On parle beaucoup des "femmes qui racontent leurs fantasmes et leurs aventures sexuelles" ; c'est un phénomène de mode, et l'on est souvent déçu en ingurgitant ces fades pitances. Les lecteurs de la Musardine sont bien placés pour séparer le bon grain de l'ivraie ; voilà des années qu'ils dégustent les exquises coquineries que leur mitonne le sieur Esparbec. Ils savent qu'il s'est fait une spécialité des fessées vicieuses, des mouilleuses sournoises et des rougissantes perverses, bref, qu'il n'en est pas un comme lui pour titiller les vieux démons de notre enfance. Mais protesterez-vous, Esparbec n'est pas une femme ! Comment peut-il savoir ce qu'elles éprouvent ? Comment ? Mais parce qu'elles le lui racontent, pardi ! Il est leur confesseur favori ! Voilà bientôt vingt ans qu'elles lui confient tous leurs péchés mignons ; et sur le plus délicieux de tous, la "luxure", elles sont intarissables. Il ne lui reste plus qu'à cuisiner leurs confidences pour en faire ces romans à ne lire que d'une main dont le succès va grandissant auprès des dames. Dans Le Goût du péché, son nouveau "roman pornographique", Esparbec nous décrit avec sa verve habituelle les turpitudes auxquelles se livrent corps et âmes (chacune de son côté) une mère et sa fille, pour tuer l'ennui d'une fin de saison estivale dans un hôtel de la côte normande où un écrivain célèbre écrivit à la fin du siècle dernier Les Jeunes filles du bord de mer.
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