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Dakota, 1905. La belle et jeune Elsa a fui les plaines du Minnesota pour arriver jusqu'ici dans l'espoir d'y fonder une famille. Bo Mason, lui, rêve de fortune, d'aventures, de mouvement perpétuel et de conquêtes.
Lorsqu'ils tombent éperdument amoureux, ces désirs contradictoires semblent accessoires. Au fur et à mesure des trente années qu'ils vont partager naîtront deux garçons, se désintègreront les désirs, se bâtiront d'autres réussites. Pendant qu'un pays continuera de se construire et de charrier des mythes. Entre bonheurs éphémères, affres de l'amour, temps de la prohibition et conquête de la terre, Wallace Stegner, immense écrivain de l'Ouest, livre ici l'histoire passionnante d'une famille qui résonne à travers les époques et les cultures.
En commençant ce roman je me suis demandé si c'était une montagne facile à gravir ou l'Annapurna. Car il fait 836 pages et c'est écrit assez petit. Un bon gros pavés quoi. Pas grave, j'aime les pavés. D'ailleurs j'ai tout de suite été embarquée dans cette histoire qui nous raconte cette Amérique du début du XXème siècle. C'était comme si j'y étais.
1905. Elsa 18 ans, fâchée contre son père et sa meilleure amie part vivre chez son oncle dans le Dakota. Elle y rencontre Bo, un peu plus âgé qu'elle, qui lui aussi a quitté sa famille. Ils tombent amoureux et se marient.
Bo est un éternel insatisfait plein d'ambition. Il veut gagner de l'argent. Il n'aime pas travailler pour les autres. Il veut être son propre patron, trouver la fortune, sa montagne en sucre.
Elsa aime Bo, elle croit en lui. D'ailleurs cette histoire montre bien l'abnégation dont souvent les femmes font preuve. Elsa, blessée au bras, craint d'être un fardeau pour son mari. Elle craint que leurs enfants aussi ne le soient, que tous trois ne soient un frein à ses ambitions. Car Bo trouve les responsabilités pesantes, il est impatient et impétueux. Il est dans une perpétuelle fuite en avant, une course sans fin à la fortune.
Parfois, l'amour ne suffit pas pour être heureux et la vie est souvent cruelle. Mais il s'agit d'une époque où on se quittait pas. Quoi qu'il arrive, on continuait ensemble mais était-ce vraiment une bonne chose ? Elsa est extrêmement conciliante et patiente avec son mari. En réalité ils sont complémentaires et j'ai été admirative de la personnalité d'Elsa. Car si Bo peut être attachant, il est assez pénible, égoïste, parfois explosif. Ils ont des aspirations différentes. Bo et ses rêves de grandeur, Elsa et son envie d'une vie simple et stable. Elsa rêve de sédentarité alors que Bo ne tient pas en place. Mais l'histoire nous montre qu'une vie se construit patiemment, jour après jour, et qu'elle est faite de concessions. Surtout de la part des femmes. Elsa supportera avec amour et sang-froid tous les fardeaux que lui imposera Bo.
En fait ce roman est foisonnant. La famille Mason est une famille nomade et il semble que ce soit dans l'ADN des américains cette bougeotte, et ce, pour le plus grand plaisir du lecteur qui découvre des villes, des paysages, une faune et une flore grandioses. C'est aussi le vert paradis de l'enfance, à travers Chet et Bruce, les fils du couple. J'ai eu l'impression de lire un feu d'artifice souvent, même s'ils traversent des tempêtes tout au long de leurs vies. Tout m'a semblé beau dans ces descriptions de ce qu'était la vie quand il restait encore des grands espaces préservés. Hélas, les rêves de grandeur et les choix de Bo auront des effets délétères sur sa famille. Des joies, des drames, la vie…
J'ai adoré ce roman, mais j'ai eu ma dose de cruauté envers les animaux. C'est sûrement une question d'époque, mais tout le monde semblait considérer qu'il était bien de tuer les animaux cruels, ceux qui tuent pour le plaisir, oubliant au passage que c'est nous, l'être humain, le pire prédateur, celui qui tue pour rien, juste pour le plaisir.
Le total manque de compassion pour les martres et les gauphres pris dans les pièges m'a fait dresser les cheveux sur la tête.
Bref, un superbe roman qui nous emporte dans le rêve américain du début du XXème siècle, qui nous fait traverser la vie de la famille Mason sur plusieurs décennies et nous montre que des mauvais choix ont des répercussions sur tous les membres d'une tribu.
