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La forêt me dévore, me happe, désagrège toutes mes défenses. Elle m'assomme par sa densité, les milliers d'arbres alignés devant moi s'empressent de me voler quelque chose que je ne veux pas leur donner.
Que fait Louise, artiste plasticienne, un peu photographe, un peu dessinatrice, dans cette équipe de scientifiques dont la mission est d'explorer le parc El Manu, jungle amazonienne péruvienne et d'y collecter des espèces inconnues, menacées quelquefois, dans des conditions extrêmes. Pourquoi les a-t-elle rejoints et que vient-elle chercher ? Il y a bien sûr un travail artistique sur le végétal qu'elle veut mener à bien, mais très vite d'autres raisons, plus obscures, se dessinent. Il y a Joachim, le chef de l'expédition, avec lequel se noue une relation intense, secrète et toute en retenue. Il y a le passé, douloureux, émaillé de deuils, d'absence et d'abandons. Il y a aussi la quête, trouver enfin une forme d'apaisement, de réconciliation avec soi-même, avec la vie tout court.
La forêt, la selva, se déploie tout au long du livre. Elle est inquiétante, protectrice, matricielle, elle engloutit autant qu'elle rejette, elle met à nu et peut tuer aussi. Elle envoûte ceux qui la pénètrent et tentent de se mesurer à elle. Louise marche, respire, se fond dans cet océan vert et nous marchons avec elle, nous respirons, nous cheminons derrière elle. Comme elle, nous observons le lent et puissant assaut des plantes vers la lumière, le combat pour la survie, la tentation de la disparition.
Blandine Fauré, avec ce premier roman d'une exceptionnelle maîtrise, nous embarque dans une aventure intérieure, long chemin vers la rédemption, et dans une aventure unique, digne des grands récits initiatiques, où se mêle la découverte toujours juste d'un biotope inconnu, menacé, et clos sur lui-même.
Grâce aux 68 Premières Fois, j’ai lu et aimé, beaucoup aimé, le premier roman de Blandine Fauré, « Faune et flore du dedans » paru chez les éditions Arlea.
Après avoir rencontré Joachim dans son bureau universitaire, Louise part avec lui et son expédition dans la forêt amazonienne afin d’y répertorier la faune et la flore. Louise y va en tant qu’artiste photographe. Mais Louise y va pour une autre quête: celle de l’oubli…
« L’envie de déchirer méthodiquement les pages qui les composent parcours mon épine dorsale d’un frisson, comme une main glacée qui remonterait jusqu’à la nuque. T’oublier. Effacer, tirer un trait. Renoncer. Se préserver du plaisir, de la souffrance inévitable. Retrouver le calme plat de l’être sans attente, sans désir. Si tant est que j’aie déjà connu, un jour, cet état. »
« Faune et flore du dedans » est un très beau roman et pour moi, c’est un roman sur la résilience. Louise a toujours dû rebondir dans sa vie et ce très jeune avec les abandons récurrents de sa mère, la mort de celle-ci, l’éducation de son frère et sa sœur, sa rupture avec Igor son grand amour. Et quoi de mieux que de s’enfoncer dans la forêt amazonienne, lieu hostile et totalement inconnu pour Louise où le moindre petit écart peut entraîner la mort. Blandine Fauré nous dévoile au fur et à mesure les blessures, les fêlures de Louise afin de comprendre pourquoi elle s’est enfuie avec cette expédition si loin de son propre univers. Cette forêt si dense va lui permettre, et à Joachim aussi, de se reconstruire, de trouver un nouveau sens, de s’affranchir de ce passé si douloureux pour en faire au final une force si particulière. La faune et la flore nous permettent de nous renforcer, de puiser dans leurs propres forces pour en faire la sienne.
L’auteure nous décrit son personnage Louise comme forte, mais quand le narrateur devient les carnets d’un homme, Louise apparaît comme elle est réellement: timide, perdue, sensible. Cette deuxième narration apporte un souffle au récit, un deuxième regard à cette expédition, une réponse à beaucoup de questions et on y découvre une autre Louise. Dans « Faune et flore du dedans », la nature est un des personnages principaux: elle permet aux personnages de se révéler réellement, de ne plus tricher le temps de l’expédition en son cœur. D’ailleurs, l’auteure commence ses chapitres par un mot botanique dont elle donne la définition, mot qui s’accorde aussi bien à la nature qu’à l’homme. Il y a dans ce roman une grande recherche botanique qui apparaît dans l’œil de la photographe Louise. C’est une vraie découverte de la nature.
