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Brighton, été 1812...
Chassée par son oncle, lady Helen a trouvé refuge dans la station balnéaire à la mode. Déguisée en homme, elle s'entraîne avec lord Carlston à développer ses étranges pouvoirs. Lorsqu'au cours d'une soirée mondaine elle croise le duc de Selburn, Helen se retrouve au coeur de la rivalité entre les deux hommes. Mais ses propres sentiments ne pèsent guère au regard des intérêts du Club des mauvais jours. L'un de ses membres éminents est venu lui confier une mission très délicate...
Entre romance à la Jane Austen et fantasy noire... un deuxième tome plein de suspens et de passion.
Attention mes amis ! Cette nouvelle chronique va envoyer du pâté, je vous le dis ! Enfin, si j'arrive à reprendre mon souffle et à me remettre de mes émotions. Cela ne fait 'que' quelques jours que j'ai terminé ce second tome qu'il me tardait tant de lire et force est de reconnaître qu'il m'a ébranlé à un point où les mots me manquent et où je me noie dans les méandres de mon cœur brisé en mille morceaux... Mais je sais qu'Alison Goodman saura nous offrir les clés de son cliffhanger absolument insoutenable dans le tome trois. Il n'y a plus qu'à ronger son frein, et avec le sourire s'il vous plaît. Je suis à ramasser à la petite cuillère, aidez-moi... Oh, agonie ! Oh désespoir ! Bref, je coupe court à ma mélopée tragique et je remercie du fond de mon petit cœur malmené (avec les morceaux qui en subsistent) les éditions Gallimard Jeunesse pour ce merveilleux envoi. Comme toujours, ils ne lésinent pas sur l'apparence de l'objet-livre et, à choisir entre les deux tomes, j'avoue que ma préférence va pour celui-là, tant au niveau de l'esthétique que du contenu ! Après avoir été fébrilement accueillie dans le 'Monde', avec en point d'orgue un bal qui tourne au cauchemar mais qui permet également à Helen de se révéler entièrement à sa véritable nature de Vigilante, notre héroïne façon Jane Austen va devoir quitter sa famille afin d'enfin commencer sa formation et intégrer définitivement le Club des mauvais jours, par le biais d'un pacte qui implique bien des contraintes... Finie la jolie robe jaune d'Elizabeth Bennet et les bonnes mœurs d'une jeune fille bien rangée, place aux cheveux à la garçonne et aux vêtements d'homme ! Je trouve que ce look lui sied à la perfection sur la couverture française, avec la ville de Brighton et ses bas-fonds qui s'élèvent, menaçants et gigantesques en arrière-plan, et avec les tons orange, noir et la dorure de la calligraphie et des gravures, cela fait de ce livre un vrai petit bijou ! ♥ Encore un grand merci à Gallimard Jeunesse, je suis toujours sur un petit nuage !
Et, en effet, il y a de quoi être comblée ! Depuis la fin du tome un, je trépignais d'impatience à l'idée de voir Helen de se libérer du carcan de cette société patriarcale étouffante afin d'embrasser ses pouvoirs et sa véritable force intérieure. Qui plus est, elle sera très bien accompagnée dans cet apprentissage qui va se révéler corsé mais aussi gratifiant. Ce second tome va justement permettre aux différents personnages de nouer des liens plus profonds, pour mon plus grand bonheur. Ce second tome tant espéré a su répondre à toutes mes attentes, et même au-delà. Le livre s'ouvre sur une page de résumé hyper pratique du tome précédent, au cas où l'on aurait oublié le bal déchaîné chez l'oncle Pennyworth. Cependant, il est bon d'avoir les détails tout frais en mémoire, cela va servir par la suite... A présent, je vous souhaite la bienvenue dans la ville de Brighton, qui attire tout un essaim d'aristocrates avides de réunions raffinées, de bon air frais, de promenades et de sensations fortes en allant nager dans la mer pour les plus intrépides à la belle saison. Pour Helen, ce ne sera pas une partie de plaisir, malheureusement... Je m'en doutais que l'entraînement serait rude et qu'Helen aurait ses périodes d'incertitude, mais je n'étais absolument pas prête pour ce qui allait se dérouler. Beware, ça va saigner de tous les côtés. Si le premier tome avait été palpitant autant dans l'entrée de jeu au sein du monde tordu et effarant des Abuseurs que au niveau des réflexions et hésitations que se fait notre chère héroïne sur sa place dans la société, laquelle choisir, ce second tome vous fera quant à lui avoir des chaurées lors de scènes d'actions maîtrisées, qui prennent tout leur sens au fil de l'histoire et qui vont vous faire pâlir d'angoisse et d'appréhension. Le train une fois en marche prend une quatrième vitesse et ça ne rigole plus ! Déjà que, contrairement à certains lecteurs, je n'avais reproché aucune lenteur au premier tome, qui va à son rythme et met en place un univers foisonnant de détails immersifs et démonstratif des recherches de l'autrice et de sa passion dévorante et respectueuse pour son sujet, mais là, le temps mort est banni de toute page et l'imbroglio de sous-intrigues nous emmène dans une farandole folle ! Et à aucun moment je n'ai eu envie que cela s'arrête !
