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De Viktor Chklovski, qui fut l'un des grands animateurs du formalisme russe, plusieurs livres ont été traduits en français : livres de théorie ou récits autobiographiques, ils ont paru chez divers éditeurs (Gallimard, Champ Libre, L'âge d'homme, L'esprit des péninsules) et sont tous des écrits de jeunesse, écrits dans le feu de l'action. Avec Il était une fois, le mouvement autobiographique est différent, puisqu'il s'agit d'un livre écrit au début des années soixante, autrement dit au soir d'une vie longue et mouvementée (1893-1984). C'est un peu comme si, profitant d'un moment de relatif dégel, Chklovski avait voulu transmettre aux jeunes générations d'Union soviétique, l'esprit même de ses années de jeunesse. Mais au lieu de suivre un pas nonchalant ou rêveur, les souvenirs se télescopent : le Saint-Pétersbourg de
l'enfance, sous les tsars, la révolution de 1905, et deux révolutions de 1917 (février et octobre), la guerre civile, les soirées littéraires de l'avant-garde, il y a d'un événement à l'autre et d'une anecdote à l'autre comme une excitation électrique, une impatience à raconter qui donnent au livre le charme d'un voyage fait de zigzags et de cahots. Mais la grande affaire du livre, c'est au fond l'amitié, ce sont les portraits souvenirs de ceux que Chklovski a croisés et avec qui il a partagé espoirs et déceptions : Blok, Maïakovski, Tynianov,
Gorki ou encore l'étonnant Baudoin de Courtenay, père des formalistes russes.
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