"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
119 poèmes en prose pour se lever bon pied bon oeil, sautiller entre les flaques et regarder attentivement les choses : voilà ce que propose le jeune Guillaume Siaudeau très clair sur ses intentions :
« La poésie est partout. Elle ne se cache pas. Je pense qu'elle se cueille plutôt comme un fruit. Elle ne connaît ni rareté, ni pénurie. Elle est accessible à tous, il n'y a qu'à se servir. Vous seriez étonnés de voir jusqu'où on peut la trouver. Jusque dans quels recoins paumés. Elle ne se cache pas, mais ne s'expose pas non plus. Il suffit d'ouvrir l'oeil, mais le bon. Chacun de nous est poète. Qu'il le veuille ou non. Certains poètes écrivent, d'autres chantent, d'autres encore bricolent des bagnoles ou font du canevas. Contrairement aux idées reçues, la poésie ne s'apprend pas à l'école. Elle n'est pas forcément en rimes, et écrite par des vieux Monsieurs avec des barbes blanches (même si ça peut arriver). Elle ne s'écrit pas forcément à la plume d'oie. J'ai lu des poèmes majeurs écrits au couteau sur des troncs d'arbre.
Elle reste tellement mal connue qu'il est plus facile de dire ce qu'elle n'est pas. Tout ça n'engage que moi, bien sûr. Elle n'est pas où on l'attend. Elle n'en fait pas des caisses. Elle ne se maquille pas. Elle n'a pas la peau lisse. Elle ne préfère pas forcément y aller à pied plutôt qu'en voiture. Elle ne se rend pas. Elle ne mord pas toujours. Parfois. Elle ne pique pas toujours. Parfois. Faites attention quand même.
Pour finir, je vais vous donner mon coin à poésie. C'est comme un coin à champignons, mais avec des poèmes. Dans le monde des champignons, ils n'aiment pas trop indiquer les bons spots, mais la poésie, elle, n'a rien à cacher.
Mon meilleur spot, c'est l'ennui. L'ennui est sans doute l'endroit où j'ai trouvé le plus de poésie. Je n'ai jamais eu peur de l'ennui. Je lui voue même une certaine forme d'admiration. Pour toutes ces raisons, je lui devais bien cette inauguration. »
Lien : http://www.livresselitteraire.com/2018/03/inauguration-de-lennui-guillaume-siaudeau8.html
Loin du classique, des rimes et des vers bien ordonnés. La poésie n'a d’ailleurs pas besoin de cela pour en être et je pense que c'est encore comme ça que je la préfère. Une poésie qui n'obéit à aucune contrainte, qui ne demande qu’à vous porter dans un univers fleuri d’une langue qui vous happe, qui se fait l’éclaircie d’une journée maussade. Guillaume Siaudeau joue avec la langue pour nous offrir tour à tour un peu de mélancolie chassée par un humour délicieux où la touche de folie vient chatouiller nos zygomatiques.
Il façonne le quotidien en quelques lignes à peine. Pas toujours rose, pas toujours gris non plus. Le quotidien comme nous le vivons, simplement, durement, follement. Un quotidien parfois ennuyeux. Mais c’est beau l’ennui. Ça s’observe l’ennui, ça se vit. Ça se savoure. Et l’auteur l’a bien compris, il en fait sa base dans ce recueil.
Petites attentions, petits riens. Ode à la nature, à nos villes, à la vie, à l’homme, à son incohérence aussi. Hymne à l’amour, à la tristesse, à ces rêves qui accompagnent nos nuits et nos vies. Déclaration d’amour au temps qui passe, qui s’enlise, qui s’emballe. Oui Inauguration de l’ennui est tout ça à la fois. Je ne vous raconte pas la complexité de vous choisir certains extraits plutôt que d’autres. Ils se dégustent tous avec le même appétit. Ce recueil est comme un petit bonbon que l’on garderait en bouche pour en saisir l’explosion des saveurs sucrées.
Et j’étais tellement bien au creux de ces pages que j'ai dévoré dans un premier temps chaque poème. Frénétiquement. Je ne pouvais plus m’arrêter. Je m’enfilais shoot de poème sur shoot de poème. J’étais accro. Arrivée à la dernière page, je l'ai refermé, je me suis servie un verre de vin. Je l'ai rouvert et je l'ai savouré, par petite touche, jusque tard. Il a accompagné mon insomnie. Et c'est une certitude, là, entre les draps froissés, j'étais vraiment bien accompagnée.
Je pense que cette nuit-là, en lisant ce recueil, mais encore plus en lisant son mot de fin "Lignes de fuite" qui est tel un poème, je suis tombée définitivement en amour. D'une plume, d'un verbe, d'un style brodés avec l'ennui.
Et que vive l'ennui !
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