Je ne sais pas comment mon cœur a réussi à résister durant six cent pages qui défilent à une allure digne d'un marathon, pour finir sur le bord de la route, esseulé et encore brûlant de cette fièvre qui monte à la tête avec la sauce que nous balance Alison Goodman en pleine figure ! Les personnages ne sont pas en reste, bien évidemment, et je me suis creusée les méninges pour savoir comment ils avaient survécu à tout ce qui venait de leur tomber dessus en un temps si resserré. Un mois ! My god ! Un mois qui regorge de palpitations et d'épouvante, d'inquiétude et de tristesse pour une vie entière ! Mes pauvres chéris ! Je suis béate d'admiration de la maturité d'Helen face à de telles épreuves. Cela force le respect et fait déborder mon cœur d'autant plus d'amour fou et protecteur envers sa petite personne. En effet, Helen ne rechigne pas à la tâche. Elle est une authentique battante, qui fait toujours de son mieux, notamment aussi pour assimiler les techniques de combat et le mode de vie intégral d'un Vigilant comme il se doit, mais elle suit également son instinct. Si vous voulez, notre jeune femme a quitté un monde protocolaire très stricte et aberrant pour un autre (youpiiii). Auparavant, on attendait d'elle qu'elle soit une jolie jeune fille, obéissante à sa figure paternelle (ici, son oncle, qui n'apparaît plus, quel soulagement ! Une envie de meurtre en moins !) et étant convenablement élevée, sachant rester polie et se taire afin de ne pas repousser d'éventuels prétendants. Cela vous donne à vous aussi un désir violent de vous insurger ? Me voilà rassurée. Dans ce second tome, on demande à Helen d'être ce qu'elle n'est pas, c'est-à-dire un homme : savoir se montrer viril, ne pas laisser ses émotions dominer notre raison (car c'est bien connu, les femmes sont des êtres si émotifs qu'elles sont incapables d'agir intelligemment par elles-mêmes !), rester impassible et être capable de boire comme un trou et de jurer comme un charretier quand la situation l'exige ! Notamment car notre petite chérie va se rendre à Lewes et Brighton dans des lieux... pas très fréquentables disons. Pour une lady de la haute qui a toujours eu pour mission de conserver son honneur et sa féminité, c'est un peu dur à encaisser. Maintenant, ajoutez à cela que les hommes du Club des mauvais jours (rappel important : Helen est la seule femme Vigilante d'Angleterre) la considèrent et la traitent toujours comme une femme, c'est-à-dire qu'ils la regardent de haut, en se disant qu'elle n'est bonne qu'à accueillir les ténèbres des autres, telle sa défunte mère, femme, être du pêché originel. On croirait rêver tellement c'est absurde ! Et pourtant, malgré cette intimidation constante et franchement à la limite du harcèlement, Helen va réagir telle une reine : en restant elle-même tout en apprenant ce qu'il y a de mieux à retirer de l'enseignement du Club des mauvais jours. Ce qui inclut de savoir repérer un Abuseur, dans quelle catégorie il se situe, le faire fuir/parlementer, exacerber ses réflexes et puiser au mieux dans cette puissance qui s'accroit en elle et qui la laisse sans voix (et moi aussi). Bref, Helen va être une élève patiente et assidue, mais pas cruche non plus. Elle ne va pas se laisser marcher sur ses pieds, va totalement s'investir dans sa nouvelle fonction aux inconvénients plus que dérangeants, et faire preuve d'une noblesse d'âme et d'une générosité qui auraient rendu son adorable tante Léonore très fière d'elle et de la lady qu'elle est indéniablement, j'en suis certaine. D'ailleurs, cette femme me manque mais pas son mari. Je suis méchante, et nah.
