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«C'est dans les pensionnats pour filles qu'on découvre les femmes, la nature des femmes, avec en partage un mépris qui colle, poisseux ; et je m'y connaîtrais sur le sujet, j'allais passer les meilleures années de ma vie ici et quand je sortirais, une moitié de l'humanité m'attendrait que je devrais affronter, ignorante. Qui sait si le monde des hommes aurait la même intensité? Qui sait si à la peau des hommes et à leurs corps j'aurais envie de m'y coller et d'y goûter? Que seraient-ils, en comparaison?».
Une femme évoque son adolescence dans un pensionnat au pied des Pyrénées. Alors qu'elle a quatorze ans, une jeune étrangère intègre l'Institut : Attali, mystérieuse, taciturne, que son indifférence au monde rend fascinante. L'écriture délicate d'Isabelle Lortholary restitue avec force la mélancolie des années de pensionnat et le déchirement d'un amour sans retour. Elle nous fait partager les émois des jeunes pensionnaires livrées à elles-mêmes, leur rage et leur solitude, leur infini désir de tendresse.
Une atmosphère à la frontière de la nostalgie, et pourtant presque une acidité : les souvenirs de cette année en pension, en Ariège, sont amers : amours non écloses, mêlées à une admiration et une fascination propres à l'adolescence, méchanceté injustifiée, solitude...
Une année à l'ombre du monde pour ses jeunes filles qui font l'apprentissage du passage à l’âge adulte avec son lot de déconvenues, de déceptions, de désirs tus et d'amitiés non satisfaites, une année bouleversante, une fillette morte et une jeune fille à la lisière de la folie...
Quarante ans plus tard, la narratrice distille ses souvenirs, son amertume et la narration, touchante, à la fois grave et légère, nous guide dans une réclusion trouble, dans un mélange de douceur et de cruauté.
Pour qui connait Ornolac où se situe supposément le pensionnat, le roman gagne en profondeur et presque en mystère : le village, jumelé à Ussat-les-Bains, ancienne station thermale très réputée sous Napoléon (son frère y venait en cure), ses villas bourgeoises, aujourd'hui en ruines et envahies par les ronces, ajoutent au climat romantique où instille un drôle de poison...
Ce roman est un vrai petit bijou, court mais drôlement fort !
La narratrice raconte l'une des années passées dans le pensionnat pour filles où elle a grandi, au pied des Pyrénées. Elle se rappelle l'année de l'arrivée d'Attali, une jeune fille de deux ans son aînée, qui l'a immédiatement fascinée. Cette même année, un drame s'est noué dans le pensionnat.
La description du pensionnat et du quotidien des jeunes filles reflète un véritable talent : on voit se dresser le pensionnat devant nos yeux à la lecture, tant les souvenirs sont précis et le malaise palpable.
A mesure que les pages défilent, un mauvais pressentiment se forme, sans que l'on puisse réellement mettre de mot dessus.
L'issue est terrible, comme on se l'imagine bientôt.
J'ai trouvé ce roman un peu inégal, dans la mesure où le cadre et le contexte sont brillamment retranscrits, tandis que l'intrigue progresse peu à mon sens, se perd dans la contemplation et les ressorts de la mémoire.
L'année pensionnaire demeure cependant un roman troublant et confondant de justesse.
Ma chronique complète est ici :
http://viederomanthe.blogspot.fr/2016/06/lannee-pensionnaire-isabelle-lortholary.html
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