Yamen Manai, Prix Orange du Livre en Afrique 2022, partage avec nous sa bibliothèque idéale
Un homme devient soudainement aveugle. C'est le début d'une épidémie qui se propage à une vitesse fulgurante à travers tout le pays. Mis en quarantaine, privés de tout repère, les hordes d'aveugles tentent de survivre à n'importe quel prix. Seule une femme n'a pas été frappée par la « blancheur lumineuse ». Saura-t-elle les guider hors de ces ténèbres désertées par l'humanité ?
Yamen Manai, Prix Orange du Livre en Afrique 2022, partage avec nous sa bibliothèque idéale
Au volant de sa voiture, arrêté à un feu rouge, un homme devient subitement aveugle. Il ne le sait pas encore, mais il est le patient-zéro d’une épidémie de cécité qui se répand à toute vitesse à travers une ville, un pays, atteignant toute la population. A l’exception d’une femme. Celle-ci, alors que son mari est emmené avec les premiers aveugles détectés pour être placé quarantaine, décide de l’accompagner en faisant croire qu’elle est également aveugle, persuadée, de toute façon, que le même mal la frappera bientôt.
Ces premiers cas sont enfermés dans un ancien asile psychiatrique totalement insalubre. Pas de personnel médical pour les orienter ni s’occuper d’eux, ils sont laissés à l’abandon, hormis les caisses de nourriture qu’on leur livre et les consignes aboyées par haut-parleur. A l’extérieur de l’asile, des soldats ont pour ordre d’abattre toute personne qui tenterait de s’échapper.
Rapidement, l’asile est rempli, environ 200 aveugles y sont parqués comme des pestiférés. Bientôt, la nourriture livrée s’avère insuffisante et devient prétexte à des chantages abominables, les femmes servant de monnaie d’échange. « L’innommable existe », l’inhumanité aussi. On plonge dans l’horreur et l’abjection, la violence, la promiscuité, la crasse et la puanteur des corps et des âmes.
Seule une femme voit ce qui se passe, mais continue à se faire passer pour aveugle, sauf pour son mari, et tente d’aider discrètement quelques personnes.
Un jour, un incendie survient et ravage l’asile. Les aveugles se retrouvent libres, d’autant que les soldats ont disparu, et plus rien ne les retient dans ces ruines. Mais que faire de cette liberté quand le reste de la ville, du pays, du monde, est aussi aveugle ? « C’est ça aussi, la cécité, vivre dans un monde d’où tout espoir s’est enfui ».
Il reste cependant un brin d’espoir, puisqu’il reste une femme qui voit. Elle va tenter de sauver son mari et un tout petit groupe de personnes à qui elle a fini par révéler sa non-cécité. Elle leur cherche de la nourriture, des vêtements, un abri. Mais comment tenir, lorsqu’il n’y a plus personne pour faire fonctionner tout ce qui constitue une civilisation ?
Roman dystopique, « L’aveuglement » est un texte saisissant, nauséabond, apocalyptique, parsemé de réflexions existentielles, qui met en garde contre le fait que même avec des yeux valides, on peut en réalité passer sa vie à ne pas voir, à être aveugle aux autres et au monde, peut-être aussi à soi-même. Et qu’à force de ne pas voir, à force de s’enfermer en soi-même, on en perd son humanité. Un avertissement qui renvoie à une autre fable, celle qui dit : « On ne voit bien qu’avec le cœur, l’essentiel est invisible pour les yeux ».
Et à ce point d’aveuglement, quand survient alors une crise aiguë, tous les comportements sont exacerbés : ici l’isolement extrême dans l’asile fait craquer la fine couche du vernis social, l’acquis de la civilisation, et révèle au grand jour (même si tout le monde est dans le noir) l’immonde noirceur de l’être humain. J’ai cependant trouvé que la symbolique n’était pas entièrement aboutie, puisque l’origine de la pandémie et la fin du roman restent inexpliquées. Ou si l’on considère que la pandémie est causée par le comportement aberrant de l’humanité, alors je n’ai pas compris le pourquoi de l’événement final, qui relève presque d’un deus ex machina.
Quoi qu’il en soit, ce roman est oppressant, tant par son sujet que par son style : une écriture sans respirations, sans renvoi à la ligne, sans indications de dialogues. Parfois laborieux à lire mais approprié : pas question de lâcher le fil des phrases, sous peine d’être comme Thésée qui serait privé du fil d’Ariane dans le labyrinthe.
Une lecture éprouvante et interpellante, qui résonne particulièrement en ces temps de pandémie, de confinements, de distanciation et de repli sur soi.
Il y a parfois un décalage entre la lecture qu'on avait imaginée à la lecture du résumé et la réalité de ce qu'on lit et c'est malheureusement ce qui s'est passé avec ce roman.
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Un homme tranquillement assis dans sa voiture, attendant que le feu passe au vert, devient subitement aveugle. C'est le début d'une épidémie qui se propage à toute vitesse et le gouvernement décide de confiner les aveugles dans un ancien hôpital psychiatrique, entassés dans des dortoirs.
