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« À mesure que je lis tous les documents que je réussis à retrouver, je commence à voir apparaître leur silhouette, les phrases qu'elles ont lancées aux flics, aux juges... Chaque fois je me demande si celle qui est décrite, celle qui parle, qui rit, qui injurie, qui chante, celle qui a les mains en sang et les vêtements déchirés, est la femme que je cherche. »Voleuses, fugueuse, vagabondes, de petites vertus, les filles de la prison de Fresnes se mutinent. Le 6 mai 1947, elles défoncent des portes, brisent des carreaux, pillent l'économat, s'empiffrent de chocolat et de confiture, escaladent le mur de la prison et finissent par en occuper le toit. Pendant des heures, elles tiendront bon. Les prisonniers masculins, derrière leurs barreaux, les acclameront. Il faudra cent vingt policiers pour les déloger. Les journaux s'en emparent un temps, qualifiant l'événement d'« hystérie collective », et, après une nouvelle condamnation, les révoltées retourneront à l'obscurité de leurs cachots. Vies d'anonymes diablesses, semeuses de troubles sans voix, la postérité les oublie.Jusqu'au jour où Serge Valère, un avocat médiatique comme le XXIe siècle en façonne, décide de démêler les fils de ses origines. Lui qui ne connaît pas son père, engage la généalogiste, Elvire Horta, pour retrouver sa mère Madeleine qui l'a abandonné. Elle apprend que celle-ci est une des mutinées de Fresnes. 1947 rencontre alors notre époque. Madeleine rencontre Elvire. Les filles perdues, celles d'aujourd'hui.Avec force et passion, Dorothée Janin fait surgir la violence, la révolte et la liberté fugace de ces femmes qui n'existaient plus. Porté par une écriture frontale, à la manière du Journal d'un voleur, La révolte des filles perdues interroge notre mécanique sociale et nos obsessions.
On ne peut pas ne pas faire le rapprochement avec « l'enragé » de Sorj Chalandon, du moins en ce qui concerne le sujet : l'enfermement et la maltraitance des enfants perdus, mâles ou femelles dans la première moitié de XX siècle : enfants perdus, abandonnés, massacrés par leur famille, enfermés pour de menus larcins ou de grosses bêtises, la plupart du temps pour déambulation interdite et vagabondage éventuellement prostitution.
Les garçons étaient maltraités, bousculés, battus, les filles plutôt ignorées et enfermées dans des prisons jusqu'à leur majorité .
C'est le cas de Madeleine Lauris, fille mère de Serge Valère, grand avocat qui fait appel à Elvire, jeune femme un peu perdue pour l'aider à retrouver sa trace .
Le travail de recherches effectué par l'autrice est remarquable et les minutes des procès, « bidon » après la révolte de ces filles qui ont simplement volé quelque nourriture et cassant des vitres de la prison de Fresnes ! sont passionnantes ;
mais dans ce roman, il y a de multiples histoires :
celle de Serge Valère, sa femme, sa mère et son fils !
celle d'Elvire la narratrice et de l'autrice ensemble bien souvent, les méandres de la vie de la famille de l'autrice et de la narratrice entremêlés ,
tout ceci engendre une certaine confusion au point que parfois on se demande quelle histoire on lit, si c'est un roman, une fiction, une autofiction ou un documentaire .
Osciller entre ces différents thèmes, la psychanalyse transgénérationnelle et la rédemption !! par l'écriture, fut un difficile exercice pour la lectrice que je suis !
Cependant ce livre m'a révélé pas mal de détails sur la vie de ces jeunes femmes, sur celle de l'autrice et bien sur sur le traitement infligé aux enfants au moment pile où je voyais le jour !!
Pour cela, merci !
Voici une nouvelle lecture sur une révolte de prison (après la lecture du magnifique livre de Sorg Chalandon, "l'enragé").
Cette fois, ce sont les filles de la prison de Fresnes qui se mutinent en 1947. Cela va faire la une des journaux. La narratrice du roman va alors mener une enquête sur ces filles perdues et en particulier, sur l'une d'elle, mère d'un avocat médiatique et qui lui demande de faire une sorte d'enquête, de recherche de ses origines. La généalogiste va alors mener une enquête.
