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Wright Morris

Wright Morris
Photographe américain né en 1910 dans le Nebraska, Wright Morris publie ses premiers romans et nouvelles au milieu des années 1930. Ses écrits évoquent la vie dans le Midwest américain et le monde paysan des grandes plaines dans lequel il a vécu durant son enfance. De retour d'un voyage en Europe... Voir plus
Photographe américain né en 1910 dans le Nebraska, Wright Morris publie ses premiers romans et nouvelles au milieu des années 1930. Ses écrits évoquent la vie dans le Midwest américain et le monde paysan des grandes plaines dans lequel il a vécu durant son enfance. De retour d'un voyage en Europe, il commence à utiliser l'image photographique dans des compositions qu'il nomme « photos-textes ». Cette approche novatrice de la relation texte-image va donner lieu à la publication de plusieurs ouvrages devenus aujourd'hui iconiques, parmi eux The Inhabitants (1946) et The Home Place (1948), qui s'appréhendent tels des « romans visuels ». Réalisées sur une courte période d'environ dix ans, ces images du monde rural de la Grande Dépression inscrivent le photographe dans la grande histoire de la photographie documentaire américaine de l'entre-deux-guerres.

Avis sur cet auteur (4)

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    Couverture du livre « Le champ de vision » de Wright Morris aux éditions Christian Bourgois

    Michel Giraud sur Le champ de vision de Wright Morris

    Walter et Lois McKee, Tom Scanlon, le père de Lois, Gordon Boyd, homme de théâtre que Walter admire depuis toujours et ancien béguin de Lois, le Dr Lehman et Paula Kahler, le psychanalyste autrichien et son ex patiente, ils sont tous installés côte à côte dans les gradins d'une arène...
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    Walter et Lois McKee, Tom Scanlon, le père de Lois, Gordon Boyd, homme de théâtre que Walter admire depuis toujours et ancien béguin de Lois, le Dr Lehman et Paula Kahler, le psychanalyste autrichien et son ex patiente, ils sont tous installés côte à côte dans les gradins d'une arène mexicaine.
    Mais la corrida ne parvient pas à les captiver. Cette promiscuité les replonge dans leur passé, fait remonter des souvenirs qu'ils s'étaient parfois efforcé d'oublier...

    On ne peut guère parler d'intrigue à propos de ce roman, plutôt de tranches de vies que la cohabitation des personnages sur les gradins d'une même arène fait remonter à la surface de leur mémoire. Des vies apparemment simples, mais qui cachent des bouillonnements intérieures bien plus complexes. N'attendez donc pas d'action dans ce roman, vous n'y trouverez qu'introspections. La corrida n'est qu'un prétexte, parfois un catalyseur.
    Doit-on s'attendre à des personnages extraordinaires ? On le pourrait, mais on serait déçu. Ce sont des vies finalement assez ordinaires que l'auteur passe en revue : des réussites et des échecs, des envies et des frustrations. Voilà ce que la mort du taureau ou la blessure du torero viennent réveiller.
    L'écriture ne cache pas de complexité - merci au traducteur. Mais la lenteur de la narration n'encourage pas vraiment le lecteur. J'ai connu pire, mais j'ai quand même eu du mal à me motiver jusqu'à la dernière page, que je n'ai jamais atteinte...
    Wright Morris fait parie des écrivains et photographes majeurs du courant moderniste américain, nous dit la quatrième de couverture. Je devrais peut-être m'intéresser un peu plus à ses photos...

    Chronique illustrée : http://michelgiraud.fr/2023/10/20/le-champ-de-vision-wright-morris-christian-bourgois-editeur-tranches-de-vies-presque-ordinaires/

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    Couverture du livre « Le champ de vision » de Wright Morris aux éditions Christian Bourgois

    Madame Tapioca sur Le champ de vision de Wright Morris

    Avec « Le champ de vision », Christian Bourgois poursuit la mise en lumière d’un auteur américain prolifique mais rarement édité en France. Prolifique, reconnu et primé. C’est d’ailleurs avec ce titre que Wright Morris obtient le National Book Award en 1957.

