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Paul est un garçon fugueur. Dans sa ville au bord de la mer affluent des hommes qui espèrent franchir la frontière. Avec eux, Paul a trouvé son combat. Une camionnette, des affiches à coller la nuit en catimini. L'ordre aux habitants de ne plus tirer les rideaux sur ceux qui rôdent sous leurs fenêtres. Un jour, Paul disparaît définitivement. Louise se tient debout dans le cercle. Ses mots éclatent : « Mon fils est mort. Il avait vingt-sept ans. » Louise cherche un coupable. Sur la plage balayée par un vent glacial, elle épie un homme à vélo, parmi ceux qui fuient la guerre...
À travers l'histoire de Louise et de Paul, Laure Naimski nous plonge de manière vertigineuse dans un deuil impossible attisé par la figure de l'étranger. Un roman puissant dont l'écriture aiguisée traque les symptômes d'une guerre en soi.
Une ville en bordure de mer où les réfugiés affluent en grand nombre. Le fils de Louise, son fils unique, fugue et, depuis la mort de son père, fugue encore plus. Au début, il aide les réfugiés, regonfle leurs téléphones et petit-à-petit, se met à vivre comme eux dans des usines désaffectées, des endroits improbables où sa mère le recherche. Une spirale infernale le conduit à la drogue.Un beau jour, Paul ne donne de nouvelles jusqu’à ce qu’un policier lui annonce son décès par téléphone.
Louise est complètement dévastée, en colère, détruite aidée par l’alcool qui lui permet de supporter l’indicible, l’impossible deuil de la chair de sa chair. Il est plus facile d’accusr l’autre, l’étranger, den s’appuyer sur cette accusation qui permet à sa dévastation , je n’ose prononcer le mot haine, de sortir d’elle.
C’est cette colère qu’elle crie lors des séances de thérapie du cercle des bois-sans-soif. Sa colère contre ces hommes fuyant leurs pays, la guerre, qui lui ont pris son fils, phagocyté par sa mission, jusqu’à aller trop loin, d’où l’on ne revient jamais. Que recherchait-il, un peu de la chaleur humaine qui ne trouvait pas chez lui avec une mère trop aimante, trop protectrice ? Un refus de recopier la vie de ses parents ? Un rejet de cette mère qui, au début, n’a jamais rien raconté au père, craignant sa réaction ? Aucune communications au sein de la famille.
Peut-on rejeter la faute sur la mère qui a déjà tant de problèmes avec sa propre mère qui ne l’a jamais considérée, préférant le petit dernier. Ce fils qui reste fidèle à sa sœur, l’empêchant de sombrer définitivement, sans jamais rien demander ni poser de questions. Peut-on voir le malaise de son fils quand on n’est soi-même en colère contre la vie ?
Tout comme avec son premier roman, moins noir, Laure Naimski raconte une femme en pleine dépression, la colère en plus, qui s’enfonce, sans plus de lucidité dans la spirale qui l’entraîne vers…. Elle ne le sait pas elle-même.
L’écriture nerveuse, percutante permet à Laure Naimski de fouiller sans anesthésie l’âme de Louise. Un second roman fort et abouti
Le ton est mélancolique et cette femme qui raconte, est malade. On la soigne. Elle est dans un groupe de parole. Elle s'appelle Louise, a 56 ans et son fils, Paul, est mort à 26 ans. Ses cendres sont dans le salon. Malgré la loi qui l'interdit, Louise conserve l'urne chez elle alors qu'elle est rongée par cette disparition qui a suivi de quelques années celle d'Aurélien, son mari : « J'ai davantage pleuré Paul que mon mari. Est-ce que ce sont des choses qu'on dit ? ».
Roman déconcertant à plus d'un titre, La guerre en soi emmène le lecteur sur des terres fangeuses, des sables mouvants dans lesquels il est facile de se laisser prendre en perdant toute humanité. Peut-être que Laure Naimski nous transmet ce que ressentent beaucoup d'habitants de cette zone bordant la Manche, zone où se retrouvent hommes, femmes, enfants ayant survécu à tant de risques, de dangers et de souffrances afin d'atteindre un eldorado bien hypothétique ? Tout cela est forcément très dérangeant.
Entre confidences au psychologue et récit de Louise, c'est toute une vie qui défile, vie qui met aussi très mal à l'aise dans la relation avec sa mère qui n'en finit plus de mourir et qui se cramponne à sa fille.
Elle nous entraîne aussi dans Paris à la recherche de ce fils disparu et de ceux qui l'ont tué car Paul, après avoir assisté les migrants, a fui dans la capitale pour vivre dans la rue. Une immense tristesse émane de ce roman qui transcrit bien la dépression d'une mère prête à tout pour son fils mais qui échoue sur tous les plans.
Bien écrit, le style de Laure Naimski est original, très personnel et se trouve complètement en phase avec le thème de ce livre que j'ai pu découvrir grâce à Babelio et aux éditions Belfond que je remercie.
Elle s’appelle Louise. À 56 ans, elle enterre son fils, se relevant à peine du décès de son mari quelques années auparavant. Louise veut comprendre pourquoi son fils a fugué et disparu de sa vie du jour au lendemain, se livrant corps et âme au sort des migrants.