J'ai apprécié cette enquête, la description de l'organisation administrative, judiciaire de cette prison de Fresnes, les rouages administratifs, la vie dans cette prison, la situation de ces filles perdues. Ce que cette mutinerie a entraîné.
Mais j'ai trouvé que l'auteur s'est perdu dans le portrait de l'avocat, avec ces questionnements, sa relation difficile avec son fils. et elle m'a perdu aussi, j'aurai préféré rester avec ces filles perdues, leurs parcours.
Des pages intéressantes et la découverte de l'organisation des prisons à la fin de la seconde guerre mondiale.
#Larévoltedesfillesperdues #NetGalleyFrance
Nous sommes en 1947, dans un contexte d'après-guerre, Dorothée Janin nous raconte l'histoire d'une centaine de jeunes femmes de 16 à 21 ans, mineures selon la loi, enfermées à Fresnes et dépendantes de l’éducation surveillée.
La manière dont on les traite et dont on parle d’elles au sein de la prison choque immédiatement.
Celles que l’on appelle les "mauvaises filles", elles sont voleuses, fugueuses, de petite vertu, elles sont jeunes ! Le 6 mai 1947, elles se révoltent !
Quelques années plus tard, Elvire, une généalogiste, est embauchée par Serge pour retrouver sa mère, l'une de ces jeunes filles.…..
Inutile de faire durer le suspens, c'est un coup de cœur pour l'écriture de Dorothée Janin ! pour ces jeunes filles révoltées !
Dorothée Janin m'a embarqué dans son roman de la première à la dernière page ! J'ai aimé l'histoire et l'écriture ! Elle dénonce les conditions de détention de ces femmes, elle dénonce les horreurs, la honte, l'humiliation mais pas que, c'est un roman social ! Un roman sur la filiation aussi, alternant roman et article de presse. C'est extrêmement documenté ! c'est bouleversant !
Un coup de coeur !
Indociles et insurgées : les oubliées de Fresnes
Retrouvez ma chronique complète et illustrée sur aikadeliredelire.com ou en ouvrant le lien suivant :
https://www.aikadeliredelire.com/2023/10/larevoltedesfillesperduesnetgalleyfranc.html?m=1
Contre toute attente, La révolte des filles perdues n'est pas la reconstitution romancée de la grande révolte des pupilles de Fresnes qui défrayé la chronique au printemps 1947.
Dans l'immédiate après guerre, mai 1947, une centaine de jeunes filles de 16 à 21 ans incarcérées à la prison de Fresnes se sont soulevées, molestant les gardiens et saccageant la prison avant d'être canalisées.
C'est en partant de ce fait historique, que l'auteure imagine le destin de l'un des plus grands ténors du barreau des années 2000, Me Serge Valère, livré à sa naissance à l'Assistance publique et dont la mère pourrait bien avoir pris part à la grande révolte de Fresnes.
Pour en avoir le cœur net, ce dernier embauche une généalogiste, Elvire Horta, aussi zélée côté professionnel que paumée côté personnel (un aspect qu'elle se garde bien de dévoiler à son client, cela va de soi).
Au fur et à mesure de ses recherches, nous entrons dans le cœur de la mutinerie : qui étaient ces "filles perdues", quels ont été les manquements dont elles furent l'objet pour finir derrière les murs de ce centre d'éducation surveillé, dans quelles conditions ont-elles vécu leur enfermement ?
Pour ma part ,
Il y a des mots, la magie de quelques lettres à peine, qui, dès leur évocation, m'enchantent et me transportent : "révolte" en fait partie.
J'ai aimé le style, la construction et les apartés : dans ce roman, il y a la narration proprement dite puis la voix d'Elvire Horta, à laquelle je me suis plus ou moins identifiée dans la mesure où j'ai ressenti qu'elle porte en elle une braise, celle de la colère, que le moindre souffle est à même de raviver.
C'est cette dernière qui, au fil de ses investigations pour le compte de Serge Valère, anime le récit de ses réflexions incisives existentielles très souvent et sur la judéité et la politique parfois.
Pour ainsi dire, j'ai davantage découvert l'histoire d'une enquête, la mise en lumière d'un fait historique significatif de la condition féminine.
