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Au coeur de la Savoie, deux orphelins recueillis par leurs grands-parents paysans dans la maison de famille séculaire se battent contre des puissances obscures, remontées du passé. Autour d'Ophélie, le loup rôde ; quant à Jean, il emploie ses forces à haïr.
Le silence s'amoncelle comme le travail à abattre, dans ce village au pied des montagnes de Chartreuse. En cette fin de XXe siècle, la modernité n'est pas encore arrivée et le temps est toujours rythmé par les saisons et les labeurs, les fêtes religieuses, les visites. Mais, intimement, les enfants pressentent les drames et souffrent. Les secrets eux-mêmes aspirent à se dire...
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La Petite, entre délicatesse et passion, fragilité et violence, brode et tricote d'une main sûre son ouvrage et conduit le lecteur dans les tours et détours de l'âme enfantine.
Un livre qui nous entraîne dans les montagnes de Savoie et dans une ferme où cohabitent plusieurs générations. Il y a la petite, du titre, Ophélie qui est est orpheline, après l'accident de ses parents. Elle a été recueillie avec son frère aîné, Jean par les grands parents, Euphoisine et Jules, mais il y a aussi dans la vieille maison, la grande tante Séraphie et l’arrière grand-mère Adèle. Et il y a aussi les voisins et les habitants du village.
Un texte qui nous plonge dans le terroir, dans la vie et le travail de la terre. Au fils des pages, nous allons découvrir cette nature, de belles descriptions de la vie à la ferme, des mystères de la forêt, des légendes de cette région, nous allons aussi découvrir les comportements de chacun : que de personnages taiseux, qui gardent en eux des sentiments avoués, inavoués.
Beaucoup de mystères qui intriguent bien les enfants de la famille et la bande des cousins et cousines. De belles pages sur des découvertes de photos, de lettres, de journaux intimes dans une malle du grenier.
Puis, l'air de rien, l'auteure nous distille les mystères, les non dits, les secrets de famille.
De belles pages sur la nature (on frémit lors d'une tempête, avec les deux enfants cachés sous le lit, quand le vent souffle et que la vieille maison fait de drôles de sons) mais aussi de beaux portraits que ce soient les enfants, la touchante petite, qui essaie de se faire une place et qui tente de comprendre la vie, son frère, Jean, qui lui est plus dans la violence introvertie, le rejet ou les personnes âgées, ce grand père, taiseux, mais qui va se dévoiler et nous allons mieux comprendre ses comportements, les trois vieilles sœurs, qui organisent la vie dans cette grande et mystérieuse maison. l'auteure décrit aussi très bien la vie dans les petits villages, où tout le monde connaît tout le monde, où des secrets planent, où on préfère se taire, s'éviter.
Un texte avec des secrets lourds mais quelle sensibilité pour raconter ses secrets de famille et le rapport à la nature.
Ai pensé à certains écrits de Marie Hélène Lafon et en particulier, son dernier texte, "les sources" et vais glaner des textes de Jean Anglade car ce roman vient d'avoir le prix Jean Anglade.
#LaPetite #NetGalleyFrance
Ophélie et son grand frère Jean vivent avec leurs grands-parents, Euphoisine et Jules, dans une vieille maison au pied du massif de La Chartreuse. A leurs côtés, la grand tante Séraphie et l’arrière grand-mère Adèle vivent l’existence simple et austère des gens de la terre. Jean et Ophélie ont perdu leurs parents dans un accident de voiture, hormis de vagues souvenirs douloureux pour l’aîné ils n’ont de leur passé que quelques bribes entendues ici et là dans les repas de famille ou quelques mots lâchés par les habitants du village. En jouant dans le grenier avec leurs cousins, ils découvrent le journal d’une grand-tante dont ils n’ont jamais entendu parler. Qui est-elle, quel rôle a t-elle joué dans l’histoire mystérieuse de la famille ?
Premier écrit de l’auteure, La Petite est un roman de terroir qui se déroule en montagne, dans un hameau isolé où les habitants vivent humblement de la terre qu’ils cultivent. Ce récit empli de poésie et de souvenirs d’antan révèle la passion qui lie l’auteure à sa région natale. Nul doute que son souhait ait été de transmettre par des mots une part de son enfance et cela sonne très juste. Elle nous offre un voyage dans le temps: le récit se déroule dans les années 80, mais l’atmosphère des lieux, l’austérité contenue dans cette famille nous renvoie à une autre époque. Je m’y suis laissée prendre et cela m’a rappelé de bons souvenirs d’enfance.
