"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Walter McKee admire Gordon Boyd depuis toujours. Quand ce natif du Nebraska retrouve son ami loin de chez lui au Mexique, à l'occasion d'une corrida, la fascination est intacte. Il faut dire que Boyd est plutôt excentrique, ancien dramaturge devenu éleveur de taureaux. Lois McKee, quant à elle, est mal à l'aise, ne parvenant pas à oublier le baiser que Boyd lui avait donné jadis, avant son mariage avec Walter. Près d'eux sur les gradins se trouvent aussi le père de Lois, quasi aveugle, et le Dr Lehmann, psychanalyste viennois exilé aux États-Unis, accompagné de son ancienne patiente, Paula Kahler. Les uns et les autres prêtent plus ou moins attention à ce qui se déroule dans l'arène, chacun perdu dans ses pensées, se remémorant les événements du passé. Des bribes de vie, des regrets et des secrets refont surface et, en devenant aussi concrets que le spectacle qui se joue sous leurs yeux, rappellent à chacun la fragilité de l'existence.
Walter et Lois McKee, Tom Scanlon, le père de Lois, Gordon Boyd, homme de théâtre que Walter admire depuis toujours et ancien béguin de Lois, le Dr Lehman et Paula Kahler, le psychanalyste autrichien et son ex patiente, ils sont tous installés côte à côte dans les gradins d'une arène mexicaine.
Mais la corrida ne parvient pas à les captiver. Cette promiscuité les replonge dans leur passé, fait remonter des souvenirs qu'ils s'étaient parfois efforcé d'oublier...
On ne peut guère parler d'intrigue à propos de ce roman, plutôt de tranches de vies que la cohabitation des personnages sur les gradins d'une même arène fait remonter à la surface de leur mémoire. Des vies apparemment simples, mais qui cachent des bouillonnements intérieures bien plus complexes. N'attendez donc pas d'action dans ce roman, vous n'y trouverez qu'introspections. La corrida n'est qu'un prétexte, parfois un catalyseur.
Doit-on s'attendre à des personnages extraordinaires ? On le pourrait, mais on serait déçu. Ce sont des vies finalement assez ordinaires que l'auteur passe en revue : des réussites et des échecs, des envies et des frustrations. Voilà ce que la mort du taureau ou la blessure du torero viennent réveiller.
L'écriture ne cache pas de complexité - merci au traducteur. Mais la lenteur de la narration n'encourage pas vraiment le lecteur. J'ai connu pire, mais j'ai quand même eu du mal à me motiver jusqu'à la dernière page, que je n'ai jamais atteinte...
Wright Morris fait parie des écrivains et photographes majeurs du courant moderniste américain, nous dit la quatrième de couverture. Je devrais peut-être m'intéresser un peu plus à ses photos...
Chronique illustrée : http://michelgiraud.fr/2023/10/20/le-champ-de-vision-wright-morris-christian-bourgois-editeur-tranches-de-vies-presque-ordinaires/
Avec « Le champ de vision », Christian Bourgois poursuit la mise en lumière d’un auteur américain prolifique mais rarement édité en France. Prolifique, reconnu et primé. C’est d’ailleurs avec ce titre que Wright Morris obtient le National Book Award en 1957.
Sur les gradins d’une arène au Mexique un groupe d’Américains assiste à une corrida. Il y a les McKee, mari et femme, accompagnés de leur petit fils et du père de madame, un vieillard aveugle. Il y a un psychanalyste allemand et sa patiente Paula Khaler. Et enfin il y a Gordon Boyd. Tout ce petit monde se connaît. C’est le hasard qui les réunit ici. Le temps de la corrida, ils vont chacun se souvenir…
Chaque chapitre est écrit du point de vue d'un personnage, reflétant sa personnalité et son processus de pensée interne. Dans un présent collectif, l’auteur s’arrête sur chaque individualité, sur chaque intériorité. Un peu comme si un caméraman passait du plan large au gros plan, du plan d’ensemble au cadrage intime. Et inversement. Une succession de travelling avant et de travelling arrière.
J’ai retrouvé dans ce roman l’acuité du regard du photographe qui apporte une profondeur méticuleuse à la psychologie de ces personnages. Et comme dans « Chant des plaine », la même écriture sèche, dépouillée et précise, distante, sans émotion mais étonnamment hypnotisante.
Il faut bien l’avouer, l’ensemble est assez austère. Pas d’envolée, pas d’intrigue. Le genre de bouquin avec lequel ça passe ou ça casse.
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