J'ai apprécié ma découverte mais l'épopée et l'enchantement présagés par le titre et auxquels je m'attendais n'étaient pas au rendez-vous.
J'aurais aimé plus de drame pour rythmer le récit en général: in fine, cela m'a tout de même paru assez long.
Mention spéciale: Vous trouverez à la fin du livre les sources et les références avec la liste des centres d'archives , des ouvrages et de la presse consultée. Ce roman est donc le fruit d'un important travail de recherche de l'auteure; sans qui cette révolte des Filles perdues aurait bien failli tomber dans l'oubli.
+ À lire: une œuvre singulière pour (re)découvrir la France d'après-Guerre et les Trente Glorieuses où les filles rebelles et marginales étaient enfermées dans des institutions répressives et violentes comme la prison de Fresnes.
- S'abstenir si et seulement si vous préférez les péripéties intenses.
Serge Valère, célèbre avocat, engage Elvire Horta, généalogiste, pour rechercher les traces de sa mère, Madeleine Lauris. Cette mère aurait été détenue à Fresnes et aurait pu faire partie de la mutinerie qui a eu lieu en mai 1947. Elvire va alors se plonger dans la documentation existante pour tenter de faire revivre les événements et surtout savoir qui était Madeleine.
Dorothée Janin se base sur un fait réel pour mettre en scène son roman et interroger sur la filiation à travers ses deux personnages (Serge et Elvire) qui ont tous les deux des histoires familiales complexes.
Toute la partie concernant cette révolte, épisode méconnu de l’après-guerre, est très intéressante. Celles qui concernent Serge et Elvire le sont malheureusement un peu moins et complexifient le récit plus qu’elles ne l’enrichissent.
Le fil ténu de la révolte de ces filles qu’on dit perdues (voleuses, fugueuses…) est sans doute trop court pour tisser une histoire complète sur la base de ce qui est connu. Alors, pour ajouter du corps au récit, l’auteure nous plonge dans une fiction parallèle. Elle y ajoute l’histoire de Fresnes, réelle, en 1947, dans cette immédiate après-guerre où bon nombre de collaborationnistes y étaient emprisonnés. Le lien avec les jeunes révoltées ne se fait pas naturellement en dehors de cette proximité de date et le fait que cela se passe à Fresnes. Et les incessants allers-retours entre ces différentes strates du récit brouillent l’intrigue.
Parmi ces jeunes révoltées, peu de visages émergent ou de manière trop superficielle mais quand cela arrive, l’intérêt du lecteur s’éveille, l’émotion nait. L’événement est documenté par un certain nombre d’archives (articles de presse, documents judiciaires, témoignages des surveillantes de Fresnes et même lettres des prisonnières). Des archives que Dorothée Janin nous permet de lire et qui donnent une voix à ces jeunes filles oubliées, détenues dans des conditions déplorables. Et qui éclairent aussi sur le travail des surveillantes et éducatrices tout en donnant un point de vue sur une époque assez particulière.
Là encore pourtant, le lien semble compliqué à faire pour l’auteure entre fiction et réalité et le personnage de Madeleine Lauris peine à intégrer cette histoire. Quant à la conclusion, elle interroge sur les motivations de Serge Valère concernant cette pseudo-enquête sur sa mère.
Au final, la page d’histoire est passionnante, le récit fictionnel moins accrocheur. Dommage.
En 1947, une mutinerie éclatait dans le bâtiment de la prison de Fresnes réservé aux filles de Justice. Tandis que la presse condamnait la violence des révoltées, l’administration pénitentiaire se dédouanait en invoquant des meneuses incontrôlables, des « bêtes fauves » selon la directrice de l’établissement. Pourtant, les lettres des détenues laissent entrevoir une tout autre réalité, qui inspire à Dorothée Janin un roman plein de colère et de compassion.