Après, ce qui est loin de la laisser de marbre (et comment pourrait-on lui en vouloir ?), c'est le fait d'avoir Carlston comme 'coach sportif' et précepteur. Je veux bien le même, soit-dit en passant ! ♥ Mais la folie dégénérative en moins, ce serait cool. Notre Seigneurie va en effet être atteint d'un mal qui le ronge à petit feu, puis la flamme prend d'un coup et nous vivons alors une descente aux enfers en pente raide qui nous fait tomber de haut. De très haut. Cela m'a prise sur le qui-vive parce que Lord Carlston est présenté durant l'intégralité du tome un (ou presque...) comme un être très sur de lui et maître de lui-même, qui ne se laisse jamais démonter et qui fait preuve d'un sang-froid qui laisse son empreinte. De quoi se sentir toute petite à côté. Or, dans le cas présent, notre cher Carlston a le sang chaud, ça bout là-dedans ! Plus d'une fois, Sa Seigneurie va se trouver au plus bas et tenter vainement, avec son âme de combattant aguerri qui ne succombera point au Mal, de se défendre de toutes ses (maigres) forces face à ce qu'il lui arrive de manière foudroyante. J'ai ressenti une peine immense pour lui et beaucoup de tendresse en voyant toute la sollicitude que lui apportaient ses compagnons d'armes mais aussi ceux qui constituent sa véritable famille dans ce monde qui lui est hostile : Mr. Hammond et Miss Margaret, notre Helen adorée bien sûr, Quinn & Darby ainsi que Délia. J'ai été agréablement surprise de voir les risques qu'Helen a pris pour sa meilleure amie, quitte à faire une grave entorse au serment qu'elle n'avait même pas encore prêté. Délia ne méritait pas de croupir dans un asile, personne ne mérite un enfermement pareil. Et puis, je l'aime beaucoup cette jeune femme, elle est gracieuse, lumineuse et pétillante, un doux et moelleux nuage blanc enchanteur face à tout cet amoncellement de noir. J'ajouterai que Délia apporte un regard en tant que représentante de la 'bonne société' à la fois ingénu et frais. C'est-à-dire que la jeune femme va avoir beaucoup à assimiler et ce qu'il va se passer lors des activités au sein du club va profondément la choquer généralement. Cependant, elle ne cessera jamais de soutenir Helen et lui faire montre de sa gratitude sincère du mieux qu'elle peut, malgré ses maladresses, ce qu'on peut aisément comprendre.
