Des romans policiers à offrir ? Faites le plein de bonnes idées !
Heim Hochland, en Bavière, 1944. Dans la première maternité nazie, les rumeurs de la guerre arrivent à peine ; tout est fait pour offrir aux nouveau-nés de l'ordre SS et à leurs mères «de sang pur» un cadre harmonieux. La jeune Renée, une Française abandonnée des siens après s'être éprise d'un soldat allemand, trouve là un refuge dans l'attente d'une naissance non désirée. Helga, infirmière modèle chargée de veiller sur les femmes enceintes et les nourrissons, voit défiler des pensionnaires aux destins parfois tragiques et des enfants évincés lorsqu'ils ne correspondent pas aux critères exigés : face à cette cruauté, ses certitudes quelquefois vacillent. Alors que les Alliés se rapprochent, l'organisation bien réglée des foyers Lebensborn se détraque, et l'abri devient piège. Que deviendront-ils lorsque les soldats américains arriveront jusqu'à eux ? Et quel choix leur restera-t-il ? Reconstituant dans sa réalité historique ce gynécée inquiétant, ce roman propose une immersion dans un des Lebensborn patronnés par Himmler, visant à développer la race aryenne et à fabriquer les futurs seigneurs de guerre. Une plongée saisissante dans l'Allemagne nazie envisagée du point de vue des femmes.
Une période passionnante + l’histoire de ces Lebensborn , pouponnières imaginées par Himmler dans le but de créer une race aryenne pure ne pouvait que m’intéresser . Adosser dans un titre de livre le mal absolu et la douceur d’une pouponnière ne peut que m’interroger.
Ces lebensborn sont « alimentées » en nouveaux nés de SS et pire encore, par des enfants de « type aryen « enlevés à leurs parents dans des pays conquis pour être placés en adoption dans des familles allemandes ( L’Histoire comme on le sait est malheureusement un éternel recommencement. Cf. « Le courage des innocents » de Véronique Olmi , mon prochain post
Ce roman nous transporte en Bavière, en 1944, dans un Lebensborn : un endroit idyllique où des mères donnent naissance à des enfants parfaits qui formeront l’élite et la nation de l’avenir, selon la doctrine nazie. Une usine à bébés.
A travers quelques personnages (une jeune française rejetée par les siens pour avoir fauter avec un jeune allemand, une infirmière qui se pose de plus en plus de questions, un médecin endoctriné et convaincu, un jeune fugitif qui se cache à proximité de la maternité et qui cherche à manger, …), l’autrice va nous dévoiler un lieu hors du commun, une usine à fabriquer des bébés comme seront nommés ces maternités à la libération.
Mais elle va surtout nous amener à nous poser des questions sur les parents de ces bébés, sur l’éthique en vigueur pour ne garder que les enfants correspondant à certaines normes établies par les nazis et sur l’avenir de ces enfants sans parents, à la libération.
Un excellent roman très documenté qui nous plonge dans une sordide page de l’Histoire, pendant la seconde guerre mondiale.
J’avais également adoré le roman Max, de Sarah Cohen-Scali (chez Gallimard) qui se passe également dans un Lebensborn.
Abordant un thème peu traité en littérature, les lebensborns, Caroline De Mulder nous plonge dans l’univers bien particulier de la plus célèbre « Pouponnière d’Himmer », le Heim Hochland, en Bavière, d’août 1944 à novembre 1945.
Un roman choral à trois voix, instaurant une approche de trois points de vue différents, ceux des trois protagonistes principaux qui se trouvent au même moment dans ce foyer : celui de Schwester Helga, jeune infirmière modèle allemande, fière de travailler au foyer pour futures et jeunes mamans, et de s’occuper au mieux des nouveau-nés ; celui de l’adolescente française Renée, enceinte d’un soldat allemand, reconnaissance d’avoir trouvé un abri dans ce foyer allemand, mais dont l’esprit va vaciller au fur et à mesure des mois, et après la naissance de son fils ; et celui de Malek, jeune polonais sorti de Dachau, prisonnier employé à l’entretien des jardins et à la construction de nouveaux bâtiments.
