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Auteur prolifique, Henri Raczymow prend le prétexte d’une déambulation parisienne pour nous faire part dans « L’arrière-saison des lucioles » de réflexions et d’anecdotes, avec un certain franc-parler et un humour qui n’est jamais loin, malgré les thèmes parfois graves qu’il aborde.
L’auteur réussit à être volubile et à nous livrer un récit extrêmement riche en moins de deux cents pages, un exploit !
Une jeunesse dans le Belleville de l’après-guerre, peuplé des fantômes des victimes de la Shoah, marqué par la culpabilité des survivants, le communisme, la culture yiddish, l’école républicaine française, les années 70 au carrefour entre la judéité, l’écriture et l’engagement politique, symbolisé par la revue Traces.
Les amitiés, les influences littéraires, les brouilles…Le récit bruisse de références, à des auteurs, à des livres, me donnant par exemple envie de découvrir Rachel Ertel
Les notions de mémoire, de transmission et d’héritage ne sont jamais loin … tout comme l’ombre des morts qui peuplent désormais « le petit cimetière » de l’auteur.
Un récit qui ressemble à la vie, peut-être parce que comme l’écrit l’auteur à la fin, « La littérature, au fond, est une grande consolatrice. Elle est la vraie vie, oui, peut-être, mais par rattrapage »
L’ultime déambulation littéraire. « L’arrière-saison des lucioles », les heures en quintessence. Un ballet de la vie flamboyant, le grand vainqueur du temps.
Un livre-mémoire fondamental.
La littérature ouvre subrepticement l’armoire du monde.
« Nos yeux reçoivent la lumière d’étoiles mortes ».
André Schwarz-Bart « Le Dernier des Justes ».
Henri Raczymow marche dans les ruelles dont il connaît le moindre recoin. Empreintes de ses jours, de ses approches sur le monde. La rémanence des appartenances à la religion, juive en l’occurrence. Ses convictions politiques et bien au-delà les majestueuses saveurs des écrits d’hommes et de femmes de lettres, les poètes, les exilés et les condamnés. On ressent les interpellations qui forment sur son visage, les sourires les plus habités, les regrets les plus enfouis, et les prières allouées au vaste regard de l’horizon qui palpite encore, rien que pour nous. Tout nous dévoiler en douceur et en retenue. Laissez s’échapper les confidences chuchotantes, pour mieux les déguster.
La lumière du plein jour octroie les résurgences. Henri Raczymow est comble de mots. Plus de quarante ouvrages écrits, les genres alliés, il est un socle, une référence.
Les entrelacs sont des pans mémoriels aussi. Entre les rappels pavloviens, les anecdotes aériennes ou graves, cruciales et personnelles souvent, le sceau des littératures marquantes pour André Raczymow. Les images pavloviennes, une généalogie d’orfèvre, comme du linge frais claquant au vent. Carillon en haute montagne, le sablier s’écoule aussi. Tout retenir. La mappemonde des tracés, la nostalgie est regain. « Oui, j’étais communiste, oui, j’étais juif ».
Ce pourrait être un livre en noir et blanc , mais les lucioles veillent. Le passé montre du doigt ce qu’il advient d’un homme debout qui s’épanche. Les effluves sont des enchantements intellectuels.
« Le monde était langage. Il fallait quelques clés pour le lire ».
« ...La rature qui viendra barrer tout ce que nous aurons écrit pour précisément de pas oublier, pour dresser des phrases contre l’oubli, comme autant de digues contre les assauts de la mer, en pure perte. Car la rature elle-même sera effacée, la rature autre nom de la mort :
Que vous servira d’avoir tant écrit dans ce livre, d’en avoir rempli toutes les pages de beaux caractères, puisque enfin une seule rature doit tout effacer ? Encore une rature laisserait-elle quelques traces du moins d’elle-même ; au lieu que ce dernier moment, qui effacera d’un seul trait toute votre vie, s’ira perdre lui-même, avec tout le reste...Oh que c’est beau, oh que c’est triste. La rature de la rature. Qui dit mieux ? Ça fend le cœur, mais quand c’est si bien dit, dans le même temps ça le ravit, le cœur ».
Ce texte est un journal dont le marque-page imprime l’arrière-saison. L’arrêt sur image. L’existence déployée, comme une étole. Les palpitations de l’identité, luciole ô luciole !
« Mettons en commun camarades, nos plans, nos travaux, nos soucis ».
« Pour survivre sur une fine couche de glace, il faut patiner vite ».
Et ce magnifique poème en pages finales de Mordechai Gebirtig, « un poète yiddish assassiné par les nazis dans le ghetto de Varsovie en 1942 :
Enfants, réjouissez-vous, amusez-vous
Car du printemps à l’hiver
Il y a le saut d’un chat ».
Ce kaléidoscope est une rencontre précieuse avec Henri Raczymow. Les chemins de traverse sont des arcs-en-ciel, des aurores boréales, ce qui persiste et assigne à la vraie beauté du verbe. Ici, tout est connivence et renaissance.
Publié par les majeures Éditions de l’Antilope.
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