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Bien loin de constituer un ouvrage isolé dans la production de Max d'Ollone, Hymne appartient, avec L'Été, Sous-bois et Pendant la tempête, à un ensemble de quatre choeurs réalisés dans le contexte particulier du concours pour le Prix de Rome. Institué en 1803, supprimé dans la foulée des événements de mai 1968, ce dernier fut pendant plus d'un siècle et demi le plus convoité des prix français de composition musicale. Organisé par l'Institut, il garantissait à ses lauréats, à défaut de l'assurance d'une future carrière sans embûches, du moins l'entrée par la grande porte dans le monde artistique et quelques années de pension en Italie, dans le cadre prestigieux de la villa Médicis. De fait, bien peu résistèrent à l'attrait de cette récompense susceptible de marquer avec éclat l'aboutissement de longues années d'études. Même parmi les représentants les plus progressifs de l'art français tels Berlioz, Debussy ou Ravel, on s'appliqua à répondre aux attentes plutôt conservatrices de l'académie des Beaux-Arts. C'est à partir de 1894 que d'Ollone se présenta aux deux épreuves qui constituaient alors le concours. La première, éliminatoire, consistait en la réalisation sur une semaine d'une fugue et d'un choeur avec accompagnement d'orchestre sur un poème donné, la seconde en la composition d'une grande cantate pour trois voix solistes, à l'image de cette Frédégonde avec laquelle il remporta son premier grand prix.
Une fois n'est pas coutume, c'est sur un texte d'origine liturgique que d'Ollone eut à plancher lors de sa deuxième participation en mai 1895. Le poème de Racine proposé aux candidats était tiré des Hymnes traduits du bréviaire romain, oeuvre de jeunesse connue pour avoir inspiré à Fauré son célèbre Cantique de Jean Racine (1865). Mais là où ce dernier nous laisse un chef-d'oeuvre de retenue et d'intériorité méditative, le premier se révèle éminemment plus vigoureux et démonstratif, dans un registre aux accents presque lyriques, plus proche de la scène que de la tribune. Ainsi, au-delà d'une évidente filiation entre ces deux compositeurs âgés de vingt ans, il nous est permis de mesurer le fossé séparant les deux grandes institutions pédagogiques qu'étaient l'École Niedermeyer et le Conservatoire. Pour autant, on ne saurait parler ici de rupture ou de révolution : dans son Hymne, d'Ollone s'avère avant tout soucieux de répondre aux exigences du concours et prend soin de respecter la grande tradition académique en soumettant un ouvrage à la fois élégant et équilibré. Certes, l'oeuvre ne saurait figurer parmi les plus avancées de son auteur, mais elle n'en séduit pas moins par la simplicité tout en souplesse de son écriture vocale, notamment en sa partie centrale réservée aux voix solistes, et que vient souligner un accompagnement aux couleurs variées, unifié par un motif dynamique énoncé dès les premières mesures. Sans nul doute, autant de raffinements ne sauraient que plaider en faveur de ce répertoire méconnu...
Cyril Bongers
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