Les enfants mettent de la joie de vivre dans cette famille, ils sont entourés de l’amour de leurs grand-parents. En cela ils sont emplis de richesse, toutefois les secrets que leur cachent les adultes, parfois au bord des lèvres, à fleur de peau, les intriguent et les rendent mélancoliques. La Petite Ophélie n’a d’yeux que pour son frère qu’elle vénère comme s’il était le seul et unique lien lui rappelant ses parents disparus, pourtant lui la rejette, la maltraite comme si elle ne valait rien, expression de sa propre douleur, incontrôlable parfois. Les secrets de famille ont beau être bien gardés comme s’il fallait à tout prix en préserver les jeunes générations, leur poids peut parfois être si lourd qu’il vaut mieux que la vérité soit dite et assimilée consciemment. C’est un ressenti que démontre cette histoire touchante et passionnante. Je remercie les Editions Presses de La Cité et NetGalley pour cette lecture.
En relisant La petite de Sarah Perret il y a quelques jours, en la retrouvant parée de sa belle couverture, de son bandeau « Prix Jean Anglade 2022 » et des douces pages couleur crème des Presses de la Cité, j’ai ressenti ce sentiment de fierté et d’émotion mêlées, propre à une marraine qui verrait s’épanouir en beauté le poupon porté autrefois sur les fonds baptismaux. Oh ! Oui, elle a fait du chemin cette Petite, et quelque chose me dit qu’elle n’a pas fini de gambader de lecteurs en lecteurs, portant avec discrétion et talent l’histoire simple et sensible de Jean et d’Ophélie, de Jules et d’Euphroisine, d’Edith et de tant d’autres, les vivants et les morts de cette famille aux racines plantées dans les monts et les mots savoyards. Là comme ailleurs, on a enfoui les lourds secrets et les grandes douleurs sous d’épaisses couches de silence et de tendresse un peu rugueuse pour que, malgré tout, les petits aient droit à leur enfance et les vieux à leur oubli. Là comme ailleurs, on a fait semblant d’être trop occupé pour se souvenir des jours trop noirs et des malheurs trop lourds, de ce qui aurait pu être et de ce qui ne sera plus jamais, on a travaillé dur pour ne pas trop penser, on a durci les paumes des mains et fait des cals sur les cœurs trop sensibles. Et, cette fois comme souvent, ce sont les enfants qui feront la courte échelle à la vérité pour l’aider à sortir de son puits.
Il circule dans cette famille et dans ce très joli premier roman un faisceau d’émotions que Sarah Perret a su communiquer avec beaucoup de subtilité, jouant sur les âges et les époques, taillant avec finesse dans le matériau humain pour créer des personnages vivants et denses dont chaque nuance de sentiment est d’une grande justesse. Elle a su, dès ce premier texte, puissant sous la calme élégance d’un portrait de famille, porter haut et clair la voix fluette de La petite et de la grande autrice qu’elle pourrait devenir.
Ce premier roman La petite de Sarah Perret est une immersion dans la Savoie du XXè siècle. Au cœur du terroir et des gestes ancestraux au savoir lié à la connaissance de la nature, les secrets s’installent et y prospèrent, égratignant les êtres les plus sensibles et fragiles.
La petite raconte la vulnérabilité d’une petite fille sous l’influence de secrets familiaux qu’elle ne fait que subir.
Brins d’histoire
Jean, âgé de plus de 7 ans que Ophélie, surnommée La Petite, évoluent dans cette ferme à l’architecture particulière entre la maison du haut et celle du bas.
Dans ce lieu solitaire, les adultes sont des personnes âgées : une aïeule, l’Adèle, et trois sexagénaires, Euphroisine, l’aînée, Jules son mari et Séraphie, sa sœur.
La Caisse à savon, la plus petite chambre, est le règne de Jean. Pour Ophélie, souvent dans l’ombre de sa grand-mère, tout est son royaume tant elle aime rêvasser dans un univers qu’elle seule connaît.
On les dit frère et sœur, et pourtant la méchanceté que Jean témoigne envers Ophélie est à l’opposé de la confiance qu’elle lui porte et du souhait qu’il la protège.
La liberté des enfants est totale et pourtant, les mots sont comme interdits autant pour eux qu’entre les adultes.
Alors quand Jean découvre lettres et photos dans un vielle boite en fer au grenier, les morceaux du puzzle vont s’assembler, au fur et à mesure, du récit.
Les morts obsédants
Sarah Perret démontre la puissance de destruction des secrets : avec la jeune femme Claudie, mais aussi avec La petite.
