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Guernica, avril 1937. Tandis que la ville toute entière tremble dans la crainte de l'arrivée des nationalistes, le jeune Basilio peint. Il peint des hérons cendrés. Pourtant, le jeune peintre autodidacte ne se sent pas extérieur au conflit : il a même cherché en vain à s'enrôler dans l'armée républicaine. C'est tapi dans les marais, occupé à finir la toile qu'il a promis d'offrir à la belle Celestina, qu'il entend les premiers bombardiers allemands sillonner le ciel.
26 avril 1937. A Guernica, dans le Pays Basque espagnol, le front de la guerre civile se rapproche, mais les habitants de la ville sont loin d’imaginer que dans quelques heures le ciel va littéralement déverser sur leurs têtes un déluge de bombes.
Ce matin-là, Basilio, jeune artiste-peintre amateur, se rend comme souvent au bord de l’étang pour y observer les hérons, qu’il tente ensuite de reproduire sur la toile. Il rêve de terminer un de ses tableaux pour l’offrir à Celestina, la jeune fille dont il est amoureux.
La guerre en décidera autrement.
« Le héron de Guernica » est un court roman qui se veut poétique et contemplatif, et qui pose le thème de l’art face à la guerre (à travers l’épisode lié au Guernica de Picasso), de la beauté de la nature et de la pureté des sentiments face à la folie meurtrière des hommes, le tout vu à travers le regard d’un jeune homme naïf au cœur simple.
Il y a un curieux décalage dans ce texte entre, d’une part, le langage familier des personnages (entre autres Basilio) et d’autre part, le langage soutenu utilisé dans les descriptions et l’observation du héron et de la nature (une narration à la 3ème personne du singulier mais qui rend compte du point de vue du même Basilio). Je doute que ce personnage ait les capacités intellectuelles de formuler de telles réflexions. Curieux aussi qu’un être aussi sensible et placide apparaisse cependant déçu de ne pas avoir réussi à se faire enrôler dans les rangs républicains, alors qu’apparemment rien ne l’y obligeait.
En dehors de ce manque de cohérence, et malgré des descriptions presque millimétriques, je n’ai rien éprouvé de ce que l’auteur s’est efforcé de susciter : l’horreur du bombardement, la passion, la sensibilité ou la souffrance de Basilio.
Je n’arrive pas à expliquer ce qu’il y a en trop ou en trop peu dans l’écriture, mais je l’ai ressentie davantage comme un exercice un peu forcé et artificiel dans lequel la forme, peu convaincante, finit par l’emporter sur le fond. Décevant.
Le jeune Basilio, peintre en herbe, est envoyé par le père Eusebio à l’Exposition Universelle de Paris. Il a pour mission d’y rencontrer Picasso qui y expose pour la première fois sa toile Guernica.
Avril 1937. Le jeune Basilio vit à Guernica. il partage son temps entre les travaux de ferme et la peinture. Il peint des hérons. Très amoureux de Célestina qu’il retrouve parfois au bal, il lui promet un jour de lui offrir une de ses toiles. Pour lui c’est un cadeau modeste, mais c’est tout ce qu’il peut lui donner.
« Avant de lui poser dans les mains, il faudra lui répéter combien le héron peint est différent du héron que l’on voit et encore plus du héron tout court, tel qu’en lui-même.
Il lui dira aussi qu’il regrette un peu cette idée de lui donner une peinture de héron. Que bien sûr, il est heureux de pouvoir lui offrir quelque chose ; et en même temps, que le moindre caillou par terre aurait sûrement plus de valeur.
Bien entendu, elle protestera. Mais il voudra qu’elle comprenne. Lui offrir un caillou, ce serait l’inviter à porter un regard sur un objet véritable. Sur une chose d’origine, et non pas sur une esquisse de représentation, forcément imparfaite. »
Mais la vie de cette petite ville basque va être bouleversée, traumatisée. Le 26 avril 1937, en ce jour de marché, la Légion Condor (escadrille allemande soutenue par quelques avions de chasse italiens) bombarde Guernica pour soutenir Franco. Nous vivons cet intense bombardement à travers les yeux de Basilio.
Ce bombardement, Antoine Choplin nous le décrit avec force détails. On y retrouve les personnages centraux de la toile de Picasso : le taureau et le cheval martyrisés, les corps démembrés. Ce tableau devant lequel, Basilio, témoin du massacre, passera des heures, ébahi.
L’auteur nous montre que l’Art, même s’il est imparfait, est la meilleure façon de représenter le réel. Seul l’Art est capable, par sa composition, de nous faire vivre l’émotion, ici, l’horreur de ce bombardement. Il y réussit bien mieux qu’une simple photo factuelle.
« Il lui apparaît que la vérité de ce qu’ils sont en train de vivre, lui et ceux de Guernica dont le cœur n’a pas cessé de battre, ne peut s’accommoder de découpages. C’est un tout dont on ne peut rien extraire sans risquer la supercherie. Ce qui se voit ne compte pas plus que ce qui reste invisible, que ce qui pourrait apparaître, ou qui se tient en attente derrière les angles des murs ; que ce qui va surgir, d’un instant à l’autre, du ventre des nuages.