    Sur les gradins d’une arène au...
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    Avec « Le champ de vision », Christian Bourgois poursuit la mise en lumière d’un auteur américain prolifique mais rarement édité en France. Prolifique, reconnu et primé. C’est d’ailleurs avec ce titre que Wright Morris obtient le National Book Award en 1957.

    Sur les gradins d’une arène au Mexique un groupe d’Américains assiste à une corrida. Il y a les McKee, mari et femme, accompagnés de leur petit fils et du père de madame, un vieillard aveugle. Il y a un psychanalyste allemand et sa patiente Paula Khaler. Et enfin il y a Gordon Boyd. Tout ce petit monde se connaît. C’est le hasard qui les réunit ici. Le temps de la corrida, ils vont chacun se souvenir…

    Chaque chapitre est écrit du point de vue d'un personnage, reflétant sa personnalité et son processus de pensée interne. Dans un présent collectif, l’auteur s’arrête sur chaque individualité, sur chaque intériorité. Un peu comme si un caméraman passait du plan large au gros plan, du plan d’ensemble au cadrage intime. Et inversement. Une succession de travelling avant et de travelling arrière.

    J’ai retrouvé dans ce roman l’acuité du regard du photographe qui apporte une profondeur méticuleuse à la psychologie de ces personnages. Et comme dans « Chant des plaine », la même écriture sèche, dépouillée et précise, distante, sans émotion mais étonnamment hypnotisante.
    Il faut bien l’avouer, l’ensemble est assez austère. Pas d’envolée, pas d’intrigue. Le genre de bouquin avec lequel ça passe ou ça casse.

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    Couverture du livre « Chant des plaines » de Wright Morris aux éditions Christian Bourgois

    Christlbouquine sur Chant des plaines de Wright Morris

    Au début du XXème siècle aux Etats-Unis (mais cela reste valable dans le reste du monde), une jeune femme trouvait aisément un mari pour peu qu’elle soit en bonne santé et qu’elle sache tenir une maison. Voilà sur quoi se fonde le couple de Cora et d’Emerson, un rapprochement pratique dû au...
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    Au début du XXème siècle aux Etats-Unis (mais cela reste valable dans le reste du monde), une jeune femme trouvait aisément un mari pour peu qu’elle soit en bonne santé et qu’elle sache tenir une maison. Voilà sur quoi se fonde le couple de Cora et d’Emerson, un rapprochement pratique dû au hasard. Pas d’amour entre ces deux-là et leur vie commune ne le fera pas naître. La nuit de noces est une épreuve pour Cora qui tombe enceinte dès cette première fois et qui donne naissance à son unique enfant, Madge. A côté du couple vit Orion, le frère d’Emerson dont l’union avec la fantasque Belle produira notamment Sharon Rose. Les deux petites filles seront élevées comme des sœurs. Aussi dissemblables physiquement que de caractère, elles tisseront pourtant un lien fort par-delà les épreuves, la distance et les années qui passent.

    Quelle belle idée que de traduire (enfin !) ce roman paru en 1980 et dont nous étions privés jusqu’ici.

    Dans une langue qui va à l’essentiel mais qui reste empreinte de poésie, Wright Morris nous raconte une histoire de femmes, de mères et de filles dont les voix s’entremêlent pour nous montrer des destins bien différents les uns des autres. Car si certaines, telles Cora et Madge, font le choix de rester à la ferme, subissant la loi de la nature hostile du Nebraska, d’autres, comme Sharon Rose, vont fuir ces lieux, le destin tout tracé d’épouse et de mère pour conquérir une certaine liberté au cœur de la ville de Chicago. L’auteur nous raconte aussi des liens familiaux qui se tissent autour de silences et de non-dits mais qui relient indéfectiblement les êtres.

