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C’est par un heureux hasard que je suis tombée sur ce roman : c’est en cherchant d’occasion Des poissons dans la tête, livre que j’avais emprunté des dizaines et dizaines de fois en bibliothèque et que je souhaitais acheter, que j’ai remarqué la couverture de celui-ci, étrangement similaire à celle de l’autre roman … J’ai donc lu le résumé, intriguée, et mon petit cœur a explosé de joie : un roman centré sur Barry, personnage secondaire mais capital des aventures d’Angeline, mais quelle merveilleuse nouvelle ! Ni une ni deux, ce titre a sauté dans mon panier, et quelques jours plus tard, il atterrissait dans ma boite aux lettres, avant de patienter bien gentiment plusieurs années sur les étagères (enfin, sur les piles de « livres sans étagère fixe » pour être exacte) … Car le problème est toujours le même : j’achète et reçois bien plus de livres que je ne peux en lire, et rares sont ceux qui sont lus rapidement après leur arrivée ! Il aura fallu un coup de blues, l’envie de relire Des poissons dans la tête et le besoin de découvrir cette « suite » pour sortir enfin ce petit roman de son antre !
Depuis qu’il est tout petit, Barry Bonne, dit Baboon, a une passion : raconter des blagues. Etre sérieux, très peu pour lui : à chaque minute de chaque journée, Barry ne pense qu’à sortir des vannes plus grosses que lui. Mais il doit bien se rendre à l’évidence : personne ne rit jamais à ses histoires drôles – sauf sa meilleure amie Angeline, avec qui il joue au croquet tous les week-ends, quand elle revient de son école pour petits génies. Pire encore, ses camarades de classe et ses professeurs le prennent pour un idiot fini : les premiers le raillent et le rejettent, les seconds l’exhortent à cesser ses bêtises et à se concentrer sur ses études. Comme s’il avait besoin d’étudier pour devenir comique professionnel ! Non, ce qu’il a vraiment besoin, c’est de participer et gagner au concours de jeunes talents organisé par le collège : après cela, ils seront tous obligés de reconnaitre qu’il a du talent ! Pour être certain de ne pas dévoiler son numéro avant le grand soir, Barry cesse de raconter des blagues à tout bout de champs … et jour après jour, le miracle survient : il se fait progressivement des amis. Et cela vient tout remettre en question.
Le petit garçon blagueur et joyeux que nous avons rencontré dans Des poissons dans la tête est entré au collège … mais grandir est une chose bien compliqué, et Barry peine à s’adapter à ce nouvel environnement. Et cela d’autant plus qu’il n’a pas d’amis pour l’aider et le soutenir : sa seule et unique amie, Angeline, a reçu une bourse pour entrer dans un prestigieux institut pour enfants surdoués, et même s’il est très fier d’elle, il se sent bien seul. Chaque jour, il doit faire face aux moqueries et autres injures de ses camarades, ainsi qu’aux réprimandes de ses professeurs et de ses parents. Mais Barry ne pleure jamais. Plus il souffre, plus il rit. Plus il a mal, plus il raconte de blagues. Et c’est un terrible cercle vicieux qui se met en place, car plus il raconte de blagues, plus les autres élèves le traitent de bouffon, de babouin … Autant vous dire que mon cœur s’est brisé en mille morceaux à chaque brimade que subissait ce pauvre Barry, ce si gentil petit Barry qui ne comprend pas pourquoi personne ne rit jamais à ses blagues. Alors il faut être honnête, elles ne sont pas réellement drôles … mais c’est effrayant de constater à quel point les enfants peuvent être cruels entre eux, de se rendre compte qu’ils cherchent le moindre prétexte pour humilier ceux qui ont le malheur d’être un peu différent.
