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Cette courte nouvelle se déroule chez un coiffeur. Un jeune homme est en train de se faire couper les cheveux alors qu’un vieillard entre et le prend pour son fils disparu tragiquement des années plus tôt. Le coiffeur, un homme qui entend tout dans le quartier, est là, entre eux deux, à voir se dérouler le contact et l’histoire d’un des deux hommes sous sa forme la plus pathétique.
Cette nouvelle fait partie d’un ensemble plus grand, et il est regrettable de ne pas profiter de l’oeuvre complète de l’auteur en une seule fois pour pouvoir apprécier et juger par la suite.
C’est bien écrit, les personnages, qui passent rapidement sont attachants, et en quelques mots, l’auteur nous décrit des caractères poignants.
Très contemporain, cette vie quotidienne d’un quartier est intéressante, cette immersion paraît sincèrement réelle.
Une nouvelle bien écrite, trop courte, s’inscrivant dans un projet plus important et dont on a malheureusement qu’une infime partie, mais dotée d’une écriture fluide et vivante.
Petite digression : S’appeler Euripide, c’est peut-être normal pour un grec, mais pour moi, cela a un petit parfum…. Grec !
« Il s’appelait Zissis ; c’était le fils d’un concierge du voisinage. Un grand gars pataud avec les cheveux huileux, et moi je devais faire de cet escogriffe une créature ornée d’une brosse de porc-épic. Naguère, je me souviens, c’était un enfant réservé, poli, toujours premier à l’école ; de ce temps-là il m’appelait Monsieur. Maintenant c’était Evri tout court. Dans ses yeux s’était allumée une lueur curieuse ; il voulait, paraît-il, être un homme – comme si quelqu’un y avait fait obstruction. »
Voir un gamin que l’on coiffe depuis longtemps se transformer en un jeune homme qui, de surcroît, demande une coiffure à l’iroquoise chiffonne Euripide. Il en est là de ses pensées lorsqu’un vieil homme entre dans son salon. Un homme bizarre et qui regarde Iziss d’un drôle d’air. A partir de cet instant, un dialogue s’établit entre le vieil homme et Iziss.
Tout l’art de Ménis Koumandaréas est de figer le temps, de faire de quelque chose de réaliste un conte, ou d’une rencontre simple, une rencontre ambigüe. Le vieil homme est-il frappé de sénilité, est-ce une apparition… ? Iziss répond au vieillard comme s’ils se connaissaient et avaient une conversation normale, ils se voient pour la première fois. Cette nouvelle est bien ancrée dans la réalité quotidienne alors qu’elle pourrait être hors temps et c’est là toute l’ambigüité de la nouvelle.
Ménis Koumandaréas, que je découvre, a une écriture très classique, simple, très agréable à lire, musicale. En peu de pages, il réussit à rendre visible l’échoppe d’Euripide, rendre réaliste la scène. Nous sommes les témoins attentifs d’une pièce de théâtre qui se joue à trois.
Cette nouvelle est tirée d’un recueil de Ménis Koumandaréas « Leur parfum me fait pleurer »
Très curieuse de découvrir, plus avant, l’univers de cet auteur, j’ai retenu à la bibliothèque « la femme du métro ».
J’ai aimé les dessins de Michel Barzin. Les gros cubes bleus grec ou Klein semblent écraser où expulser les silhouettes noires toutes en légèreté, malgré les traits noirs épais est étonnant et collent au texte de façon pertinente. La réalité qui écrase et les mots qui permettent de s’échapper
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