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Angeline a huit ans, trois ans d'avance à l'école et des poissons plein la tête.
Quand ses camarades la traitent de monstre ou de bébé, elle trouve refuge au milieu des immenses aquariums du musée océanographique. à moins qu'elle ne se console avec un bon livre d'aventures et un grand verre d'eau salée. angeline aimerait être une petite fille comme les autres. or elle vit dans un monde à elle, extravagant et fabuleux. jusqu'au jour oú elle sympathise avec barry, le garçon le plus drôle qu'elle ait jamais rencontré.
Ii lui présente la merveilleuse miss terbone. deux amis d'un coup. angeline n'aurait même pas osé en rêver !.
Déjà à l’école primaire, je passais mes récréations assise dans un coin, ou adossée contre un mur sous le préau, plongée dans un roman, tandis que mes camarades jouaient, couraient et hurlaient autour de moi. Certaines maitresses, plus perspicaces que d’autres, m’autorisaient même à rester dans la classe pour m’éviter les railleries et autres méchancetés enfantines, et je passais alors de merveilleux moments dans le coin lecture de la salle, à dévorer les uns après les autres tous les romans que contenaient la petite bibliothèque scolaire. Et cela a continué au collège, où j’hantais littéralement le CDI à chaque intercours et récréations. C’est là que j’ai croisé pour la toute première fois le chemin d’Angeline, la petite héroïne de ce roman au titre incroyablement poétique. Entre elle et moi, ça a été un coup de foudre amical immédiat : même si elle n’était que d’encre et de papier, et non de chair et d’os, j’ai eu le sentiment qu’Angeline était la seule personne au monde à pouvoir me comprendre. J’ai relu un nombre incalculable de fois ses aventures lorsque adolescente. Et aujourd’hui encore, j’aime la retrouver de temps en temps …
Angeline n’était encore qu’un bébé lorsqu’elle prononça son premier mot : octopode. A partir de ce moment-là, on décréta qu’Angeline était un génie : pour les adultes, cela explique tout. La vérité, c’est qu’il y a des choses que l’on sait avant de naitre : la plupart des enfants oublient tout à leur naissance, mais Angeline n’a rien oublié. Aujourd’hui, Angeline a huit ans, elle aime les poissons et l’eau salée, est en CM2 et suce encore son pouce, ce qui lui vaut d’être traité de monstre par ses camarades et de bébé par son horrible maitresse. Son plus grand rêve est de grimper dans le camion-poubelle que conduit son père, éboueur, qui ne sait pas comment communiquer avec son étrange et si intelligente petite fille. La vie d’Angeline est bien triste et monotone, jusqu’au jour où elle rencontre Barry, spécialiste des blagues, et son institutrice Miss Terbone – ou Mister Bone, au choix. Pour la toute première fois de sa vie, Angeline a le sentiment d’être acceptée comme elle est …
Rares sont les romans jeunesses à évoquer la question du haut potentiel intellectuel … et encore plus rares sont ceux qui parviennent à le faire avec autant de justesse et de tendresse. Comme beaucoup de « petits génies », Angeline est mal dans sa peau : elle a le sentiment de n’être nulle part à sa place. Si on la laisse avec son groupe d’âge, elle s’ennuie pendant les cours. Mais si on lui fait sauter des classes pour « exploiter son potentiel », elle souffre de la différence d’âge avec ses camarades. Car malgré ses connaissances « exceptionnelles », Angeline reste une petite fille de huit ans, solitaire et hypersensible, qui a besoin de sucer son pouce pour se rassurer et qui pleure sans pouvoir se contrôler à la moindre « contrariété ». Sa maitresse la déteste, ses camarades la rejettent : chaque journée d’école est une épreuve. J’ai toujours beaucoup de peine pour Angelina, d’autant plus que je comprends parfaitement son mal-être – bien que j’ai personnellement eu la « chance » de n’être diagnostiquée qu’à l’âge adulte, ce qui m’a évité la problématique du sautage de classes. Elle fait tout son possible pour être acceptée, pour se comporter « comme il faut », mais elle ne comprend pas les codes sociaux qui régissent la vie d’une classe de CM2, elle ne comprend pas cette haine à son égard, et se réfugie donc dans l’imaginaire et dans sa passion pour les poissons.
Mais ce roman n’est pas un roman sur le haut potentiel. Non. Ce roman, c’est avant tout autre chose une magnifique histoire d’amitié entre Angeline, cette petite fille rejetée à cause de son intelligence hors norme et de sa sensibilité extrême, et Barry, ce petit garçon rejeté à cause de ses blagues et autres jeux de mots, à cause de son extravagance. Entre eux deux, l’alchimie est immédiate : ils sont fait pour s’entendre. Ils se comprennent sans avoir besoin de parler, telles deux âmes sœurs en amitié. Barry rend les journées d’Angeline plus belles, et Angeline rend les journées de Barry plus jolies. C’est une belle histoire d’amitié comme on n’en trouve que dans les livres, une amitié pure et sincère placée sous le signe de l’évidence. Ils sont tellement adorables ces deux-là ! Ce roman, c’est aussi une magnifique histoire d’amour entre un père et sa fille. Abel ne sait pas comment agir avec Angeline : lui, simple éboueur, se sent bien trop bête pour être le père d’une fille si intelligente. Il l’aime, il l’aime plus que tout, mais ne sait pas comment lui montrer, ne sait pas comment lui parler. Son ami Gus essaye de lui expliquer qu’Angeline est une petite fille comme les autres, qu’elle aime qu’on lui raconte des histoires drôles et qu’on s’intéresse à sa vie, mais il faudra un effrayant événement pour que se brise enfin la glace. Je verse toujours toutes les larmes de mon corps à ce moment-là, et la scène finale est tout simplement merveilleuse !
En bref, vous l’aurez bien compris, je suis encore et toujours sous le charme de ce petit récit, et c’est toujours un régal que de me replonger dans ce petit roman ! C’est une histoire pleine de tendresse et de poésie, une histoire qui fait rire et pleurer. L’auteur nous invite à faire la connaissance d’une petite fille atypique et attachante, une petite fille qui a « des poissons dans la tête », symbole de ses rêves et de ses espoirs. Angeline est comme un poisson enfermé dans un bocal : elle tourne en rond dans un monde qui n’est pas le sien, elle est montrée du doigt comme une bête de foire, alors qu’elle aimerait n’être qu’une petite fille comme les autres. Avec beaucoup de douceur et d’humour, l’auteur nous raconte une histoire qui met du baume du cœur, une histoire qui redonne le sourire même quand tout nous semble si sombre, une histoire qui redonne de l’espoir et ravive nos rêveries. C’est un petit roman que je conseille sans restriction : aux petits lecteurs et petites lectrices en herbe, aux grands lecteurs et grandes lectrices qui veulent renouer avec leur âme d’enfants … et même à ceux qui n’aiment pas spécialement lire, car c’est vraiment une belle histoire qui ravira tous les cœurs et toutes les âmes !
https://lesmotsetaientlivres.blogspot.com/2020/02/des-poissons-dans-la-tete-louis-sachar.html
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