« - C’est la guerre et la misère qui m’ont pris Paul. Ce sont ces hommes qui fuient la guerre et la misère qui ont pris mon fils. Ils sont arrivés jusqu’à nous sans que nous puissions les contenir, pareils à une invasion de criquets. »
Louise est la narratrice. Au fil des pages, elle se livre. Nous parlant d’elle comme l’enfant mal aimée, élevée à la dure et si proche de son frère. L’essentiel de ses confidences se concentre sur son fils, Paul, unique enfant, par choix. Elle aurait tant voulu l’aimer comme sont censées le faire toutes les mères. Mais les évènements lui échappent, la maîtrise est sa faille. C’est à partir de là que le roman me bouleverse. Les mots d’une mère « normale » qui a ses faiblesses comme chacune de nous et heureusement. L’autrice utilise un ton très personnel, il ne pouvait pas en être autrement avec un sujet pareil. La colère, la haine de cette mère sont des moyens de survie. Elle en veut à ces étrangers, ces tueurs. Retrouver le coupable est pour elle son leitmotiv. Comment ne pas la comprendre ? Mais pourquoi condamner si facilement ? L’autrice nous laisse le choix. Le coupable est-il l’autre ? Elle ? À chacun d’établir la vérité, sa vérité. Un roman où l’interprétation est unique, ce qui m’a beaucoup séduite.
http://www.mesecritsdunjour.com/archives/2019/03/10/37166007.html
« Ce sont les hommes qui fuient la guerre et la misère qui ont pris mon fils », cette phrase accroche, imprimée au dos du bandeau qui entoure le livre La guerre en soi de Laure Naimski, reflète bien la pensée omniprésente ancrée dans la tête de Louise.
Dès le début du roman, un homme en blouse blanche tente d'inciter Louise à se confier, et rapidement, celle-ci va révéler : « Mon fils est mort. »… « Il avait vingt-sept ans, bientôt vingt-huit. »
Au fil des pages, on en apprendra un peu plus sur cette femme de cinquante-six ans, veuve depuis dix ans, qui est la narratrice. Elle va nous parler de son enfance, de son frère Matthieu qui sera à la fin son seul soutien, de sa vie familiale aussi. Mais de façon récurrente, c'est de son fils Paul, son fils chéri à qui elle a toujours voué un immense amour au point d'avorter pour se consacrer à lui seul, qu'elle va parler.
Petit à petit, cet enfant devenu adolescent va s'éloigner d'elle, faire des fugues et elle comprendra qu'il aide les réfugiés et voue toute son énergie à les aider à tenter de franchir la mer pour rejoindre l'Angleterre. Pour elle, aucune compassion n'est possible pour ces pauvres hères.
Et même, une haine de l'autre, de l'étranger, va s'installer car c'est bien l'autre, l'étranger qui lui prend son fils, le désespoir la gagne et même la folie lorsqu'elle apprend la mort de son fils par l'appel téléphonique d'un policier lui disant qu'il reste peu de choses et que ce qu'il y a est noir de suie, elle n'aura plus qu'un seul but : retrouver le coupable et pour cela, elle va errer sans fin.
Dans ce roman, Laure Naimski nous parle de l'impossibilité parfois à communiquer et de l'incompréhension entre les êtres qui peut ensuite en découler. C'est également un grand roman sur la solitude, un roman douloureux où le désespoir, dans des chapitres courts, des phrases concises, des mots incisifs, est très bien décrit : une écriture chargée d'émotions pour un petit livre de 136 pages.
Merci à Babelio et aux éditions Belfond qui m'ont permis de découvrir cette auteure.
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Un tour de force que je vous recommande sans hésiter !
La guerre en soi est un texte fort, touchant, sobre, dénué de tout pathos, dans lequel la mort règne en maître.
La narratrice semble, dans la première partie, ne ressentir aucune émotion, en tout cas, elle ne les partage pas.
Elle veut nous faire croire, à travers un récit froid et concis, ramassé, parfois de façon presque kaléidoscopique avec des paragraphes qui se suivent mais ne se ressemblent pas, un peu comme l’esprit embrumé et perturbé de la narratrice, qui fait comme si elle ne souffrait pas, alors qu’au contraire ce manque de naturel, de communication, cette analyse et ces descriptions froides, presque cliniques, nous prouvent à quel point la protagoniste fait tout pour atténuer cette peine indicible, celle de la perte de son enfant, de son mari et de ses parents.
La première partie est comme une anesthésie des sens qui lui donne la force de continuer…
La narratrice a sûrement imaginé qu’en niant la douleur extrême qu’elle ressent, celle-ci pourra être atténuée…
Trois parties en crescendo.
La seconde se concentre sur la mort de la mère de Louise, la troisième sur le long enfer qui a conduit à la perte de son fils.
Une thématique sous-jacente : celle des migrants, des difficultés auxquelles eux et ceux qui les aident sont confrontés, dans une quête aussi dangereuse qu’existentielle.
Nous assistons à la lente mais sûre descente aux enfers d’un jeune, perdu, qui cherche à donner un sens à sa vie et ne se reconnaît plus dans les valeurs de sa propre famille.
Un ouvrage qui se termine sur une note d’espoir, ténue, mais bien discernable.
Un véritable coup de cœur pour ce texte pur, sobre et très bien écrit.
Au-delà de la tragédie, celle de la perte des êtres chers, reste la vie et la force de survivre...
Une bien belle leçon !
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