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À partir d'une étude des principales questions disputées dans les innombrables traités - politiques et théologiques - qui ont fleuri à l'époque de la querelle entre le pape Boniface VIII et le roi Philippe le Bel, Gianluca Briguglia interroge le rapport entre théologie et théorie politique et relève l'émergence, au sein de ces débats, des catégories fondatrices de la pensée politique moderne.
S'appuyant sur les textes de Godefroid de Fontaine, de Jacques de Viterbe, de Jean de Paris et de Gilles de Rome, l'auteur s'emploie à cerner les enjeux théoriques et pratiques des thèmes débattus par ces éminents théologiens, y compris à la lumière des événements antérieurs à la querelle comme la renonciation du pape Célestin V et les condamnations parisiennes d'Étienne Tempier.
Si la distinction entre les deux pouvoirs - spirituel et temporel - est désormais établie, les maîtres de l'Université de Paris qui, vingt ans plus tôt, ont été frappés par la censure de Tempier, tendent à leur tour à s'affirmer comme un troisième pouvoir, faisant valoir la technicité de leurs compétences et leur autorité. Leur importance sur le plan culturel et social est d'ailleurs pleinement mesurée par Philippe le Bel qui, à plusieurs reprises, cherchera la caution intellectuelle et morale de l'Université de Paris.
De fait, lorsque Godefroid de Fontaines interpelle l'évêque de Paris en lui demandant de supprimer du Syllabus certaines propositions censurées par son prédécesseur, il insiste sur la nécessité de rechercher la vérité, afin de permettre aux théologiens de résoudre des questions laissées en suspens par la tradition et de favoriser le progrès de la science, laquelle ne concerne pas seulement la communauté des savants, mais constitue un bien commun, transmis de génération en génération.
Cette recherche de la vérité à laquelle s'attellent Godefroid de Fontaines, mais aussi Gilles de Rome, Jean Quidort de Paris, Hervé de Nédellec, Pierre de Jean Olivi et Henri de Gand, n'en demeure pas moins une entreprise risquée, comme le montre l'exclusion de l'Université de certains de ces maîtres.
Certes, les questions disputées sont éminemment théologiques, elles portent, entre autres, sur l'efficacité des sacrements, la transsubstantiation, la double nature des pouvoirs du Christ, la communication des idiomes, les pouvoirs pétriniens et la causalité des pouvoirs. Toutefois, au cours de ces débats, le champ d'investigation s'ouvre sur des thèmes plus proprement philosophiques et à caractère social et politique : la notion de signe, de contrat, de pacte, de propriété, de sociabilité humaine. Finalement, les théologiens en viennent à questionner les fondements même du pouvoir.
La réflexion théologique apparaît, dans tous les cas, fortement stimulée par les nouveaux instruments conceptuels fournis par la redécouverte d'Aristote, dont les oeuvres - notamment l'Éthique et la Politique - sont introduites depuis peu dans le monde latin, grâce aux traductions de Guillaume de Moerbeke.
La reconstitution du contexte culturel et théorique de l'époque nous éclaire sur la façon dont, en stimulant le questionnent théologique, la philosophie a permis aux notions élaborées par les théologiens d'êtres réinvesties par d'autres champs du savoir, et sur l'interaction réciproque entre les événements et la réflexion théorique. Cette plongée au coeur des questions disputées par les théologiens offre également au lecteur la possibilité d'accéder à des textes majeurs du Moyen Age, non traduits en français, et d'appréhender la complexité des liens entre théologie, philosophie et politique.
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