Au moment des faits, elles sont quatre-vingt mineures, entre dix-huit et vingt-et-un ans, à avoir été provisoirement reléguées, après la fermeture en 1940 de leur institution corrective de Clermont et un passage par une section de la prison de Rennes, dans un bâtiment désaffecté de l’établissement pénitentiaire de Fresnes. Fugueuses, petites voleuses, filles de trottoir ou ayant eu simplement une relation sexuelle hors mariage, toutes grandies sur fond de misère et de violence, « ce sont avant tout leur moralité, leur comportement, leur milieu d’origine jugé déficient ou dangereux, pas les délits qu’elles ont ou n’ont pas commis, ni les articles du Code pénal » qui les ont menées à la réclusion en Institution Publique d’Education Surveillée. Elles ne sont donc pas des criminelles, mais, ce qui leur vaut pourtant en ces lieux un traitement plus sévère encore – « Elles sont venues à cette pauvreté morale par goût et par besoin, par joie du vice. Elles sont inadaptables ces petites prostituées, ‘’inamendables’’. La voleuse peut être relevée, et même la criminelle. Jamais la fille ‘’folle de son corps’’ » –, des « filles perdues », scandaleuses dans leur insoumission, leur indépendance et leur perversion, des déchets étiquetés vicieux et irrécupérables, que l’on entend mater par la discipline, les humiliations et la brutalité, par la maltraitance physique et psychologique, par « l’intrusion de la contrainte jusque dans l’intimité, le contrôle total sur le corps et l’esprit ».
Imaginant des personnages fictifs, d’alors et d’aujourd’hui, très fidèlement et scrupuleusement inspirés pour les uns de sa longue imprégnation des documents de l’époque, pour les autres, notamment Elvire la narratrice, d’éléments de sa propre biographie et de son passé, l’auteur mène l’enquête et croise les regards d’hier et d’aujourd’hui sur ces « mauvaises filles ». Peu à peu, les fantômes exhumés des archives reprennent vie, silhouettes et voix s’animent au gré d’une reconstitution réaliste et vibrante d’émotion, qui, se focalisant sur la prison de Fresnes, prend bientôt la dimension d’un véritable procès du siècle dernier en France. Car, tandis que l’on y escamote les terribles conditions d’enfermement des filles de Justice en faisant passer leur insoumission pour vice et leur révolte pour hystérie – quelle autre cause à leur soulèvement que les pulsions sexuelles d’« âmes perverties, énervées par le printemps » ? –, en ce lendemain de Libération on y traite aussi en hôtes de marque des collabos venus y remplacer les résistants qu’on vient d’y torturer et d’y exécuter. Alors, l’effet boomerang qui, dans la quête la menant vers Madeleine Lauris, fille-mère détenue à Fresnes et contrainte d’abandonner son bébé, renvoie douloureusement Elvire à son propre impossible désir de maternité, s’inverse une nouvelle fois et, « à la façon d’un mascaret », comme une « vague depuis les mots retourne vers le corps et vient frapper le cœur », remonte le fil tendu par le thème de la lutte et de la résistance pour faire écho à l’histoire familiale de l’auteur. En réalisant sa vénération pour son grand-père, juif polonais qui rejoignit en France les rangs des FTP-MOI, les Francs-tireurs et partisans de la Main-d’œuvre immigrée, l’on comprend, comme elle-même semble en avoir pris conscience en l’écrivant, combien ce livre et son sujet entrent en résonance profonde avec sa chair et son âme.
Avec ce livre sous-tendu par un remarquable travail d’investigation mais aussi par une émotion lui remontant des tripes, Dorothée Janin ne rend pas seulement justice aux filles de Fresnes. A travers elles, qui se révoltèrent non pour leur propre sort pourtant terrible, mais par fidélité à la seule éducatrice en qui elles avaient confiance, et qui, considérées comme des rebuts par la société, lui en remontrent pourtant en courage et en intégrité, ce sont les valeurs d’amour, d’honneur et de loyauté qu’elle remet à leur juste place, par-delà les hypocrisies, les préjugés et les impostures ordinaires. Coup de coeur pour ce roman qui, hasard de la rentrée littéraire, aborde par le versant féminin ce que L’enragé de Sorj Chalandon nous présente côté masculin, avec le bagne pour garçons de Belle-Ile.
En 1947 à Fresnes une révolte éclate dans un pavillon où sont enfermées de toutes jeunes filles ayant commis des délits mineurs. Ces jeunes filles, même pas jugées, venaient d’un IPES (Institution publique d’éducation surveillée), ayant subi un bombardement pendant la guerre d’où le transfert dans un pavillon de Fresnes.