Pour en revenir au sang chaud de Carlston, cette accumulation d'énergie négative et démoniaque qui parcourt l'entièreté de son corps parfaitement constitué (Helen ne lésine pas sur les détails, la coquine) va in fine avoir un effet positif. Cela va lui permettre inconsciemment de percer sa carapace et de s'évader du carcan établi par le règlement drastique en matière de relations humaines et de liberté individuelle du Club des mauvais jours. Ce règlement constitue clairement un manque de bon sens et est un abus total en matière d'exigences de loyauté envers la couronne et de piétinement de la vie privée. Mais bon, pas la peine de pousser ma gueulante à ce sujet, je pense que vous avez compris de quoi il en retourne. En dehors de la fatigue extrême qui le consume insatiablement et de son instinct meurtrier et sauvage qui n'est pas du luxe, Lord Carlston va se montrer sous un autre jour, passionnel et vibrant d'amour dans chaque fibre de son être pour la belle Helen, si forte, brave et naturelle. Et croyez-moi que vous allez le sentir sur l'ensemble de tout votre petit corps, et que cela ne vous laissera pas indifférent ! Qui plus est, la tension sexuelle atteint à un moment son paroxysme et mes aïeux... Ce passage a dû être périlleux à écrire et néanmoins, il est réussi de bout en bout ! Mes félicitations à la cheffe ! Remarquable, un moment d'amour à l'état pur qui va bouleverser tous vos sens et vous faire fondre littéralement sur place. Pour moi qui n'était pas une partisane de la première heure de ce couple, j'ai eu la révélation de ma vie dans ce tome deux. C'est d'une évidence qui crève les yeux ! Et pourtant, cela ne m'empêche pas d'éprouver beaucoup de sympathie et d'amitié pour le Duc de Selburn, qui est un sacré coriace qui ne lâche pas le morceau. Etant extrêmement perspicace, sa Grâce a vu clair dans la petite comédie d'Helen et tient à comprendre, à creuser ce mystère insoluble au plus profond et à rester à ses côtés. Je pense que ce personnage insupporte tout le monde sauf moi ! Certes, le fait qu'il va se montrer ardent à protéger Helen et à sous-estimer ses capacités, la gênant plus qu'autre chose dans son 'travail', m'a fait lever les yeux au ciel. Contrairement à Carlston, il ne la laisse pas voler de ses propres ailes et prendre ses propres décisions et on pourrait voir en lui plus un père de substitution qu'un ami ou potentiel fiancé. Elle est assez grande pour se débrouiller toute seule, enfin ! (et pour d'autres choses aussi...) Il m'a fait un peu penser à Mozart (chouchouuuu ♥ quand même) dans le tome trois de Phobos (ou comment faire un parallèle entre une œuvre de YA/SF et YA/historique, rien à voir avec la choucroute !), qui couve constamment Léonor, sans vraiment la croire et défendre ses idéaux et ses droits. Cependant, je prends la défense du Duc car il est une bonne personne, un homme d'honneur et je pense qu'Helen a besoin de quelqu'un comme lui à ses côtés pour l'épauler et lui faciliter la tâche. Et puis bon, il n'entrave pas le couple Carlsten (oui, je leur ai déjà trouvé un petit nom, tiens !) donc il ne me dérange pas. Dans le tome un, je reconnais que mon cœur chavirait un peu pour lui, et c'est toujours le cas, je me le garde pour moi du coup ! ♥
Au niveau des nouveaux personnages, j'ai adoré celui de Sprat. Fillette de douze (presque treize !) ans, qui n'a pas dû connaître une enfance facile et qui en bave encore, à la porte de l'adolescence, à grandir dans un milieu dégradant et qui ne lui promet pas un bel avenir. Sprat en a vu des vertes et des pas mûres, et ce n'est pas rien de le dire. Elle va se montrer pleine de ressources pour aider Helen dans sa quête, et heureusement qu'elle est là, même. Notre personnage phare va réussir à accomplir plein de choses par elle-même, mais sans les encouragements et l'aide apportées de façon bienveillante par ses amis et alliés, aurait-ce été le cas ? Difficile à dire. Cette solidarité très forte est primordiale dans le roman, et chaque personnage se l'apporte l'un à l'autre, à une échelle plus ou moins grande. Par exemple, Helen se prend d'affection pour la jeune Sprat, qui connaît d'ores et déjà un sort terrible à son jeune âge, ayant vu des choses qu'elle n'aurait pas dû voir et étant forcé à grandir trop vite pour gagner sa vie par ses propres moyens, et pas des plus légaux. Elle va donc tout faire pour lui donner un accueil des