Au fil des jours et des mois, les évènements s’enchainent au Heim, faisant douter et évoluer chacun des personnages, les désillusions s’accumulent, et leurs caractères prennent de l’épaisseur. Après la destruction massive par le feu des archives et autres documents administratifs, puis l’arrivée des soldats américains, il y aura un nouveau tournant décisif pour chacun d’eux.
L’art de Caroline De Mulder est de nous emmener dans ce lieu harmonieux et paisible, où la guerre semble si loin, sorte de petit paradis où malgré la guerre qui fait rage à quelques kilomètres de là, les femmes et les nouveau-nés ne manquent de rien, tant en nourriture qu’en habits, couches, lits, et promenades dans un le joli parc clos. Fort contraste avec la condition des prisonniers travaillant sur le Heim. Mais au fil des pages, avec une grande finesse d’écriture, elle arrive à rendre cet endroit malsain, étouffant, inquiétant, cauchemardesque. On comprend l’horreur, la noirceur de la réalité nazie, le pourquoi de ces foyers pour nourrissons.
L’autrice dresse ici trois magnifiques portraits, dont particulièrement ceux des deux femmes très différentes mais toutes deux attachantes. Avec une écriture fluide, elle nous décrit avec précision ces foyers pensés et créés par le Reichsführer Himmler pour fabriquer sur mesure de futurs soldats SS et développer une race pure, la race aryenne. Une mécanique bien huilée heureusement mise à mal par la victoire des alliés. L’emploi récurrent de mots, expressions et phrases allemandes accentuent le côté inquiétant et la main mise allemande tout au long de l’histoire.
Un roman fort, bouleversant, qui a demandé un gros travail de documentation, qui se lit comme un thriller historique, et que l’on n’oublie pas. Une belle réussite.
Alors que la guerre gronde à l'Ouest, la sérénité règne au Heim Hochland situé à quelques de Munich, la capitale de la Bavière.
Ce Lebensborn (fontaine de vie) est l'un des dix foyers implantés sur le sol allemand pour créer une race aryenne.
Nous sommes en septembre 1944, alors que les populations ont peur et souffrent de malnutrition, le Heim est un cocon protecteur où les mamans et les bébés vivent dans un certain luxe et mangent à leur faim.
Mais quand on gratte un peu le vernis de ce tableau idyllique, on s'aperçoit que le Lebesnborn a tout d'une industrie pour laquelle les femmes fabriquent des enfants destinés à régénérer le peuple allemand.
Et gare à celles qui donnent naissance à un nourrisson non conforme aux canons voulus par Himmler, le grand ordonnateur du projet eugéniste...
C'est par les voix de trois personnages que nous est racontée la vie dans cette maternité.
Renée est une très jeune femme venue de Normandie après avoir été séduite et engrossée par un beau soldat teuton.
Helga est une « Schwester », une infirmière chargée de prendre soin des mères et de leur progéniture. C'est le personnage le plus intéressant du roman, écartelée qu'elle est entre l'obéissance aux idéaux nazis et la réalité qui se déroule sous ses yeux.
Marek est un ouvrier polonais qui travaille pour la pouponnière. Transféré de Dachau où il a vécu le pire, il symbolise l'autre, celui qui éprouve la disette dans son corps et la crainte des coups.
« La Pouponnière d'Himmler » est un huis clos glaçant qui décrit un projet fou pour la pureté et la vie. Non loin de là, à Dachau, les prisonniers mouraient.
http://papivore.net/litterature-francophone/critique-la-pouponniere-dhimmler-caroline-de-mulder-gallimard/
Heim Hochland en Bavière est la première des pouponnières mises en place par le régime nazi. Ces maternités avaient pour vocation d’accueillir des femmes définies comme étant de « race pure » pour donner naissance à des enfants en tout point conformes aux critères aryens. Mais bientôt, ces lebensborns vont aussi héberger des enfants enlevés à leurs parents en Pologne, en Norvège, en Tchécoslovaquie. Caroline de Mulder a choisi de donner pour cadre à son récit ce lebensborn en particulier. Premier ouvert et dernier fermé, où Himmler faisait des visites régulières. Elle y place trois personnages. Renée, jeune française enceinte d’un soldat allemand pour qui le Heim Hochland est devenu le seul lieu où trouver refuge. Helga, infirmière dévouée dont les certitudes vont peu à peu vaciller au cours de cette année 1944 où tout se délite autour d’elle. Et Marek, prisonnier politique déporté qui construit, avec d’autres prisonniers, les baraquements qui complètent la maternité.