    La construction du roman peut, par contre, être un peu déroutante car elle donne parfois l’impression d’enchainer des paragraphes sans lien les uns avec les autres, comme des instantanés de vie pris sur le vif. Est-ce l’œil du photographe qui transparait ici ? Lorsqu’on regarde les photos prises par Wright Morris on ne peut, en effet, que constater la proximité entre son écriture, à la fois dépouillée et précise, et ses photos qui parviennent à saisir l’humain alors même qu’elles ne représentent pas de personnages mais des paysages ou des lieux. Et c’est à cela que s’attache Chant des plaines, nous plonger dans une atmosphère âpre et mélancolique.

    Ce chant est clairement envoûtant et les portraits de ces femmes s’impriment durablement dans l’esprit du lecteur.

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    Couverture du livre « Chant des plaines » de Wright Morris aux éditions Christian Bourgois

    Madame Tapioca sur Chant des plaines de Wright Morris

    Le roman distille la vie de plusieurs générations de femmes de la famille Atkins, à commencer par Cora, qui arrive dans le Nebraska au début du siècle. Elle a quitté son Ohio pour venir s'installer chez son mari, Emerson. Ils ont fait le voyage en chariot ; leur voyage de noce en quelque sorte....
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    Le roman distille la vie de plusieurs générations de femmes de la famille Atkins, à commencer par Cora, qui arrive dans le Nebraska au début du siècle. Elle a quitté son Ohio pour venir s'installer chez son mari, Emerson. Ils ont fait le voyage en chariot ; leur voyage de noce en quelque sorte. La main de Cora est bandée. Elle s'est mordu jusqu'aux os quand, sur le trajet, le mariage a été consommé. Cette blessure auto-infligée, portée en silence, est un présage; les femmes Atkins supporteront leurs souffrances dans la solitude et en silence. Tandis que leurs hommes semblent trébucher, hésiter, nous entendons leurs voix, obsédantes et mélancoliques, nous interrogeant sur le spectacle des vies qui s'épuisent au coeur des plaines américaines.

    Pour apprécier ce roman, il faut accepter de se laisser porter car l'auteur semble très éloigné des stratagèmes des romanciers modernes.
    Il y a bien une ligne narrative mais il n'y a pas d'intrigue.
    Il y a bien des personnages mais pas de héros. Ce sont des hommes et des femmes ordinaires, ce sont des gens qui resteront dans le Nebraska même après la fin du romantisme de la frontière. Ils ne sont pas riches, ils ne sont pas remarquables; ils ne sont pas plus grands que nature mais simplement grandeur nature.
    Il y a des évènements mais pas d'action. C'est la célébration de la vie ordinaire.
    Pas d'émotion, pas de rhétorique, pas de drame non plus. Il n'y a rien pour nous masquer la vérité et le détachement de Morris est incroyablement esthétique.
    Tout est basé sur la retenue ; un minimum de mot, un minimum de sentiments, une certaine froideur mais étrangement une grande intensité.
    Je ne suis pas sûre d'avoir parfaitement compris comment l'auteur m'a gagné à sa cause mais ce livre est à ranger dans les bijoux..

    Les éditions Bourgois nous font un grand cadeau en publiant ce roman d'un auteur américain prolifique, si peu connu en France.
    Auteur d'une vingtaine de roman, Wright Morris (1910-1998) a reçu presque tous les prix. Acclamé par la critique, estimé par d'autres romanciers mais intégré à aucun mouvement en particulier, il est considéré comme un grand de la littérature américaine et pourtant aucun de ses livres n'est devenu un «classique». Il semble être davantage reconnu pour son travail photographique (la photo de couv du roman est de lui) et je vous invite vraiment à aller, comme je l'ai fait, regarder tout ça sur internet. Ses photographies en noir et blanc du monde rural, des lieux de vie et du quotidien vous éclaireront bien mieux que moi sur comment « Chant des plaines » arrive à capturer le presque rien de vies simples.

    Traduction et préface de Brice Matthieussent