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Zoé Obolenskaïa appartient à la très haute noblesse russe. Mariée à un prince insipide, mère aimante de cinq enfants, la princesse se sent à l'étroit à la cour du tsar. Dans les années 1860, elle trouve enfin une excuse pour prendre le large et embarque pour l'Italie. Après un séjour à Venise, Zoé établit ses quartiers à Naples, où elle fait la connaissance d'un autre Russe en exil, Mikhaïl Bakounine, l'anarchiste qui fait trembler l'Europe. Alors que tout a l'air de séparer cette héritière richissime et ce rescapé des camps de Sibérie à la mise négligée et à la carrure d'ours, les deux se lient instantanément d'une amitié qui prend parfois l'allure d'une relation amoureuse. Conquise par les discours du révolutionnaire, la princesse embrasse peu à peu sa cause et devient l'un des piliers du mouvement anarchiste européen, finançant Bakounine et ses disciples. Lorenza Foschini reconstruit la figure complexe de celle qui inspira à Tolstoï Anna Karénine et à Henry James La Princesse Casamassima. Une histoire captivante qui reflète les conflits et les passions d'une époque.
Avant toute chose, il faut préciser que je ne connaissais pratiquement pas le personnage de Bakounine, avant de lire ce livre, et que je.n’ai lu ni Anna Karénine, ni La princesse Casamassima. Autant dire que j’ai appris énormément de choses en lisant ce livre, et que je vais aller creuser un peu encore l’histoire de ces personnages incroyables. Il s’agit donc déjà d’un énorme point positif.
Pourtant, ce livre m’a laissé un petit peu au bord du chemin. Non pas sur le fond, je viens de dire pourquoi, mais sur la forme. En effet, je pensais lire un roman. Et j’ai en réalité lu une enquête historico-journalistique. Extrêmement précise, documentée et complète. Mais ce n’est pas du tout ce à quoi je m’attendais.
Pour être totalement sincère, j’avais imaginé une opposition possible entre une auteure italienne, Lorenza Foschini, qui aurait pu apporter un style enlevé, latin, un peu de folie, de la gouaille, et un sujet très slave, romantique, empreint de mélancolie comme les russes savent en mettre dans tout ce qu’ils font. Mais ce que je n’avais absolument pas anticipé, c’était de me retrouver face à un compte-rendu clinique, froid, au scalpel.
Tout est précis, les références et les citations sont indiscutables, tout ce qui n’est pas avéré est scrupuleusement signalé. On croise de nombreux personnages historiques, Marx, Engels, Netchaïev… Mais, du coup, cela manque de vie, de chair, de tripes, d’humain, en fait. La forme du livre elle-même le signale : il n’y a pratiquement pas de dialogues.
Mon impression – mais je suis peut être totalement dans l’erreur -, c’est que Lorenza Foschini a eu peur de ne pas rendre hommage à ces deux personnages auxquels, visiblement, elle s’est profondément attachée. Cela me donne l’impression qu’elle a tellement de respect pour eux qu’elle n’a pas osé leur prêter ses propres mots – j’ai même été choqué, par moment, qu’elle continue à appeler son personnage principal « Mme Obolenskaia » ! C’est d’ailleurs au moment où elle raconte, dans le dernier chapitre du livre, son émotion devant la tombe de Zoé Obolenskaia, au cimetière de Menton, que l’on ressent le plus intensément à quel point elle a mis d’elle-même dans cette enquête.
Au final, je recommande ce livre à celles et ceux qui s’intéressent à ces deux personnages, d’un point de vue historique. Mais n’en attendez pas un souffle épique. Ce n’est pas romancé !
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