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Tout avait bien commencé. Même s'il m'a fallu m'habituer à la construction en pavé compact avec des dialogues intégrés dans le texte signalés par des majuscules après des virgules qui rendaient cette lecture peu fluide et pas forcément agréable à lire, j'ai réussi à passer outre et j'ai apprécié la mise en place de l'histoire.
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Toute la première moitié est très intéressante. On vit avec le petit groupe d'aveugles constitué du 1er contaminé, de sa femme qui voit mais qui a menti pour ne pas être séparée de lui et ceux qui ont été en contact avec lui et se retrouvent aveugles à leur tour. Tout est bien amené, on voit bien la chaîne de contamination et ce qu'ils vivent dans ces dortoirs est absolument horrible. On y voit des humains qui restent des humains et montrent toute la cruauté, l'égoïsme dont ils sont capables même dans une telle situation. C'etait angoissant, oppressant, un huis-clos hyper tendu où l'horreur régnait à tous les instants. Et c'était bien.
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Mais voilà, ça n'a pas duré...sur la quatrième de couverture, on annonçait mille aventures de ces personnages livrés à eux-mêmes dans la ville, des hordes d'aveugles qui devront faire face à ce qui en l'homme est le plus primitif : la volonté de survivre à n'importe quel prix...du coup j'attendais avec impatience la partie sur la ville....et là ça a été la déconvenue la plus totale. Un calme plat qui n'a fait que descendre en flèche mon intérêt jusqu'à l'ennui total sur les dernières pages que j'ai lues en diagonale tellement j'en avais marre. Et la fin
Publié au Portugal en 1995, « L'aveuglement » raconte l'histoire d'une étrange épidémie.
Alors qu'il attend au volant de sa voiture que le feu passe au vert, un homme est pris tout à coup de cécité : il ne voit plus qu'un fond blanc laiteux. Paniqué, il ne sait plus que faire. Grâce à l'apparente générosité d'un passant (un voleur de voiture opportuniste) qui lui propose de le conduire jusqu'à chez lui, l'homme peut regagner son domicile.
Un médecin ophtalmologue acceptera de le recevoir à son cabinet en urgence. Et c'est là que l'épidémie va se déclarer : le médecin, toutes les personnes présentes dans la salle d'attente à ce moment là, la secrétaire, le voleur de voiture, tous deviendront aveugles dans les heures qui vont suivre.
Les autorités sanitaires décident alors de les placer tous en quarantaine dans un hôpital psychiatrique abandonné, insalubre, sans personne pour s'occuper d'eux sauf quelques soldats armés et postés à l'entrée qui vont leur déposer la nourriture dans la cour trois fois par jour. A charge pour les aveugles de se débrouiller par eux-mêmes.
Dès les jours suivants, le nombre d'aveugles ne cesse d'augmenter et les locaux sont rapidement débordés. Il n'y a plus assez de lits, certains dorment à même le sol et les conditions d'hygiène sont plus que déplorables.
» La cécité s'étendait, non pas comme une marée subite qui eût tout inondé et tout emporté devant elle, mais comme l'infiltration insidieuse de mille et un ruisselets turbulents qui, après s'être attachés à imbiber lentement la terre, la noient soudain complètement. Devant l'alarme de la société sur le point de prendre le mort aux dents, les autorités organisèrent à la hâte des réunions médicales, constituées principalement d'ophtalmologues et de neurologues. »
Le gouvernement, complètement dépassé, laisse l'armée tirer sur les aveugles qui tenteraient de sortir de l'enfer qu'est devenu ce lieu de quarantaine. Et ce d'autant plus, qu'un groupe de type malintentionnés (malgré leur cécité soudaine) décident de faire régner la terreur : rackets, viols…
Dans ce lieu clos, José Saramago dépeint les hommes et leurs comportements dans ce qu'ils peuvent avoir de meilleur et de plus abject.
Quelle idée me direz-vous de lire ce roman alors que nous sommes nous-mêmes au beau milieu d'une pandémie et confinés ?
Justement pour comparer la réalité de ce que nous vivons à ce qu'un écrivain Prix Nobel de Littérature avait pu imaginer il y a 25 ans.
Même si au début de ma lecture j'étais un peu sur le qui-vive me disant que si ça devenait trop dur j'arrêterais, je dois avouer que j'ai grandement apprécié ce roman, le style de Saramago et j'en recommande la lecture.
ÉBLOUISSANT ! Un livre puissant qui ne laisse pas indifférent et dont la lecture m'a hantée longtemps après l'avoir achevé... L'histoire se déroule à une époque indéfinie, dans un pays et une ville jamais nommés ce qui donne au propos une portée universelle. Arrêté à un feu rouge, au volant de sa voiture, un homme devient subitement aveugle sans aucun signe annonciateur. C'est le début d'une épidémie folle qui va se répandre à grande vitesse et contraindre les autorités à mettre en quarantaine les victimes de cette "blancheur lumineuse" pour tenter d'en limiter la propagation. Mais comment vivre entassés dans un espace clos inadapté, sans aucun repère et ravitaillés au compte-gouttes ? Très vite, les instincts primaires de survie vont prendre le dessus...
