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" je vous laisse ce petit livre pour qu'il soit un miroir plutôt qu'une lorgnette ; pour que vous vous y regardiez, et non pour que vous observiez autrui ".
Né en 1742, georg christoph lichtenberg passa, depuis l'âge de 21 ans, toute sa vie à l'université de göttingen, d'abord comme étudiant, puis comme professeur de sciences mathématiques et physiques, chargé plus spécialement de la physique expérimentale. il fit deux voyages en angleterre qui l'influencèrent durablement. il mourut en 1799.
Esprit éclairé, novateur dans le domaine de l'électricité, la renommée posthume de lichtenberg ne lui vint pas des " figures " qui, en physique, portent son nom, mais est due à ses carnets intimes, dans lesquels il jetait, pêle-mêle, ses idées et ses observations sans intention de les publier jamais : " éveiller la méfiance envers les oracles : tel est mon but ".
Ce bossu magnifique, dont le corps était ainsi conformé que même un piètre artiste, dans la noirceur, l'aurait mieux dessiné, vit si clairement dans son âme que l'on peut se servir de ses maximes comme autant de lanternes magiques pour mieux lire en nous-mêmes.
Esprit anticlérical, il croyait que l'homme recherche la liberté là oú elle le rendrait malheureux et qu'il la répudie là oú elle ferait sa félicité, en adhérant aveuglément aux opinions d'autrui.
Pour lui, le despotisme religieux et de système et de système était le plus effroyable de tous.
Universitaire ironisant contre l'université (aujourd'hui, disait-il, on cherche partout à répandre le savoir, qui sait si dans quelques siècles, il n'y aura pas des universités pour établir l'ancienne ignorance ?) il savait que l'académie réduit l'intellect à écrire des livres sur d'autres livres. d'un collègue il nota : " il était encore pendu à l'université du lieu comme un lustre magnifique qui, cependant, n'aurait plus donné de lumière depuis vingt ans ".
Mais avant tout, lichtenberg, admiré de goethe, de kant, de kierkegaard, de nietzsche, de tolstoï, fut un humaniste, l'un de ces hommes qui sait qu'une pièce de trois sous vaut et vaudra toujours mieux qu'une larme.
Le miroir de l'âme est un florilège réunissant près de 2 100 pensées extraites de ses cahiers d'aphorismes et forme ainsi l'anthologie critique la plus importante jamais réalisée sur lichtenberg en langue française.
Une vaste introduction met en perspective la pensée de l'auteur et un important apparat critique éclaire le texte. ce florilège est commodément utilisable grâce à son index thématique et à sa chronologie.
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