, après avoir reçu quelques tartes à la crème, il réussit à conquérir son public. Il a gagné l'estime sincère de ses camarades, mais surtout son pari de rester lui-même, quoi qu'il arrive.
C’est par un heureux hasard que je suis tombée sur ce roman : c’est en cherchant d’occasion Des poissons dans la tête, livre que j’avais emprunté des dizaines et dizaines de fois en bibliothèque et que je souhaitais acheter, que j’ai remarqué la couverture de celui-ci, étrangement similaire à celle de l’autre roman … J’ai donc lu le résumé, intriguée, et mon petit cœur a explosé de joie : un roman centré sur Barry, personnage secondaire mais capital des aventures d’Angeline, mais quelle merveilleuse nouvelle ! Ni une ni deux, ce titre a sauté dans mon panier, et quelques jours plus tard, il atterrissait dans ma boite aux lettres, avant de patienter bien gentiment plusieurs années sur les étagères (enfin, sur les piles de « livres sans étagère fixe » pour être exacte) … Car le problème est toujours le même : j’achète et reçois bien plus de livres que je ne peux en lire, et rares sont ceux qui sont lus rapidement après leur arrivée ! Il aura fallu un coup de blues, l’envie de relire Des poissons dans la tête et le besoin de découvrir cette « suite » pour sortir enfin ce petit roman de son antre !
Depuis qu’il est tout petit, Barry Bonne, dit Baboon, a une passion : raconter des blagues. Etre sérieux, très peu pour lui : à chaque minute de chaque journée, Barry ne pense qu’à sortir des vannes plus grosses que lui. Mais il doit bien se rendre à l’évidence : personne ne rit jamais à ses histoires drôles – sauf sa meilleure amie Angeline, avec qui il joue au croquet tous les week-ends, quand elle revient de son école pour petits génies. Pire encore, ses camarades de classe et ses professeurs le prennent pour un idiot fini : les premiers le raillent et le rejettent, les seconds l’exhortent à cesser ses bêtises et à se concentrer sur ses études. Comme s’il avait besoin d’étudier pour devenir comique professionnel ! Non, ce qu’il a vraiment besoin, c’est de participer et gagner au concours de jeunes talents organisé par le collège : après cela, ils seront tous obligés de reconnaitre qu’il a du talent ! Pour être certain de ne pas dévoiler son numéro avant le grand soir, Barry cesse de raconter des blagues à tout bout de champs … et jour après jour, le miracle survient : il se fait progressivement des amis. Et cela vient tout remettre en question.
Le petit garçon blagueur et joyeux que nous avons rencontré dans Des poissons dans la tête est entré au collège … mais grandir est une chose bien compliqué, et Barry peine à s’adapter à ce nouvel environnement. Et cela d’autant plus qu’il n’a pas d’amis pour l’aider et le soutenir : sa seule et unique amie, Angeline, a reçu une bourse pour entrer dans un prestigieux institut pour enfants surdoués, et même s’il est très fier d’elle, il se sent bien seul. Chaque jour, il doit faire face aux moqueries et autres injures de ses camarades, ainsi qu’aux réprimandes de ses professeurs et de ses parents. Mais Barry ne pleure jamais. Plus il souffre, plus il rit. Plus il a mal, plus il raconte de blagues. Et c’est un terrible cercle vicieux qui se met en place, car plus il raconte de blagues, plus les autres élèves le traitent de bouffon, de babouin … Autant vous dire que mon cœur s’est brisé en mille morceaux à chaque brimade que subissait ce pauvre Barry, ce si gentil petit Barry qui ne comprend pas pourquoi personne ne rit jamais à ses blagues. Alors il faut être honnête, elles ne sont pas réellement drôles … mais c’est effrayant de constater à quel point les enfants peuvent être cruels entre eux, de se rendre compte qu’ils cherchent le moindre prétexte pour humilier ceux qui ont le malheur d’être un peu différent.
