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Avec en toile de fond l'Amérique provinciale des sixties, la chronique truculente du passage à l'adolescence du jeune Felix. Bourré de tendresse et de nostalgie, un roman d'apprentissage à se tordre de rire.
1964, dans la petite ville de Three Rivers, Connecticut.
Felix, 10 ans, fréquente l'école catholique St Aloysius, où sévissent entre autres la très psychorigide soeur Dymphna et Rosalie Twerskie, première de classe et du poil aux pattes : le genre de pimbêche à lever le doigt avant la sonnerie pour s'assurer qu'il n'y a pas de devoirs, juste au cas où. Le soir, après la classe, Felix retrouve le
diner famililal et tente tant bien que mal de faire ses devoirs, tout en admirant, crayon à la bouche, le poster de la star de cinéma Annette Funicello, qui, pour la plus grande fierté de ses parents, est une cousine éloignée...
Mais un jour, tout dérape. À cause d'une sombre histoire de paille, de boulettes de papier et de chauve-souris, soeur Dymphna finit délirante sous un bureau et se voit envoyée en maison de repos. Débarque alors l'incroyable Madame Marguerite, québécoise, pull-over rouge moulant, talons hauts et jupes fendues : le genre exotique pour les environs. Et comme les bonnes nouvelles n'arrivent pas seules, elle est suivie de près par Zenhya, jeune fille russe au caractère bien trempé, un franc-parler saisissant, déjà du monde au balcon, et une éducation sexuelle très avancée.
Et Felix Funicello grandit, et Felix Funicello s'émerveille. Entre la découverte des baisers à la française, les premiers frissons de l'école buissonnière, la jouissive descente aux enfers de Rosalie Twerskie et le si énigmatique parfum " Cognac " de la prof, le CM2 du jeune garçon sera grandiose, et la fête de fin d'année inoubliable. Qui sait, peut-être pourra-t-il voir Annette autrement qu'en poster ? Et l'embrasser pour de vrai ?
Si vous avez envie d’une petite récréation au milieu des récits de guerre, de drames à répétition ou encore de descriptions de la misère sociale, alors je ne peux que vous conseiller de suivre le jeune Felix.
D’abord parce que après Nous sommes l’eau (disponible au Livre de Poche), Wally Lamb prouve une nouvelle fois l’étendue de son talent, même si cette fois nous sommes dans un registre beaucoup plus intimiste et après parce que le point de vue d’un jeune Américain de dix ans sur la vie au Connecticut sous la présidence de Lyndon Johnson est un régal d’humour, empreint de charmante naïveté.
Nous voici donc sur les bancs d’une école privée catholique au de début de l’année scolaire 1964-1965. Felix y affronte la « Dymphnette », surnom donné à la religieuse chargée de leur éducation.
Mais pour l’heure, ce sont surtout les prestations médiatiques qui excitent le jeune garçon : « Ma mère venait d’apprendre que sa recette de « Shepherd’s Pie Italiano » l’avait propulsée en finale du concours de cuisine Pillsbury dans la catégorie « plat principal » et elle allait passer à la télévision. Ce qui serait bientôt mon cas aussi puisque, avec mes camarades des midshipmen, nous étions invités au Randy Andy Show, une émission régionale de la troisième chaîne. Deux faits d’armes donc, le troisième étant que ma cousine au troisième degré du côté de mon père était une vedette. »
Je vous laisse apprécier le récit de cette double prestation familiale qui va virer au fiasco, le temps de souligner que les épisodes loufoques vont dès lors s’enchaîner pour le plus grand plaisir du lecteur.
Car voici que l’équilibre psychique de sœur Dymphna vacille. Certes, les sœurs aînées de Felix, Simone et Frances, ont déjà pu mettre leur frère en garde, ayant chacune déjà dû subir les foudres de l’enseignante. Mais quand une chauve-souris fait irruption dans la classe, elle perd définitivement la tête et doit finir en maison de repos.
Du coup, un nouveau personnage haut en couleur va faire leur apparition : la remplaçante canadienne et laïque de sœur Dymphna qu’il faut appeler Madame Fréchette et qui, entre autres atouts, offre son tour de poitrine généreux à ses élèves. De quoi motiver un jeune pré-pubère à se lever tous les matins.
D’autant qu’une nouvelle surprise l’attend, une nouvelle élève d’origine russe. « Zhenya Kabakova a d’emblée conquis Mme Fréchette, sans doute en raison de leurs points communs : toutes deux bizarres, toutes deux étrangères, toutes deux incroyablement joyeuses malgré le statut de seconde classe que leur milieu leur avait attribué – dans le cas de Zhenya, ses « comrades » de classe et dans celui de Madame, les sœurs de la Charité. »
Sa nouvelle camarade de classe, exotique et délurée, n’a pas sa langue dans sa poche. Certes, il faut un peu de gymnastique intellectuelle pour la comprendre. Mais du coup, elle réussit à faire rire même avec un serment d’allégeance : « Je jure la ligeance au chapeau des Tas Zunis d’Amérique »
Le récit va culminer en apothéose avec le spectacle de Noël qui, on s’en doute, ne ressemblera pas au traditionnel – et ennuyeux – spectacle offert aux parents d’élèves. Mais n’en disons pas plus, sinon que vous allez, là encore, beaucoup vous amuser.
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