Non, décidément, cette vignette dérisoire s’enracine dans un espace bien plus vaste. Ça n’est rien d’autre que le fugace point d’émergence d’un temps en train de s’écouler, portant l’espoir ou la crainte, et dont la photographie ne saura rien dire, ou si peu. »
Cette réalité qu’une simple photographie ne peut pas rendre, Antoine Choplin l’exprime avec force dans ce roman à la poésie sobre et émouvante. Une très belle découverte.
Paris. 1937. Exposition internationale des arts et techniques. Pablo Picasso va présenter son fameux tableau « Guernica », dans le pavillon espagnol. Il a peint cette toile monumentale que l’on peut voir aujourd’hui au musée Reina Sofia de Madrid, en hommage aux habitants de cette ville du Pays basque bombardée par l’aviation allemande au service des franquistes, pendant la guerre civile.
Basilio, jeune peintre, ouvrier agricole à Guernica, veut rencontrer Picasso et fait le voyage à Paris. Il se pose une question : « Picasso était-il à Guernica ? »
Basilio avait bien tenté de s’enrôler dans l’armée républicaine mais on ne l’avait pas accepté parce que son unique passion, Celestina mise à part, est de passer des heures dans les marais, en bordure de la ville, à observer et à peindre les hérons cendrés.
Antoine Choplin décrit superbement les lieux, l’affût du peintre attendant le héron qu’il faut apprivoiser. « Comme chaque fois, il s’émerveille de la dignité de sa posture… C’est d’abord ça qu’il voudrait rendre par la peinture. Cette sorte de dignité qui tient aussi du vulnérable, du frêle, de la possibilité du chancelant. »
Il y a le bal, le marché, la vie toute simple d’une petite ville mais… « Lentement, le bruit s’intensifie et change de texture. Gagne dans les graves… » Un Heinkel allemand passe, revient et largue ses bombes sur Guernica. Trois bombardiers pilonnent la ville, semant terreur et désolation. Basilio, au lieu de rester caché dans les marais, court porter secours au vieux Julian qui l’emploie, à son oncle Augusto et surtout à Celestina. « Avant même qu’il y ait porté le regard, il devine les blessures de la ville. Les béances de ses plaies, de ses amputations. »
Antoine Choplin signe là un livre étonnant, émouvant, tout en simplicité, en beauté, en poésie, en retenue. Sa sensibilité lui permet de décrire le drame avec des mots toujours justes, même si son écriture n’est pas toujours conventionnelle.
Le héron de Guernica est un petit bijou de littérature. À ne pas laisser passer !
Chronique à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
C'est au travers du regard de Basilio que l'auteur choisit d'aborder la tragédie de Guernica. Alors que les voisins s'occupent plutôt d'évacuation à Bilbao, Basilio exécute de petits travaux dans la ferme voisine, rend visite à son oncle à l'hospice, et rêve de danser avec Célestine au bal...
Jeune peintre passionné, il passe son temps dans les marais à observer et peindre les hérons cendrés. Son obsession ? Rendre sur la toile pas seulement la beauté, mais le frémissement de vie condensé dans l'immobilité de cet oiseau majestueux.
Son héron, il a prévu d'en faire cadeau à Célestina... mais l'arrivée des bombardiers allemands bouleverse tout !
Pourtant, ce n'est pas lui qui rendra compte de la tragédie de Guernica, mais un certain Picasso, qu'il tentera de rencontrer à l'exposition universelle de Paris.
Ce court roman à l'écriture ciselée rend compte de la vie quotidienne de la petite ville espagnole avant le drame, et nous interroge sur la nécessité de l'art.
très beau livre sur le célèbre tableau de Picasso mais raconté par Basilio un jeune peintre de Guernica qui peint des hérons. livre plein de finesse, de poésie pour raconter une horreur.
A. Choplin, comme toujours, donne à l'art le rôle de la barque de secours de l'humanité. Et comme toujours c'est très beau...
Magistral !!! C’est par ce livre que je découvre cet auteur et j’en suis encore toute retournée. Le roman raconte une soirée, veille du jour où Guernica est bombardée, cette journée terrible et bien plus tard une brève rencontre muette entre le personnage principal et Picasso. Le personnage principal peint, peint les hérons cendrés sur ton temps libre. C’est lui que nous accompagnons durant ces quelques heures. La veille sert à poser tous les espoirs de ce jeune homme, toute la routine qui imprègne encore les lieux. La journée du bombardement démarre tranquillement, en compagnie d’un héron ; se poursuit sur une place de marché où règne l’agitation quotidienne et se poursuit dans le drame ; avant de se terminer au bord de l’eau avec ce même héron qui va mourir. L’auteur nous raconte toutes ces heures avec la sensibilité d’un peintre, d’un artiste. C’est comme une succession de tableaux qui ponctuent le passage des heures. Nous sommes dans le tableau, au milieu des couleurs ; on en ressent l’atmosphère, on sent les odeurs. Le drame qui surgit n’altère en rien cette sensation et les tableaux se succèdent, leurs couleurs changent et se changent d’obscurité. Tout reste beau jusqu’à la nuit tombé. Cette beauté ne fait que renforcer ce sentiment de désespoir absolu qui finit par nous étreindre devant ce massacre insupportable. Lire ce livre c’est vivre le tableau de Picasso !!
Ecriture sobre et attachante. L'histoire dramatique de ce jeune peintre patient et courageux sur fond de guerre civile est émouvante.On reste en haleine au moment de sa rencontre avec le peintre qui va immortaliser le bombardement de Guernica...
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