plus chaleureux à German Place, une sorte de refuge pour cette enfant qui ne manque pas de verve quand il s'agit de parler l'argot, avec un brin d'humour salace et retentissant qui ne fait pas de mal à une mouche, au contraire, et ce lien inextricable entre chaque personnage, qu'il soit bon, lumineux, ou empoissonné, se ressent jusqu'au plus profond de... l'estomac, et de l'âme. Que ce soit Mr. Hammond qui hausse enfin la voix face à la figure autoritaire qu'est sa sœur (il était temps, même si j'apprécie Margaret et que je compatis à sa situation peu enviable au vu de ses sentiments, ce n'est pas une raison pour être désagréable avec tout le monde), au-deçà de leur profonde complicité, ou encore le couple trop mignon formé par Mr. Quinn et Darby, dont l'amour est si vibrant et éloquent qu'il n'a même pas besoin de mots pour se voir, il y en a pour tous les goûts et chaque personnage de l'histoire va s'affirmer et camper sur ses positions d'une manière inébranlable. La relation qui m'a cependant le plus ébranlé et qui me fait battre le cœur plus fort et rend ma proportion à la larmichette plus latente est celle entre Darby, la servante et future Terrène, et sa maîtresse Helen. D'un côté, nous avons la jeune domestique qui a tout laissé derrière elle, la situation qu'elle avait difficilement obtenu au sein de la maisonnée de Lord Pennyworth, au prix de tant d'efforts, la vie qu'elle avait toujours connu, celle d'une société 'normale', afin de suivre Helen et de l'accompagner pour le meilleur et pour le pire, avec une foi et une confiance sans failles provenant de ce cœur en or. De l'autre côté, nous avons une jeune aristocrate qui, jusqu'il y a peu, avait encore un esprit innocent de ce qui l'entourait et qui est infiniment reconnaissante de la dévotion de Darby, qu'elle considère plus comme une sœur ou une kindred spirit. Qui plus est, c'est Darby qui va insuffler à Helen le courage de faire les choses à sa manière, d'être la seule femme avec du pouvoir dans un cercle resserré d'hommes sous la tutelle d'un misogyne et homophobe (Mr. Pike, je vous déteste. Cordialement.), de rester fidèle à ses valeurs et à ce en quoi elle croit avec sa force de femme, de Vigilante, qui lui est propre et exceptionnelle. L'évolution de Darby est remarquable, de la petite servante discrète à un esprit robuste et une volonté qui ne vacille pas de faire le Bien et de le propager, il n'y a qu'un pas. Ce passage m'a gonflé le cœur de fierté, de soulagement et m'a tout bonnement illuminé de l'intérieur (non, je ne suis pas une Abuseuse).
Je me rends compte que je n'ai pas encore parlé de Lowry et du comte d'Antraigues ! Ma chronique n'aura pas de fin à ce rythme... Cependant, comment pouvais-je passer à côté de ces deux personnages-clés ?Pour ce qui est de Lowry, ça va aller vite. Ce personnage est insolant, haïssable, grossier, à la limite de l'indécence (quoique, il l'a déjà dépassé depuis longtemps...), cruel et qui prend un plaisir vicieux et à vomir de la souffrance des autres. Alors qu'il était un Terrène, censé être valeureux et noble de cœur et d'âme ! Bah, tu parles ! Son antipode, le comte d'Antraigues, est un Abuseur et pourtant absolument pas le personnage répugnant qu'on attendait qu'il soit. Contrairement à Lowry, qui est véritablement un être humain, avec son propre corps et sa propre identité, et qu'on attend de lui une certaine humanité, c'est le comte d'Antraigues qui est en réalité est un homme de parole, qui a certes dû apprendre à être rusé et impitoyable afin de protéger les siens, sa femme Antoinette et son fils Julien (non-rejeton d'Abuseur), qui sont tous les deux indubitablement humains. Il est conscient que la vie humaine, qu'il a emprunté à de nombreuses reprises à plusieurs personnes pour 'renaître', a une grande valeur et ses sentiments sont sincères et puissants. Je n'ai pas pu le détester malgré sa nature. Son humanité est là, inébranlable, et cela a brisé bien des préjugés. Oui, les hommes peuvent être des affreux et les Abuseurs des gens de bien, qui se débrouillent comme ils peuvent pour se faire accepter et jouir de leur existence. Cela semble simple énoncé comme cela mais cela étoffe le récit de façon à faire s'élever une voix contre l'intolérance et la discrimination autre de féminine et au sujet de la parité hommes/femmes (ce qui est déjà un lourd dossier). Cela apporte une profondeur supplémentaire