C’est d’autant plus déchirant que Barry ne peut même pas compter sur le soutien de ses parents : non seulement ces derniers ne l’encouragent pas lorsqu’il leur annonce qu’il s’est inscrit au concours, mais en plus ils ne cessent de lui dire de ne pas y croire, de ne pas prendre ça au sérieux. Alors certes, on pourrait considérer qu’ils veulent le protéger en lui évitant une désillusion, mais briser systématiquement tous les rêves d’un enfant, je trouve tout de même ça un peu cruel aussi. Ne devraient-ils pas plutôt à chercher à comprendre pourquoi leur petit garçon se réfugie sans cesse dans ses livres de blagues, au lieu de le rabrouer sans cesse à chaque fois qu’il souhaite leur raconter une histoire drôle ? Ne voient-ils pas les larmes qui se cachent derrière les sourires, les doutes qui se cachent derrière ce masque d’assurance et d’insouciance ? On a parfois l’impression, et ce livre ne fait que le mettre en lumière, que les humains deviennent soudainement sourds et aveugles en devenant adultes : c’est tellement plus simple de crier aux caprices et à l’insolence face à un enfant blagueur et dissipé que de chercher à voir la souffrance soigneusement cachée … C’est tellement plus simple de lui dire que c’est de sa faute s’il n’a pas d’amis, que de combattre le harcèlement – que bien des adultes « approuvent » presque en utilisant ce genre d’arguments, faisant ainsi passer la victime pour le responsable de sa propre douleur ! Oui, c’est un récit bien plus sérieux et bouleversant qu’il n’en a l’air au premier abord, tout comme Barry est bien moins insouciant et joyeux qu’on ne le croit au premier regard.
Mais rassurez-vous, ce livre est loin d’être déprimant, bien au contraire ! C’est un livre qui, étonnamment, rayonne d’espérance et de joie. On le sent, malgré toutes les embûches, malgré toutes les épreuves, malgré les moments de doute et de découragement, notre adorable petit Barry va s’en sortir. Il va juste grandir un peu au passage. Au fil des chapitres, on le voit qui prend conscience de son isolement, des regards railleurs et hautains que les autres enfants portent sur lui, on le voit qui prend également conscience que ses blagues perpétuelles sont loin d’être aussi drôles qu’il ne le croyait, et que ce n’est pas en cherchant à tout prix à faire rire les autres qu’il sera apprécié d’eux. Il y a ce douloureux dilemme entre l’envie d’être accepté et le refus de rentrer dans le moule, de devenir quelqu’un qu’on n’est pas, uniquement pour être « comme les autres ». Il y a les maladresses de celui qui n’a pas encore compris les codes sociaux du collège, si différents de ceux de l’école primaire, les codes sociaux de l’adolescence, si différents de ceux de l’enfance. Oui, Barry grandit, murit, et cela passe par des moments difficiles. Mais c’est avec un grand sourire que nous tournons la dernière page, que nous disons au revoir à Barry qui se remet de toutes ses émotions, que nous l’applaudissons pour être allé au bout de ses rêves. C’est un livre rempli d’espoir.
En bref, vous l’aurez bien compris, c’est encore une très belle histoire que nous offre l’auteur. Bien que je l’ai légèrement moins apprécié que Des poissons dans la tête, surement parce qu’il aborde une question plus difficile, avec finesse mais sans détour, surement aussi parce qu’on perd ici la magie de l’enfance pour entrer dans les déconvenues de l’adolescence, j’ai tout de même pris un énorme plaisir à suivre Barry dans cette année scolaire riche en émotions. C’est un petit héros incroyablement attachant, on ne peut pas s’empêcher d’avoir de la peine pour lui, de vouloir le serrer dans nos bras pour le réconforter, de vouloir aussi le défendre contre ses camarades, de vouloir lui apporter notre soutien … C’est un livre au message éminemment positif malgré tout, un livre qui donne la banane, un livre dont on ressort un peu plus léger. Tout comme son prédécesseur, c’est un livre qui conviendra autant aux petits lecteurs et petites lectrices en herbe qu’aux grandes lectrices et grands lecteurs chevronnés : il se lit vite et bien, sans pour autant être simpliste. Il aborde avec brio des thématiques délicates, mais toujours avec délicatesse et poésie. Oui, vraiment, c’est un très beau petit livre que je suis très heureuse d’avoir découvert par hasard !