Je me suis attachée à tous les personnages de ce roman qui, sans le savoir réellement, apporte une réponse à Louise, à ses questionnements. Grâce à la forêt, grâce à Joachim, grâce à Xavier, Louise va se recentrer sur elle, va affronter son passé, ses blessures, pour mieux avancer dans la vie. En fait, que serions-nous sans la faune et la flore?
A Paris, j'aime flâner le long des allées du jardin des plantes et du musée d'histoire naturelle quelle que soit la saison pour respirer un peu l'air exotique des grandes expéditions maritimes d'antan.
La lecture de faune et flore du dedans de Blandine Fauré m'a procuré le même plaisir d'éloignement et en même temps m'a donné une forte sensation de bien être quand le corps et l'esprit sont à l'unisson.
Le voyage en Amazonie de Louise qui rejoint en tant que dessinatrice et artiste un groupe de scientifiques chargés du recensement des espèces est une magnifique plongée dans son être intime au fur et à mesure qu'elle pénètre dan la forêt, la selva sombre et dense qui abrite dans son giron tout un monde végétal et animal qui la captive : le cri des loutres au loin, de minuscules tortues qui froissent l'eau ou l'envol majestueux d'un héron. Elle n'est plus cette jeune femme blessée par la vie et plaquée au sol par son immense chagrin, Louise est une herbe sauvage et ardente qui prend conscience de sa force intérieure et de sa vitalité.
Le voyage de Louise n'est pas sans embûches et la forêt n'est pas la plus dangereuse car elle est attirée par l'homme qui conduit l'expédition dont elle fait une figure anthropomorphique et le réceptacle de tous ses désirs enfouis.
Au contact de la nature, le coeur de Louise se réveille et bat à l'unisson d'un environnement grandiose qui l'aide à s'épanouir en aiguisant tous les sens de son corps et en faisant éclater le barrage de ses souvenirs cadenassés jusqu'alors par la douleur de la perte et de la culpabilité.
L'écriture au plus près de l'écorce rugueuse des arbres comme elle est au plus près de la sensualité du corps m'a touchée. Elle fait poindre la partie cachée de Louise, la parcelle de terre et de vie que nous détenons tous et que nous devons préserver. J'ai senti la respiration enveloppante du roman et son atmosphère envoûtante et mystérieuse.
J'ai aimé l'image de la forêt amazonienne et de ses strates, la masse sombre de la frondaison des arbres et la lumière de la canopée qui sont comme le nuancier des couleurs de la vie.
Le décor du roman autour de la botanique et de l'amour au sens le plus large m'a enchantée et m'a ouvert les voies vers l'imaginaire des sens et le retour à la nature, une gorgée d'air pur.
Une lecture très surprenante pour ce premier roman. Nous voila dans la forêt amazonnienne avec une équipe de scientifiques qui viennent étudier la faune et la flore, mais nous sommes aussi au plus proche de la narratrice et de ses questionnements : elle va nous parler de cette expédition, de ses amours passées, présentes, de sa famille, de deuil. Une belle écriture poétique, j'ai ressenti la moiteur de la forêt, j'ai aimé certaines pages sensuelles mais ai eu un sentiment de détachement face à ce personnage féminin. de belles pages mais je me suis sentie trop détachée de l'histoire.
Sous ce beau titre énigmatique s'ouvre un roman qui nous emporte au coeur de la forêt amazonienne, et qui nous plonge dans la confusion des sentiments et des temporalités. Un projet artistique, liant photo et dessin, conduit Louise, la narratrice, à se joindre à une mission scientifique en partance pour l'Amazonie. La forêt, étrange, étrangère, hostile, mais aussi utérine et consolatrice, est en quelque sorte le personnage essentiel de l'histoire qui nous est racontée. L'écriture la fouille et l'explore pour en faire émerger son côté organique, matriciel.
Prisonniers de leur passé autant que de leur présent, les humains se régénèrent sous la canopée et c'est eux-mêmes qu'ils découvrent en recensant des espèces inconnues. Chaque chapitre s'ouvre sur une définition de botanique qui donne des clefs d'interprétation en replaçant l'humain en symbiose avec la nature. La poésie sensorielle, fine et sensible, qui irrigue l'intrigue, crée une atmosphère où l'apaisement nait de l'angoisse et de la menace.
Je conserve de cette lecture une impression paradoxale : j'en ai beaucoup apprécié le scénario et surtout l'écriture qui lui donne un ton si envoûtant. Pourtant, je ne suis pas parvenue à m'attacher aux personnages, ni à me projeter vraiment dans l'histoire. Un rendez-vous manqué, donc.
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Bonjour Régine. Comme ta chronique est belle et explicite!!! Merci beaucoup.!!!!Douce et limpide . Une plongée dans la nature et que ça fait du bien!!!!!!