C’est d’autant plus déchirant que Barry ne peut même pas compter sur le soutien de ses parents : non seulement ces derniers ne l’encouragent pas lorsqu’il leur annonce qu’il s’est inscrit au concours, mais en plus ils ne cessent de lui dire de ne pas y croire, de ne pas prendre ça au sérieux. Alors certes, on pourrait considérer qu’ils veulent le protéger en lui évitant une désillusion, mais briser systématiquement tous les rêves d’un enfant, je trouve tout de même ça un peu cruel aussi. Ne devraient-ils pas plutôt à chercher à comprendre pourquoi leur petit garçon se réfugie sans cesse dans ses livres de blagues, au lieu de le rabrouer sans cesse à chaque fois qu’il souhaite leur raconter une histoire drôle ? Ne voient-ils pas les larmes qui se cachent derrière les sourires, les doutes qui se cachent derrière ce masque d’assurance et d’insouciance ? On a parfois l’impression, et ce livre ne fait que le mettre en lumière, que les humains deviennent soudainement sourds et aveugles en devenant adultes : c’est tellement plus simple de crier aux caprices et à l’insolence face à un enfant blagueur et dissipé que de chercher à voir la souffrance soigneusement cachée … C’est tellement plus simple de lui dire que c’est de sa faute s’il n’a pas d’amis, que de combattre le harcèlement – que bien des adultes « approuvent » presque en utilisant ce genre d’arguments, faisant ainsi passer la victime pour le responsable de sa propre douleur ! Oui, c’est un récit bien plus sérieux et bouleversant qu’il n’en a l’air au premier abord, tout comme Barry est bien moins insouciant et joyeux qu’on ne le croit au premier regard.
Mais rassurez-vous, ce livre est loin d’être déprimant, bien au contraire ! C’est un livre qui, étonnamment, rayonne d’espérance et de joie. On le sent, malgré toutes les embûches, malgré toutes les épreuves, malgré les moments de doute et de découragement, notre adorable petit Barry va s’en sortir. Il va juste grandir un peu au passage. Au fil des chapitres, on le voit qui prend conscience de son isolement, des regards railleurs et hautains que les autres enfants portent sur lui, on le voit qui prend également conscience que ses blagues perpétuelles sont loin d’être aussi drôles qu’il ne le croyait, et que ce n’est pas en cherchant à tout prix à faire rire les autres qu’il sera apprécié d’eux. Il y a ce douloureux dilemme entre l’envie d’être accepté et le refus de rentrer dans le moule, de devenir quelqu’un qu’on n’est pas, uniquement pour être « comme les autres ». Il y a les maladresses de celui qui n’a pas encore compris les codes sociaux du collège, si différents de ceux de l’école primaire, les codes sociaux de l’adolescence, si différents de ceux de l’enfance. Oui, Barry grandit, murit, et cela passe par des moments difficiles. Mais c’est avec un grand sourire que nous tournons la dernière page, que nous disons au revoir à Barry qui se remet de toutes ses émotions, que nous l’applaudissons pour être allé au bout de ses rêves. C’est un livre rempli d’espoir.
En bref, vous l’aurez bien compris, c’est encore une très belle histoire que nous offre l’auteur. Bien que je l’ai légèrement moins apprécié que Des poissons dans la tête, surement parce qu’il aborde une question plus difficile, avec finesse mais sans détour, surement aussi parce qu’on perd ici la magie de l’enfance pour entrer dans les déconvenues de l’adolescence, j’ai tout de même pris un énorme plaisir à suivre Barry dans cette année scolaire riche en émotions. C’est un petit héros incroyablement attachant, on ne peut pas s’empêcher d’avoir de la peine pour lui, de vouloir le serrer dans nos bras pour le réconforter, de vouloir aussi le défendre contre ses camarades, de vouloir lui apporter notre soutien … C’est un livre au message éminemment positif malgré tout, un livre qui donne la banane, un livre dont on ressort un peu plus léger. Tout comme son prédécesseur, c’est un livre qui conviendra autant aux petits lecteurs et petites lectrices en herbe qu’aux grandes lectrices et grands lecteurs chevronnés : il se lit vite et bien, sans pour autant être simpliste. Il aborde avec brio des thématiques délicates, mais toujours avec délicatesse et poésie. Oui, vraiment, c’est un très beau petit livre que je suis très heureuse d’avoir découvert par hasard !
https://lesmotsetaientlivres.blogspot.com/2020/02/le-pitre-de-la-classe-louis-sachar.html
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