Et qu'elle écriture !!! Qui décrit si bien absolument tout.
Cependant, alors que j'ai été captivée de bout en bout, à aucun moment je n'ai été émue par les douleurs et les tragédies de cette famille. Je suppose que l'auteur n'a pas su, ou pas voulu rendre les Mason attachants. Ou bien c'est moi qui ai manqué d'atomes crochus.
J’ai enfin gravi la montagne en sucre de Stegner.
Mes deux précédentes incursions chez l’auteur avaient été de purs moments de délice grâce à son écriture posée, d'une douceur teintée d'amertume comme la musique de la vie qu'il nous décrit si bien. J’ai immédiatement retrouvé ce plaisir mais arrivée au sommet de cette montagne de 800 pages, mon enthousiasme s’est trouvé sérieusement émoussé.
Le livre s'ouvre en 1904, la jeune et naïve Elsa arrive dans la ville de Hardanger dans le Dakota. Sa mère est morte depuis peu et son père s'est déjà remarié avec une jeune femme de son âge. Elle vient vivre avec son oncle dans l'espoir d'une vie meilleure. Là, elle rencontre et épouse Bo Mason. Le cours de sa vie va être déterminé par ce mariage.
Bo est agité et ambitieux. Trop fier pour travailler pour quelqu'un d'autre, trop impatient pour persévérer, trop idéaliste pour se contenter de ce qu’il a. Il veut sa montagne en sucre : la réussite, la fortune, le rêve américain. Et tandis que Elsa rêve d’un foyer stable, aspire à tenir une maison, à élever leurs deux fils, Bo fait des plans sur la comète. Il traîne sa famille partout dans l'Ouest américain et canadien, à la recherche de LA grande opportunité. Un hôtel dans une ville, un restaurant dans une autre, une ferme plus loin, de la contrebande d’alcool…. Ils déménagent tous les quelques mois et ne peuvent jamais nouer de relations étroites. Leur vie sera un perpétuel déracinement.
Stegner écrit simplement et magnifiquement. L’air de rien il décortique la psychologie de ses personnages mais malgré les variations de point de vue dans la narration de l’histoire c’est long, terriblement long. Parce que l’intrigue du livre est répétitive, frisant l’obsession :
1 - papa propose un plan farfelu pour devenir riche
2 - le schéma tombe à l'eau
3 - papa se met en colère et la tragédie et le chagrin s'ensuivent.
Répétez et répétez encore… puis encore, et encore et encore.
Chaque fois que la tragédie frappe, Stegner sonde les profondeurs du malheur. Comme un joaillier tournant une pierre précieuse sous sa loupe, chaque coin de douleur, de souffrance et de chagrin est exploré dans les moindres détails comme s'il craignait de négliger la moindre petite angoisse. Tout sonne très juste dans cette vaste fresque d’inspiration autobiographique mais le rythme lent (que j’affectionne pourtant) aura eu raison de mon intérêt.
Traduit par Éric Chédaille
Elsa, dont la famille est originaire de Norvège, fuit le Minnesota et plus particulièrement la maison de son père qui a épousé sa meilleure amie Sarah. Elle a décidé d’accepter l’invitation de son oncle Karl Norgaard qui vit à Hardanger dans le Dakota.
Harry Mason, dit Bo, a fui l’Illinois et la maison de son père - originaire d’Allemagne - à l’âge de quatorze ans parce qu’il ne supportait plus la violence de ce dernier.
Dès l’arrivée d’Elsa sur le sol de cette ville qui la déçoit au premier coup d’oeil, ils vont se croiser … Se recroiser, tomber amoureux puis finalement se marier - au grand regret de la famille d’Elsa - qui ne trouve pas Bo suffisamment bien pour elle.
Durant 824 pages, nous allons suivre leur destinée, passer de l’aspiration à la déception et l’amertume … Elsa qui aura deux garçons (Chester et Bruce) - et rêvait d’une vie paisible et simple - verra tous ses désirs s’envoler devant l’immaturité et l’inconscience de Bo - qui lui s’imaginera toute son existence pouvoir faire fortune … Il déplacera sans cesse sa famille afin d’atteindre un mirage : cette fameuse “montagne en sucre” (qui représente ce que nous qualifions aujourd’hui de “American Dream” … )
On ne s’ennuie pas une minute tant le récit est varié et passionnant ! Rien de redondant, des aventures atypiques superbement écrites : une très belle découverte !
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