Les enfants grandissent en essayant de trouver du sens dans les signes que les adultes font semblant de ne pas dire, alors que leurs gestes et leurs attitudes démontrent le contraire. Jean va partir à leurs recherches laborieusement jusqu’à la fin, montrant la solidité des liens affectueux qui unissent les membres de cette famille.
La petite décrit avec beaucoup de poésie cet univers paysan, rude et robuste, qui sait aider à grandir sans aider à se construire.
La suite ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2022/11/04/sarah-perret/
«Un secret croît avec la rage de dire»
Sarah Perret est la quatrième lauréate du Prix Jean Anglade. Ayant eu l’honneur de défendre ce premier roman en tant que membre du jury, c’est avec un plaisir redoublé que je vous invite à la découvrir à votre tour !
C'est une histoire de famille. De ces tribus comme il n'en existe plus beaucoup et qui rassemblent sous un même toit plusieurs générations. Nous sommes dans le massif de la Chartreuse au milieu de l'été, quand chacun apporte son concours aux travaux de la ferme. Autour de la table, présidée par le grand-père, on trouve ses fils Charles et Fernand et son gendre Albert. Les tantes, quant à elles, encadrent la grand-mère Euphroisine et sa sœur Séraphie, ainsi que l'arrière-grand-mère Adèle. Jean, l'aîné et sa sœur Ophélie, la petite qui donne son titre au roman, complètent la tablée avec leurs cinq cousins. Dans la suite du récit, on va apprendre que les deux enfants sont orphelins après le décès de leurs parents dans un accident et qu'ils sont élevés par leurs grands-parents.
Dans la famille, les valeurs de travail et de droiture sont sacro-saintes, et nul ne saurait y déroger. Et dans cet environnement hostile, on a appris à souffrir en silence et à ne pas poser trop de questions. «Il ne fallait pas penser au passé, pénétrer dans les cavités, remuer le sol des cavernes sombres et revoir les visages perdus. On ne se remettait jamais des deuils. Jamais. Le passé n’était pas une page que l’on tourne. Il fallait le porter. Accomplir sa tâche de chaque jour et allumer sa lampe. Et résister aux assauts réguliers des vagues de chagrin, de nostalgie, aux ressacs. On devait avoir le cœur bien accroché, pour vivre.»
Alors Jean et Ophélie vont chercher par tous les moyens à se réapproprier cette histoire qui est aussi la leur. D’abord en s’accrochant aux histoires contées à la veillée. Livrées avec parcimonie et souvent entourées d’un halo de mystère, elles sont aussi révélatrices. Puis en explorant la maison familiale, qui date de 1835. Un jour, Jean découvre dans un petit coffre une correspondance signée par une religieuse qui a visiblement quitté la famille pour choisir les ordres et dont il n'avait jusque-là jamais entendu parler. Un choc qui va le pousser à poursuivre son exploration de ces histoires qu'il fallait mettre sous le boisseau. «Cependant, un secret étouffé est comme un homme bâillonné qui veut crier justice; sa violence croît avec la rage de dire. Telle la maison, qui laissait suinter malgré elle des révélations sibyllines.»
Sarah Perret nous livre un fort émouvant premier roman autour des secrets de famille, d'une enfant qui cherche à comprendre qui elle est et d'où elle vient, qui veut trouver sa place dans un monde duquel elle se sent bannie. Avec émotion et autour d'un microcosme fort bien rendu, elle s'inscrit dans la lignée de ces forts romans qui ont exploré la France rurale, sur les pas de Jean Anglade.
L’Auvergnat aurait sans doute été sensible à ce chemin au bout de l’enfance, derrière les secrets de famille, à cet itinéraire qui construit une vie. Comme le souligne fort pertinemment Jean Vavasseur, le président du jury de ce Prix dont j’ai l’honneur de faire partie, sous la plume de Sarah Perret «la gamine se répare, se recoud, se défend, patiente, encaisse, résiste, s’accorde goulûment aux paysages et aux personnages, et se mélange aux histoires des autres pour n’en faire qu’une.»
J’ajouterai que la primo-romancière, prof de lettres à Pézenas, a écrit une première version de ce roman à seize ans. Avec le temps, et en s’éloignant de la terre de ses ancêtres, elle aura trouvé la juste focale pour faire de ce roman un écrin de sensibilité aux émotions qui sonnent aussi fortes que justes.
https://urlz.fr/kif2
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Quel beau retour tout en subtilité qui rend fort bien hommage à un roman qui ne l'est pas moins!