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Déjà à l’école primaire, je passais mes récréations assise dans un coin, ou adossée contre un mur sous le préau, plongée dans un roman, tandis que mes camarades jouaient, couraient et hurlaient autour de moi. Certaines maitresses, plus perspicaces que d’autres, m’autorisaient même à rester dans la classe pour m’éviter les railleries et autres méchancetés enfantines, et je passais alors de merveilleux moments dans le coin lecture de la salle, à dévorer les uns après les autres tous les romans que contenaient la petite bibliothèque scolaire. Et cela a continué au collège, où j’hantais littéralement le CDI à chaque intercours et récréations. C’est là que j’ai croisé pour la toute première fois le chemin d’Angeline, la petite héroïne de ce roman au titre incroyablement poétique. Entre elle et moi, ça a été un coup de foudre amical immédiat : même si elle n’était que d’encre et de papier, et non de chair et d’os, j’ai eu le sentiment qu’Angeline était la seule personne au monde à pouvoir me comprendre. J’ai relu un nombre incalculable de fois ses aventures lorsque adolescente. Et aujourd’hui encore, j’aime la retrouver de temps en temps …
Angeline n’était encore qu’un bébé lorsqu’elle prononça son premier mot : octopode. A partir de ce moment-là, on décréta qu’Angeline était un génie : pour les adultes, cela explique tout. La vérité, c’est qu’il y a des choses que l’on sait avant de naitre : la plupart des enfants oublient tout à leur naissance, mais Angeline n’a rien oublié. Aujourd’hui, Angeline a huit ans, elle aime les poissons et l’eau salée, est en CM2 et suce encore son pouce, ce qui lui vaut d’être traité de monstre par ses camarades et de bébé par son horrible maitresse. Son plus grand rêve est de grimper dans le camion-poubelle que conduit son père, éboueur, qui ne sait pas comment communiquer avec son étrange et si intelligente petite fille. La vie d’Angeline est bien triste et monotone, jusqu’au jour où elle rencontre Barry, spécialiste des blagues, et son institutrice Miss Terbone – ou Mister Bone, au choix. Pour la toute première fois de sa vie, Angeline a le sentiment d’être acceptée comme elle est …
Rares sont les romans jeunesses à évoquer la question du haut potentiel intellectuel … et encore plus rares sont ceux qui parviennent à le faire avec autant de justesse et de tendresse. Comme beaucoup de « petits génies », Angeline est mal dans sa peau : elle a le sentiment de n’être nulle part à sa place. Si on la laisse avec son groupe d’âge, elle s’ennuie pendant les cours. Mais si on lui fait sauter des classes pour « exploiter son potentiel », elle souffre de la différence d’âge avec ses camarades. Car malgré ses connaissances « exceptionnelles », Angeline reste une petite fille de huit ans, solitaire et hypersensible, qui a besoin de sucer son pouce pour se rassurer et qui pleure sans pouvoir se contrôler à la moindre « contrariété ». Sa maitresse la déteste, ses camarades la rejettent : chaque journée d’école est une épreuve. J’ai toujours beaucoup de peine pour Angelina, d’autant plus que je comprends parfaitement son mal-être – bien que j’ai personnellement eu la « chance » de n’être diagnostiquée qu’à l’âge adulte, ce qui m’a évité la problématique du sautage de classes. Elle fait tout son possible pour être acceptée, pour se comporter « comme il faut », mais elle ne comprend pas les codes sociaux qui régissent la vie d’une classe de CM2, elle ne comprend pas cette haine à son égard, et se réfugie donc dans l’imaginaire et dans sa passion pour les poissons.
Mais ce roman n’est pas un roman sur le haut potentiel. Non. Ce roman, c’est avant tout autre chose une magnifique histoire d’amitié entre Angeline, cette petite fille rejetée à cause de son intelligence hors norme et de sa sensibilité extrême, et Barry, ce petit garçon rejeté à cause de ses blagues et autres jeux de mots, à cause de son extravagance. Entre eux deux, l’alchimie est immédiate : ils sont fait pour s’entendre. Ils se comprennent sans avoir besoin de parler, telles deux âmes sœurs en amitié. Barry rend les journées d’Angeline plus belles, et Angeline rend les journées de Barry plus jolies. C’est une belle histoire d’amitié comme on n’en trouve que dans les livres, une amitié pure et sincère placée sous le signe de l’évidence. Ils sont tellement adorables ces deux-là ! Ce roman, c’est aussi une magnifique histoire d’amour entre un père et sa fille. Abel ne sait pas comment agir avec Angeline : lui, simple éboueur, se sent bien trop bête pour être le père d’une fille si intelligente. Il l’aime, il l’aime plus que tout, mais ne sait pas comment lui montrer, ne sait pas comment lui parler. Son ami Gus essaye de lui expliquer qu’Angeline est une petite fille comme les autres, qu’elle aime qu’on lui raconte des histoires drôles et qu’on s’intéresse à sa vie, mais il faudra un effrayant événement pour que se brise enfin la glace. Je verse toujours toutes les larmes de mon corps à ce moment-là, et la scène finale est tout simplement merveilleuse !
