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Dans ce nouveau roman d'Andrei Astvatsatourov, nous retrouvons le héros des Gens à nu et de Souvenirs dans les poches. Dans la première partie, ce professeur de littérature, véritable névrosé urbain, toujours aussi malchanceux en amour, débarque à Londres pour retrouver sa copine, une chanteuse bien en chair, mais aussi en silicone, et bascule sans le vouloir dans une intrigue policière tout aussi farfelue qu'improbable ! Évidemment, il n'est en aucun cas lié à cette affaire mais, de fil en aiguille, il se retrouve contraint de fuir, de se cacher, et même de devenir trafiquant de drogue ! Avec sa candeur habituelle, son air benêt et son éternel cortège de casseroles, Andrei invite le lecteur dans son univers d'éternel perdant, à la fois pathé- tique et sympathique.
Une fois retourné à Saint-Pétersbourg, dans la seconde partie du livre, Andrei nous plonge dans son quotidien de professeur d'université, décrivant son entourage et son environnement à la manière d'un aventurier étudiant la faune et la flore sauvages. Ce patchwork de personnages donne au roman un caractère marquant et inoubliable : entre l'éminent professeur dont le cadavre est retrouvé dans un bordel, le recteur de l'université, dont la seule mission est de déboucher les toilettes de sa fac, la serveuse qui endort le personnel enseignant de son « délicieux café » alcoolisé, on ne s'ennuie jamais...
En plus d'être une intrigue prenante et distrayante, ce livre est également un pamphlet qui défend le droit à l'erreur, à la maladresse, revendique le fait d'avoir des failles, comme toute créature sur terre : « Le monde est absurde, étrange, irrationnel, anecdotique, à l'image des créatures qui l'habitent. Nous sommes tous un peu des pélicans, beaux dans le ciel de nos fan- tasmes, un peu drôles à regarder une fois sur terre. » Le pélican est véritablement l'animal totem de cette histoire, on le trouve partout : il est sur le tee-shirt d'une fille rencontrée par hasard, dans le menton d'une collègue de travail... Partout, sauf dans l'enclos du zoo de Londres, dont la pancarte met en garde le passant : « Défense de nourrir les pélicans. » Dans cet enclos, on peut y voir des canards, des cygnes... Mais point de pélican.
Le roman est construit de manière enchâssée, non linéaire, faisant se succéder des flash-backs, des souvenirs et des moments de réflexion intérieure, comme des monologues ou les notes éparses d'un philosophe un peu fou, entrecoupés d'épisodes érotiques vains, le tout constituant une pensée fluide et imagée. On se déplace dans les méandres de cette histoire en zigzaguant. C'est souvent drôle, la plupart du temps aux dépens du narrateur, mais c'est beau aussi, comme le vol d'un oiseau.
Roman surprenant pour lequel je me trouve bien en peine au moment de rédiger ma chronique.
Le personnage principal, Andreï Alexeïevitch, est professeur de littérature étrangère à Saint-Pétersbourg. À la demande de Katia, sa pétulante petite amie, il commence par tout quitter pour la rejoindre à Londres où elle a besoin de lui pour l'aider à se sortir de quelques ennuis. À son retour en Russie, il se retrouve lui-même en fâcheuse posture vis-à-vis de l'université qui l'employait.
J'ai eu l'impression qu'il ne se passait pas grand-chose entre les nombreuses digressions érudites d'Andreï et de ses collègues, me demandant ce que l'auteur avait voulu délivrer comme message. Dès son retour dans sa mère-patrie après l'intermède britannique, le milieu universitaire est au centre de l'histoire qui devient presque comique tant les sujets traités se placent à une hauteur difficile à appréhender pour le commun des mortels auquel j'appartiens. On peut lire par exemple qu'un éminent enseignant avance une typologie des écrivains, la seule valable selon lui, dans laquelle Huxley serait un particulariste radial et Virginia Woolf une holiste tangentielle, alors qu'un non moins éminent confrère n'hésite pas à se lancer dans une conférence sur la problématique du temps dans l'esthétique du romantisme, qu'il ne pourra d'ailleurs mener à son terme en raison d'un saignement de nez – il y a une justice tout de même.
Les références à la culture et la littérature Russe, souvent obscures, ne manquent pas, et les notes de bas de page explicatives sont légion.
Heureusement, pour nous éviter une surchauffe neuronale, les apparitions de Katia nous ramènent régulièrement à un niveau se situant nettement plus au ras des pâquerettes.
La construction m'a également quelque peu perturbé, ayant eu du mal par moments à suivre le fil chronologique du récit, dérouté par les retours en arrière peu évidents à situer dans le temps qui jalonnent le texte.
Et malgré tout, il y a dans ce roman une saveur particulière qui m'a fait beaucoup apprécier cette lecture. Je me suis laissé prendre par l'originalité de cette oeuvre singulière, par l'écriture dynamique de l'auteur, et par un attachant antihéros qui cherche des réponses à d'innombrables questions existentielles, et voit des pélicans partout.
Petit détail qui a son importance : la présentation du livre est très agréable.
Merci aux Éditions Macha pour cette surprenante découverte.
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