A travers ces trois destins qui vont se croiser et se mêler, Caroline de Mulder raconte ce projet fou de créer une race supérieure, dépouillée de tout ce qui peut être considéré comme une imperfection. Le cours des vies de Renée, Helga et Marek vont se trouver totalement changée durant cette période qui marque les débuts de la défaite allemande.
Bien que française, Renée a été acceptée dans le lebensborn car elle possède les caractéristiques demandées par les nazis : un panel de critères, régit par une échelle de notation extrêmement précise. La toute jeune fille d’à peine vingt ans, tondue par ses compatriotes, plongée dans une profonde solitude, trouve ici une sorte de havre, où elle est bien nourrie, bien logée. Et même si elle ne parle pas allemand et que les autres femmes ne lui font pas très bon accueil, elle trouve là un abri où faire halte et être prise en charge.
De son côté, Helga est intimement persuadée du bien fondé de ce programme et de l’aide qu’elle apporte aux mères et aux enfants. Toutefois, au fur et à mesure du repli des autres lebensborn vers Hochland, ses yeux s’ouvrent progressivement. Jusqu’à la découverte de certains dossiers que les SS s’emploient à faire disparaitre par le feu. Ses doutes et ses questionnements sont traduits dans les pages de son journal intime. Son humanité transparaît aussi par la compassion dont elle fait preuve envers Frau Geertrui, mère d’un petit Jürgen qui sera euthanasié sans état d’âme car non conforme aux critères de pureté de la race.
Quant à Marek, Caroline de Mulder en transcrit les souffrances avec une grande acuité. Souffrances physiques dues à la faim, à la maltraitance mais aussi douleurs morales quand il replonge dans ses souvenirs. Marek est le personnage par qui la violence entre dans ce récit et le contrepoint à l’espèce de quiétude qui règne dans le lebensborn complètement coupé du monde et de la guerre.
Au fur et à mesure que les Américains avancent, libérant les pays traversés et s’approchant du lebensborn, les choses vont basculer pour ces trois personnages. Au bout de cette longue et terrible succession d’événements, certains trouveront un nouveau sens à leur vie quand d’autres la remettront en question.
Caroline de Mulder nous plonge ici dans un abîme à la fois fascinant et terrifiant mais absolument pas manichéen. Elle ne livre aucun jugement, laissant le lecteur se faire son avis sur les personnages et sur leurs choix, donnant à chacun cette part d’humanité qui fait que l’on peut basculer vers le bien ou vers le mal.
Si elle concentre son récit sur trois personnages et un moment particulier de la vie de ce lebensborn, on ne peut évidemment lire ce récit sans penser à tous ces enfants devenus orphelins, sans histoire, sans identité et qui ont dû se construire sans fondations solides à leur sortie de ces lieux.
Nous sommes en Bavière en 1944, la fin de la guerre approche peu à peu. La première maternité nazie, Heim Hochland, semble préservée de tout, un grand parc, un étang, il ne manque de rien pour les futures mères et les nourrissons. Un hâvre de paix en apparence. Détrompez-vous, nous sommes dans un "camp de vie" à l'opposé des "camps de la mort", dans un Lebensborn, un programme imaginé par Himmler pour produire de futures recrues SS, pour créer une race aryenne pure.
C'est un roman choral où trois personnes s'expriment tour à tour.
- Renée, une toute jeune française qui a dû fuir sa Normandie natale, cette jolie rousse en a bavé, elle arrive tondue après avoir été exhibée, malmenée dans son pays pour être tombée amoureuse d'Artur Fuerbag, un soldat allemand dont elle est enceinte. Amoureuse, jeune, naïve, elle attend son enfant et pense à lui constamment, lui écrivant et attendant des lettres qui n'arrivent pas.