En bref, vous l’aurez bien compris, je suis encore et toujours sous le charme de ce petit récit, et c’est toujours un régal que de me replonger dans ce petit roman ! C’est une histoire pleine de tendresse et de poésie, une histoire qui fait rire et pleurer. L’auteur nous invite à faire la connaissance d’une petite fille atypique et attachante, une petite fille qui a « des poissons dans la tête », symbole de ses rêves et de ses espoirs. Angeline est comme un poisson enfermé dans un bocal : elle tourne en rond dans un monde qui n’est pas le sien, elle est montrée du doigt comme une bête de foire, alors qu’elle aimerait n’être qu’une petite fille comme les autres. Avec beaucoup de douceur et d’humour, l’auteur nous raconte une histoire qui met du baume du cœur, une histoire qui redonne le sourire même quand tout nous semble si sombre, une histoire qui redonne de l’espoir et ravive nos rêveries. C’est un petit roman que je conseille sans restriction : aux petits lecteurs et petites lectrices en herbe, aux grands lecteurs et grandes lectrices qui veulent renouer avec leur âme d’enfants … et même à ceux qui n’aiment pas spécialement lire, car c’est vraiment une belle histoire qui ravira tous les cœurs et toutes les âmes !
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facile a lire
livre plutot a destination des adolescents
evoque un probleme de pollution environnementale
Le Passage est une petite merveille sur laquelle j'étais tombée plus jeune, à la bibliothèque municipale. Je devais avoir une dizaine d'années alors, et depuis je le relis régulièrement ! J'ai acheté ma propre version en anglais ("Holes"), toute aussi facile à lire.
Bien que ce soit un livre Jeunesse, il y a une forme de magie dans l'écriture qui me transporte dans l'univers de l'auteur et celui de Stanley Yelnats. De fait, l'écriture me fait un peu penser à celle de Roald Dahl !
Stanley n'a jamais vraiment eu de bol dans la vie, et tout ça à cause de son satané arrière-arrière-grand-père voleur de cochon. Une malédiction poursuit la famille Yelnats, si bien que Stanley finit au Camp du Lac Vert, un camp de redressement pour mineurs. Sa sentence : creuser, chaque jour, des trous dans le désert. Pour une étrange raison, les trous doivent faire exactement cinq pieds de large et cinq pieds de profondeur. Toute trouvaille doit être notifiée aux surveillants ! Dans ce monde étrange, loin du cocon familial, au milieu des scorpions et autres lézards hostiles, Stanley va peu à peu découvrir la vérité.
Plusieurs histoires et époques s'entrecroisent, avec ce petit goût d'absurde qui accompagne les histoires pour la jeunesse (et qui font leur magie !).
On s'attache à ce garçon rêveur, à ses compagnons d'infortunes et à ceux des autres siècles. Cette histoire m'a transportée : il est facile de se fondre dans le livre et de ne pas vouloir le quitter.
Pour la petite anecdote, il s'agissait d'un des livres préférés de Daniel Radcliff lorsqu'il était plus jeune.
Le livre a été adapté au cinéma en 2003, sous le titre "La Morsure du Lézard". J'ai commencé à le regarder par curiosité, mais je vous avoue que celle-ci s'est évaporée très vite dès les premiers instants. Stanley est joué par Shia Labeouf, qui devait avoir alors 17 ans environ, or le Stanley du livre est un pré-adolescent. C'est en grande partie cette candeur de jeune garçon qui fait que l'histoire fonctionne telle qu'elle est narrée. J'ai donc abandonné platement le film pour conserver à l'esprit la version originale.
C'est un livre d'environ 230 pages à offrir sans hésiter aux enfants un peu rêveurs ! Et il est suffisamment bien écrit pour être lu par des yeux d'adultes tout aussi rêveurs.
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