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Clément Duprest, brillant étudiant en droit, intègre la police nationale en 1942. Contrairement à certains de ses collègues, Duprest ne « fait pas de politique » : il va se contenter de mettre au service de ses patrons son intelligence et son sens de l'observation. Au sein de la « brigade des propos alarmistes », il est chargé de repérer et de neutraliser les individus hostiles à Vichy... Ainsi commence la longue carrière d'un fonctionnaire que certains diraient irréprochable. Duprest sera mêlé, au cours de sa vie, à nombre d'événements qui ont marqué la chronique.
Didier Daeninckx, à travers les faits et gestes quotidiens d'un salaud tout à fait ordinaire, nous invite à revisiter quarante ans d'histoire française, depuis la rafle du Vél' d'Hiv jusqu'à la candidature de Coluche à l'élection présidentielle de 1981 : Occupation, Libération, décolonisation, affaires politico-mafieuses, mouvements étudiants, grèves ouvrières, répression policière... Comme dans Meurtres pour mémoire, le savoir-faire du romancier s'appuie à la fois sur une analyse très fine des comportements humains et sur une multitude de détails véridiques, qui rendent captivante cette traversée du dernier demi-siècle.
Clément Duprest, après des études de droit, a brillamment passé le concours d’inspecteur de police. Il est affecté aux Renseignements généraux, dans les Brigades spéciales, sur l’île de la Cité et… nous sommes sous l’occupation allemande, en plein procès de ceux que les autorités appellent des « terroristes ».
Itinéraire d’un salaud ordinaire, titre fort éloquent choisi par Didier Daeninckx, est lancé et nous allons suivre cet homme jusqu’à sa retraite. Ce salaud ordinaire suit un parcours pas ordinaire à cause de tous les événements qui ont fait l’Histoire de notre pays pendant près d’un demi-siècle. C’est une plongée au cœur de ces années, un rafraîchissement de la mémoire ou l’occasion d’apprendre de bien intéressantes informations sur l’arrière-cour de ce qui a fait la vie politique de notre pays.
Didier Daeninckx détaille bien les méthodes de ces policiers qui surveillent tout, la vie privée en particulier, ce qui permet, si nécessaire, d’exercer des pressions, d’obtenir une collaboration, d’infiltrer un réseau… pour le meilleur ou pour le pire.
Le pire est à l’ordre du jour puisque la police française fait du zèle afin de plaire à l’occupant. Duprest ne peut rien faire sans prendre des notes. Rien ni personne ne lui échappe, même les êtres qui lui sont les plus proches, son épouse, son fils !
Ce fichage maximum amène à la fameuse rafle du 16 juillet 1942. J’ai cru revoir les images du film de Robert Guédiguian, L’armée du crime, lorsque l’auteur décrit, raconte cette opération qu’on a osé nommer « vent printanier ». Après la rafle, plus de tailleurs, d’ouvriers pour la confection afin de fournir l’occupant… Le Syndicat corporatif des confectionneurs demande à la police de récupérer toutes les machines dans les appartements vides. Terrible période à n’oublier jamais !
Un collègue de Duprest résume ainsi la politique du moment : « Je suis d’accord pour que l’on soit sans pitié contre les juifs, les communistes, les francs-maçons, toute la racaille qui a abaissé le pays, mais pas pour que l’on s’en prenne à l’esprit gaulois. »
La presse, la radio, les journalistes sont sous une surveillance étroite mais quelques-uns résistent au sein de la police et lorsque le vent tourne définitivement, ils sont de plus en plus nombreux. Duprest est interné à Fresnes, comme Tino Rossi, Sacha Guitry et bien d’autres qui s’en tireront ou pas, suivant les appuis qu’ils auront pu se créer.
Réintégré assez rapidement dans la police, Duprest reprend son travail de salaud ordinaire, exerçant même au Maroc, fichant Brassens avant de plonger dans la lutte contre le FLN, en pleine guerre d’Algérie.
Lorsque mai 68 bouleverse la France, Duprest utilise même son fils pour infiltrer les groupes d’étudiants qui tentent d’inventer une société différente. Tout cela nous amène jusqu’à l’élection de François Mitterrand, en 1981 lorsque, nouveau retraité, Duprest reconnaît un certain René Bousquet parmi les invités de la garden-party de l’Élysée, le même qui donnait des ordres pour la grande rafle de juillet 1942…
Chronique à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Ce livre est magnifique à lire, il retrace avec beaucoup de détails historiques réels, l'histoire d'un policier au sein des RG. Le lecteur découvrira la face cachée du monde du renseignement, et sera ébloui par les talents de l'auteur pour nous plonger dans les événements qui ont marqués notre histoire.
Basé en deux parties, la période de l'occupation, puis les républiques, ce roman est facile à lire, les sentiments humains sont très présents, car plus qu'une carrière, on suit aussi la vie d'un homme. Ne manquant pas d'humour, l'auteur fait passer les moments trop difficiles.
Bref ce livre est un chef-d'oeuvre de la littérature, il faut le découvrir absolument... J'ai longuement hésité pour le classer entre le roman historique et le roman policier, puis finalement je l'ai rangé dans la rubrique littérature, car à mes yeux ce roman en a toutes les lettres de noblesse.
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