Ce livre est tout aussi passionnant qu'anxiogène parce que l'on croit au postulat de départ et que l'enchaînement des événements et la description des situations sont très réalistes! La tension monte crescendo et la narration très dense, presque sans rupture, accentue l'impression d'enfermement et d'aveuglement subis par les protagonistes. Un livre brillant et éclairant sur l'incapacité qu'a l'Homme de ne pas toujours voir ce qui est essentiel dans le monde qui l'entoure ! Auteur portugais, José SARAMAGO (1922-2010) a obtenu le prix Nobel de littérature.
Imaginez un voile blanc, opalescent, une lumière intense qui vient vous voiler la vue, qui vient effacer les couleurs de l'arc en ciel de la vie.
Angoissant n'est ce pas?
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Dans ce roman, une première personne est atteinte de ce mal étrange au volant de sa voiture, ça se répand vite, c'est contagieux.. personne n'est épargné ou presque !
José Saramago nous peint avec brio la déchéance et la décadence de l'humanité.
L'être humain perdant un de ses cinq sens se revoit revenir à l'état de bestialité, d'animosité. Un monde terrifiant, horripilant où le vice reprend le dessus, on veut commander, s'accaparer de privilèges, être bourreau de la troupe alors que faire ses besoins sans se souiller devient un exploit.
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Dans son sens figuré l'aveuglement est : trouble et obscurcissement de la raison et du discernement.
N'est ce pas ce que veut nous transmettre l'auteur en imaginant cette catastrophe?
Nul besoin d'être aveugle pour ne rien voir ! A méditer.
Personne n'est épargné par une mystérieuse épidémie qui rend tout le monde aveugle sauf une femme. A la fois une bénédiction et une malédiction puisqu'elle seule peut guider ses amis et sa famille dans une société qui s'enfonce dans le chaos. Privé de tout repère, privé d'espoir, cet ouvrage décrit de manière magistrale une société et ses hommes qui s'effondre en un éclair.
H E L L O | Coup de cœur ❤ "Blindness" - "L'Aveuglement" - "Ensaio sobre a Cegueira" (1995) - José Saramago.
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Incredible biblical parable and great metaphor of our materialistic and sensitive existence.
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《Je suis venu dans ce monde pour un jugement, pour que ceux qui ne voient point voient, et que ceux qui voient deviennent aveugles.》-Jean 9:39
Voilà ce à quoi me fait penser cette œuvre de Saramago. Pas que je connaisse particulièrement bien la Bible, mais j'ai pourtant ressenti d'instinct que l'auteur nous amenait vers cette vision de l'humanité. Cette grande parabole biblique n'a pourtant rien de religieux dans ce livre. Nous suivons des aveugles mis en quarantaine dans d'horribles conditions. Une seule femme n'a pas été "contaminée" par cet aveuglement. Elle va devenir le guide du petit groupe de survivants.
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Car oui c'est bien un roman de survie, de type "apocalypse" même, que nous propose le romancier. J'y ai retrouvé quelque chose de la froideur chirurgicale et de l'atmosphère oppressante et sombre de Cormac McCarthy. Pourtant Saramago est plus généreux dans son écriture. Une écriture plus ronde mais brute et sauvage quand il le faut, métaphorique et poétique si nécessaire. Le style se construit autour de cet événement, en un bloc de phrases mises les unes derrière les autres, comme les aveugles qui se tiennent la main pour ne pas se perdre et rester groupés.
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Cette cécité soudaine est racontée d'un point de vue omniscient même si la plupart du temps, c'est la femme qui voit dont nous adoptons le regard. Le vocabulaire de Saramago est riche et nous passons par tous les sens pour comprendre l'expérience de ces protagonistes désespérés.
Dans le chaos, l'horreur et la misère, l'abandon, les aveugles vont finir par découvrir le vrai visage des hommes.
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Dans ce livre, l'auteur philosophe nous propose la symbolique de l'aveuglement pour parler de l'humanité et de l'existence, du matérialisme et du sens de la vie. Il n'y a pas de grosses ficelles ni d'intrigues qui se voudraient racoleuses. Ici nous sommes dans un vrai petit chef-d'oeuvre romanesque où les êtres sont ramenés à l'essentiel, le dénuement, la nudité même.
Profond.
A lire !!
Ce n'est pas pour rien que Saramago est Prix Nobel de la littérature. Je voulais bien m’y mettre et j’ai pris les conseils des lecteurs que le connaissent bien : «ce n’est pas facile, commence par L’aveuglement... » Eh bien, ce livre m’a marqué pour toujours. La complexité métaphorique du sujet – où la société devient aveugle - n’empêche pas qu’on imagine comment ça pourra vraiment se passer… Les phrases très très longues et les passages plus durs nous obligent à prendre souffle avant de continuer tel est la force de la réalité. Un virage dans mon profil de lectrice.
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