au récit qui est non négligeable et qui nous amène à user un peu de nos petites têtes et à se poser pour réfléchir. J'ai aussi beaucoup aimé l'insertion de personnes ayant véritablement existées, comme dans le premier tome, de façon à étoffer et donner du matériau au contexte dans lequel l'intrigue se déroule (comme avec la mention récurrente du Prince régent), mais aussi à les utiliser de façon stratégique et percutante de sorte à réaliser un tour de force assez assourdissant (l'introduction à la Reine Charlotte en est somme toutes un exemple éloquent). Ici, c'est Martha, la baigneuse émérite de Brighton, femme de quatre-vingt ans toujours aussi vaillante et émerveillée face à la mer et aux beautés de la vie, qui est évoqué et apparaît de façon ponctuelle pour jouer les rôles de messagère et de source d'inspiration pour Helen, qui doit, littéralement et de façon imagée, se jeter à l'eau. Des lieux comme la bibliothèque indispensable de Donaldson me donnent quant à eux l'envie de véritablement les visiter, même si mon imagination a déjà fait la moitié du chemin. La plume de l'autrice, à l'instar d'un pinceau, nous dépeint avec délice et un enthousiasme contagieux la douceur de vivre de Brighton, son air pur, son eau salée, ses bibliothèques, lieux majestueux d'enrichissement et de plaisir de la lecture et du savoir, et ses fêtes enjouées, qui raviront de joie le Carlin. Petit surnom tout à fait affectueux (et qui ne manque pas de me faire pouffer comme une gamine à chaque fois) d'Elizabeth Brompton, que j'ai adoré dans ce tome. Elle ne se dépareille jamais de son panache, de sa spontanéité qui redonne le moral et elle fait une merveilleuse amie, rayon de soleil un peu trop aveuglant mais qui sera toujours au petit soin pour vous même quand vous même vous vous négligerez. Elle peut paraître ridicule ou envahissante pour certains, mais moi, je la trouve géniale et je l'affirme haut et fort. Sa mère, c'est une autre histoire en revanche...
Pour conclure, je dirais que, si vous cherchez une Regency romance à la saveur délectable des romans de Lady Jane, une écriture démentielle et singulière, qui se déguste comme une gourmandise et ce, sans modération aucune (lâchez-vous !), et qui est imprégnée de vie, d'amour, de sentiments intenses, porteuse d'un message fort qui laisse la part belle à la gente féminine, qui n'a rien à envier à celle des hommes, cette saga est faite pour vous ! Vous vous sentirez transportée en pleine félicité, vous verrez. L'autrice a su être se montrer à la hauteur de mon impatience presque farouche, mais je suis amoureuse folle de cette saga et de ce qu'elle a à nous offrir, que voulez-vous ! Le travail acharné et brillant de l'autrice, tant sur les fioritures que sur la pression permanente exercée sur les personnages et sur ses révélations, ses retournements de situation qui nous laissent sur le derrière et nous brisent le cœur, est saisissant de bonne volonté qui a porté ses fruits et je me suis véritablement régalée, comme l'aurait dit Patrick Fiori. L'imbroglio de situations retorses et dont il est difficile de s'extirper autour d'un seul artefact sordide et sanglant, loin de rendre l'avancement et la compréhension de l'intrigue compliqués et déroutants, ne la rendent que plus trépidante et rondement bien menée ! Chapeau, l'artiste ! Je suis scotchée ! En tout cas, moi, c'est quand on veut qu'on me fait entrer dans le Club ! Non, je ne suis pas sadomaso (vous êtes rassurés ?). J'ai tout simplement envie de sauver mon prochain, soit le monde entier, rien que ça, et avec une partenaire aussi époustouflante qu'Helen, je n'ai rien à craindre ! Cela me donne envie de me surpasser ! Et avec un Carlston qui me sursurre des mots doux en italien à l'oreille en prime, je ne peux qu'accepter la proposition, huhu. Et un duc de Selburn aussi, pour ma sécurité et mon confort. Je suis exigeante il parait. C'est que je suis parfaitement confiante concernant le fait qu'Alison Goodman ne me décevra avec le tome trois, qui clôturera la trilogie et que j'attends déjà de pied ferme. Il m'en faudra du courage et de la préparation, pour aller botter le derrière de Philip, récupérer le précieux colligat et affronter ce dénouement final que je ne suis pas prête à vivre (et à en survivre par ailleurs). Saga de mon cœur, tu me manques déjà... COUP DE FOUDRE ϟ
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