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La guerre franco-française de quarante ans.
Du soulèvement de 1793 à la tentative désespérée de la duchesse de Berry en 1832, Emile Gabory raconte les grandes heures de la guerre de Vendée sans oublier de peindre les chefs qui l'ont incarnée - La Rochejaquelein, Charette, Bonchamps, Cathelineau, Stofflet...- et leurs antagonistes républicains, comme le redoutable Turreau et ses colonnes infernales, Hoche, Kléber ou encore le général Lamarque. Ecrit d'une plume alerte, ce grand récit, introuvable depuis longtemps, reste considéré comme une référence incontournable.
Le 12 juillet 1790, l’Assemblée constituante, se montrant plus antireligieuse qu’anti-monarchique, vote la « Constitution civile du clergé ». Evêques et prêtres seront élus par le peuple et devront prêter serment de fidélité à la République. Le clergé se retrouve aussitôt partagé entre « jureurs » et « réfractaires ». Bien qu’au départ très favorable à la Révolution, le petit peuple vendéen rejette « les jureurs » et à l’automne 1790, les premiers troubles éclatent dans le bocage vendéen. Des pétitions pleuvent, réclamant le retour de la liberté de culte. En vain. En août 1791, un décret permet de fondre les cloches des églises pour en faire des pièces de monnaie. Bientôt les paysans refusent de payer l’octroi, déplorant que la révolution qui avait promis de réduire les impôts n’ait fait que les augmenter. Les processions et les pèlerinages sont interdits. Des chapelles sont détruites. Et le 27 mai 1792, le pouvoir décrète la déportation de tous les prêtres réfractaires qui sont embarqués en Espagne ou en Angleterre. Les premières tentatives de révolte sont des échecs noyés dans le sang (500 morts à Bressuire). Et finalement, c’est la conscription et la levée en masse de 300 000 hommes qui mettra vraiment le feu aux poudres. Les Vendéens s’arment de fourches et de faux retournées et vont chercher dans leurs châteaux les quelques nobles un peu versés dans l’art militaire pour les mettre à leur tête. Ainsi Charette de la Contrie parvient-il à s’emparer pour un temps de Pornic. Puis ce sont d'Elbée, Bonchamps, les Sapinaud, La Rochejaquelein et tant d’autres qui se retrouvent contraints de suivre le mouvement. Ainsi débutèrent les guerres de Vendée qui s’achevèrent par le fer et par le feu sous les coups des terribles colonnes infernales de Turreau qui avait l’ordre écrit de la Convention de ravager le pays, de détruire les récoltes et les habitations et de trucider ceux qu’ils appelaient des « bandits », mais aussi les vieillards, les femmes, pour qu’elles ne produisent plus de rebelles, et les enfants, pour qu’ils n’aient jamais l’idée de venger leurs parents…
« Histoire des guerres de Vendée » est un essai historique d’une très grande qualité, précis, parfaitement documenté, antérieur aux travaux de Reynald Secher, l’historien contemporain qui fit le plus pour ramener à la surface l’histoire d’un génocide longtemps mis sous le boisseau. En effet, le « populicide » programmé, organisé, planifié par le comité de salut public et la Convention, fut doublé d’un « mémoricide ». Mais la vérité, même bien cachée au fond de son puits, finit un jour ou l’autre par revenir à la surface. Dans cet ouvrage qui est le condensé d’une œuvre monumentale de sept tomes, Emile Gabory ne fait qu’énumérer des faits tous indiscutables. Tout comme les Etats-Unis se sont construits sur le sang des Indiens, la République Française s’est établie sur celui des peuples de l’ouest qui avaient osé revendiquer la liberté de culte et donc s’opposer aux révolutionnaires. Il ne cache pas les nombreuses erreurs stratégiques que firent les Vendéens manquant de vigilance, d’organisation et de coordination. Il montre également le peu d’efficacité de l’aide des émigrés et du soutien de l’Angleterre (catastrophes de Quiberon et de l’île d’Yeu), la veulerie des princes, sans oublier le fatal franchissement de la Loire dans l’espoir fallacieux de faire alliance avec les Chouans de Bretagne et de Normandie et d’atteindre un port pour pouvoir continuer la lutte. Une « Virée de Galerne » qui sera aussi sanglante que fatale. Gabory termine cette tragédie avec la folle initiative de la duchesse de Berry en 1832 qui s’achèvera aussi dans le sang et enterrera pour toujours toute velléité de révolte dans l’Ouest. Entre temps, Napoléon avait ramené la paix religieuse en promulguant le Concordat. Un ouvrage majeur sur le sujet.
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