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En cette fin d'année 1940, Jeannette, fille adoptive d'un notable de Nancy, est gérante de la brasserie Lorraine sur la plus grande artère commerçante de la ville. Ses affaires sont prospères au point qu'elle a ouvert un second établissement, un salon de thé, Le jardin de Pétronille.
La soldatesque allemande est omniprésente. C'est une manne pour les restaurateurs qui s'adaptent aux goûts de cette clientèle nouvelle. Comme les Allemands sont friands de musique, les brasseries font appel à des orchestres pour mettre de l'ambiance pendant que l'on boit ou dîne.
Mais comment s'approvisionner quand tout est rationné ? Jeannette parcourt la campagne à vélo en quête de ravitaillement tout en oeuvrant pour la Résistance. Par l'intermédiaire d'une Française qui travaille à la base d'aviation d'Essey-lès-Nancy, elle fait la connaissance d'un officier de la Luftwaffe. Leur relation devient de plus en plus intime, au point que Jeannette est bientôt confrontée à un dilemme terrible...
J’ai aimé ce roman, vraiment. Parce qu’il nous raconte la guerre 39-45 à travers l’histoire d’une famille, parce que l’on a l’impression d’y être, de voir l’horreur mais aussi de ressentir l’espoir puis la joie, le bonheur absolu de la Libération. Et au milieu de tous ces sentiments vient se greffer un amour interdit entre une française et un occupant allemand.
Je veux vraiment souligner la plume efficace d’Élise Fischer qui nous décrit ces années difficiles sans en faire trop, juste ce qu’il faut pour nous remémorer ces terribles années, nous plonger dans cette ambiance particulière. Mais tout n’est pas noir, loin de là. Ce roman nous bouleverse également d’amour et de compassion.
C’est à travers les mots et le regard de Jeannette, une commerçante de Nancy, que nous traversons les années 40 à 45. La France est sous occupation allemande. La terreur y règne peu à peu, mais dans ce dédale de tristesse et d’horreur se glisse l’humanité de quelques allemands qui réprouvent le régime nazi de Hitler. Parmi eux, Karl Von Haupstein qui occupe l’Hôtel de Ville et qui atténuera la violence du mieux qu’il peut le temps de sa présence à Nancy. Il fait partie de ces allemands qui n’ont pas choisi d’être ici et qui regrettent la guerre amèrement, tout comme la folie du führer.
Jeannette va peu à peu se prendre d’affection pour Karl. Un amour interdit – mais que tous deux ne peuvent réprimer – va naître, passionnément. Mais l’idylle est de courte durée, Karl doit rejoindre l’Allemagne. Malgré tout, cet amour bref et intense suffira à changer leur vie à jamais.
Le roman nous fait passer par plusieurs émotions et déroule les grandes étapes de la seconde guerre mondiale. Nous partageons la peur de l’occupant et de l’avenir, la résistance des uns face à l’ennemi, la trahison des autres, les soupçons exacerbés et le climat de méfiance face aux délateurs, aux collabos, mais aussi l’envie de (sur)vivre notamment à travers la musique et le chant qui sont très présents dans le roman, puis vient l’espoir et la joie immense. L’auteur mêle tout cela de main de maître. Il n’est pas uniquement question de Bien et de Mal, certains allemands étant mis à l’honneur pour leur humanisme et certains français pour leur traîtrise. Le roman pousse toutes les portes et décrit ces années de façon juste et sincère.
« Nous sommes d’accord. J’ai beaucoup changé, madame. Au début, nous suivions tous Adolf… Il était notre espoir, le grand chef qui redonnait grandeur et fierté à l’Allemagne. Et puis nous le découvrons autre… Et beaucoup d’entre nous sont consternés… Le mot est faible, horrifiés parfois. Il se lance dans des entreprises de mort et nous commençons à penser qu’il fera le malheur du Reich. Il ouvre une tombe gigantesque et il répand la haine. Et pour l’instant, nous ne pouvons qu’obéir. »
La lumière est également faite sur le dévouement et la non-renonciation du Général De Gaulle, à contrario du Maréchal Pétain qui fut à la botte des allemands. Les références sont nombreuses tout au long du roman, le sujet est maîtrisé.
De plus, je me suis attachée à cette famille, à ces personnages tolérants et forts. J’ai eu peur pour eux, j’ai été émue par la perte de leurs proches, j’ai subi leurs restrictions alimentaires et autres, j’ai été transportée pour sauver des personnes juives, j’ai souri quand l’humour osait poindre le nez dans leurs conversations, j’ai chanté les célèbres couplets de chansons populaires, j’ai espéré, j’ai aimé. J’ai vécu l’histoire, et pour cela je tire mon chapeau et je signe le V de la victoire.
« Les Alliés sont donc sur le sol français. Le général de Gaulle débarque en Normandie vers le 14 et, dans la cuisine de la Maison du rire des enfants, nous nous embrassons en pleurant. Nous sautons tels des enfants et faisons le V de la victoire. Nous la voyons enfin venir, cette paix… »
Je recommande vivement ce livre même à celles et ceux qui ne sont habituellement pas friands de romans historiques. Ici, il est question de l’histoire de femmes et d’hommes et pas uniquement d’une succession de faits historiques. Vous serez touchés, sans nul doute, et vous vous rappellerez qu’il ne faut pas oublier. Vous vous souviendrez qu’il est bon de vivre librement, en paix et égaux.
« Que ceux qui naîtront après la grande tragédie qui s’est abattue sur le monde se souviennent que jamais on ne doit classer les humains en race inférieure ou supérieure. Les êtres humains sont des êtres humains. POINT. »
Ma chronique sur mon blog : https://ducalmelucette.wordpress.com/2016/06/09/lecture-le-jardin-de-petronille-delise-fischer/
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