- Schwester Helga, est une jeune infirmière modèle qui veille sur les futures mères et les nourrissons. Elle est l'assistante administrative du docteur Ebner qui dirige le centre. Elle est inconsciente de la finalité du projet, se donne corps et âme dans son travail. C'est la seule à avoir un peu d'humanité. Elle rédige son journal et se pose des questions suite au dossier de Jürgen, un bébé un peu différent et sa mère Frau Geertrui.
- Marek Nowak est un prisonnier politique polonais. Il était à Dachau, il s'occupe à présent de l'entretien du parc et de la construction d'annexes au Heim. Il repense à sa femme et à son enfant qui aurait dû naître, cela hante ses pensées mais alimente aussi l'espoir.
Un récit parfaitement maîtrisé qui nous donne un point de vue essentiellement féminin, une véritable immersion dans un Lebensborn. On comprend bien la notion d'endoctrinement, le manque d'humanité lorsqu'un enfant ne répondait pas aux critères fixés, le sens du devoir mais aussi peu à peu des doutes, des interrogations par rapport à la finalité et la réalité du projet.
Un roman très visuel à la plume précise, sobre. Un récit bien documenté. On comprend que si on supprime une population, l'objectif est d'en recréer une autre, une race aryenne pure pour produire des recrues SS. L'inimaginable pourtant issu de la pensée d'Himmler. Des enfants enlevés, germanisés de force car racialement valables, des enfants sans identité, rejetés après la guerre car personne n'en voulait.
Ce roman nous montre la cruauté de l'âme humaine mais nous parle aussi d'espoir. J'ai beaucoup aimé la résilience de Marek. Je ne vous en dis pas plus, c'est un livre à lire absolument.
Ma note : ♥♥♥♥♥
Les jolies phrases
Plus de sirènes, mais les dents de Renée continuent à claquer. La guerre arrivera. Elle en est sûre. Elle le sent, même physiquement, que la guerre est en train d'avancer dans sa direction. Respiration haletante, comme si elle courait. Dans sa tête elle court si vite qu'elle ne dormira plus, ne se couchera plus, elle ne sera plus jamais chez elle nulle part. Elle le sent dans le picotement du bout de ses doigts. Elle le sent dans ses os.
Son dos coule ; pendant la nuit, les feuilles glissent les unes après les autres, il est un arbre nu, dont la vie s'enfuit en même temps qu'une sève malade, une sève grouillante de bactéries qui le dévorent et le digèrent.
La vie a cette sale propension à broyer la beauté. Rien ne survit mieux, pense-t-il, que les lâches et les crapules. Elle était enceinte, aussi. Et en ces temps de guerre, la vie fragile d'un enfant n'est faite que pour s'éteindre comme une bougie entre le gras du pouce et l'index.
Et elle ne peut rester ici qu'à cause de l'enfant. L'envahisseur est dehors et dedans : elle est envahie de l'intérieur.
Elle est devenue un creux rempli de ventre. Une terre qui sèche à mesure qu'un arbrisseau y pousse, et elle se meurt à mesure que sous sa peau son enfant naît. Une urne funéraire dans laquelle trempent des fleurs vives aux racines terrifiantes.
Elle se lève tous les jours, et son corps chancelle, treillis trop fin colonisé par une plante grimpante qui devient trop lourde. Des os comme des brindilles creuses et nues étouffées par une verdure étrangère, et ses pas sont tout petits, et ses yeux manquent de lumière.
C’est une des phrases qu’il répétait, avant : « On a toujours le choix ». À tous ceux qui disaient, « Je n’ai pas eu le choix ». On l’a toujours. C’est juste qu’il n’est quelquefois pas facile à faire. Que dans certains cas il coûte très cher. Ceux qui disent « Je n’ai pas eu le choix » sont ceux qui ont choisi la facilité. Et soudain, il pense que si Wanda et lui avaient eux aussi fait ce choix-là, ils seraient en ce moment ensemble et heureux et rassasiés.
https://nathavh49.blogspot.com/2024/04/la-pouponniere-dhimmler-caroline-de.html
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