Dans ce pavillon, la vie était dure : les 40 jeunes filles subissaient la maltraitance du directeur et de son épouse, des privations, recluses dans des cellules humides et froides, privées fréquemment de nourriture, de couverture.
La révolte, inévitable et violente sera suivie d’une répression immédiate, les 40 jeunes filles vont être délogées par la police et jugées en comparution immédiate.
L’autrice a procédé à des recherches dans les archives afin de restituer au plus vrai ce qui précède la révolte et ce qui va suivre, elle décortique les articles de presse de l’époque, les correspondances retrouvées prenant le parti de s’en tenir strictement aux faits afin de ne pas dénaturer l’authenticité de cette histoire.
A ces évènements se greffe une fiction et une enquête contemporaine menée par un ténor du barreau abandonné bébé dont le fils en dépression veut connaitre ses origines. Il recrute alors une généalogiste, désorientée elle-même dans sa vie, qui va mener des recherches. Il se trouve que l’avocat est le fils d’une des révoltées.
C’est un peu la limite du livre car les allers-retours entre l’avocat, la généalogiste et les révoltées m’ont un peu déroutée ; le parti pris de l’autrice m’a gênée et j’ai parfois un peu perdu le fil. Le titre du livre laissait présager une lecture entièrement centrée sur la révolte.
L’avocat et son fils en recherche d’origine sont convaincants, la généalogiste m’a laissée perplexe.
Pour autant, cette lecture mérite l’attention ne serait ce que pour restituer la vérité sur ces jeunes filles mises au ban de la société, dont le comportement, la féminité et l’appétif de vivre étaient incompatibles avec l’époque.
#Larévoltedesfillesperdues #NetGalleyFrance
Dorothée Janin utilise des faits réels pour venir y superposer une fiction.
Le 6 mais 1947, au centre pénitentiaire de Fresnes, une quarantaine de jeunes filles, enfermées sans jugement, pour de petits larcins, conduite inappropriée, débauche, ou représentant soit-disant une menace pour la société, se révoltent pendant 48 heures : elles cassent tout, pillent l'économat, jettent tout ce qu'elles peuvent sur les gardiens et la police venus pour les mater. Elles seront jugées et iront en prison.
L'auteure utilise cet épisode historique comme point de départ d'une enquête généalogique fictionnelle menée par Elvire, à la demande du ténor du barreau, Serge Valère, enfant abandonné d'une de ces filles perdues; celui-ci n'a jamais rien voulu savoir de sa mère mais en revanche, son fils a besoin de la vérité sur ses origines pour sortir de la dépression qui le mine.
L'intérêt principal de ce roman a résidé, pour moi, dans la découverte de l'effroyable réalité de ces jeunes filles, qui pour fuir une vie de misère, se retrouvaient enfermées, battues, humiliées, isolées. Les faits évoqués sont entrés en résonance avec le dernier roman de Sorj Chalandon "L'enragé" qui traitait des bagnes pour jeunes garçons dans les années 30 et ultérieurement. On retrouve, dans les deux cas, cette obsession de la société du contrôle total du corps et de l'esprit de celles et ceux qui ne rentraient pas dans le moule religieux ou sociétal.
Les personnages principaux sont également intéressants par leur comportement à l'égard de leur histoire familiale; alors que Serge la rejette et refuse de s'y raccrocher, Elvire se définit par rapport à elle et souhaite la transmettre mais, terrible blessure, elle ne peut devenir mère.
Au fur et à mesure de ses découvertes sur les révoltées, elle se rapproche de ces filles perdues, car elle en est une aussi, même si le terme "perdue" ne revêt pas tout à fait la même signification. Elle se sent vide, sans espoir, le ventre mort.
J'ai cependant regretté que le fil conducteur de la quête d'identité et de la transmission se perde dans les méandres de digressions (Genêt, Chateaubriand,...) et de thèmes importants mais trop nombreux, comme la mort, la Shoah, la collaboration, l'absence de père, la vieillesse... qui n'ont été, de fait, que survolés.
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