"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Au cours de la dernière décennie, le débat sur l'immigration a pris une place centrale en Occident. Pourtant, la complexité du sujet et l'extrême polarisation des partis pris ont empêché l'émergence d'une vision claire de ses enjeux réels, au moins en matière économique. Entre une ouverture laxiste des frontières et les fantasmes de fermeture totale, l'antagonisme des débats s'est durci. Professeur à Oxford, Paul Collier nous fait quitter les culs-de-sac fondamentalistes pour entrer dans une analyse rigoureuse et implacable des enjeux économiques du phénomène migratoire.
Il montre comment le creusement d'inégalités gigantesques partout dans le monde accélère les flux et risque de déséquilibrer dangereusement les relations entre les pays et le fonctionnement même de nos sociétés. Son immense mérite est de ne pas céder à une vision émotionnelle de l'immigration et d'en examiner les conséquences pour l'immigré lui-même mais aussi pour les pays de départ et d'accueil.
A rebours du discours le plus consensuel, il décrit, chiffres à l'appui, une réalité renversée où ce que l'on présente d'ordinaire comme un progrès revient bien souvent à une précarisation de la société d'accueil, à l'appauvrissement accru des pays de départ et à un monde toujours plus incertain. Exodus est d'ores et déjà considéré comme un classique dans le monde anglo-saxon.
http://encreenpapier.canalblog.com/archives/2023/03/26/39853911.html
L’immigration est bénéfique ? L’immigration est une nuisance ? Les migrants ne trichent pas ? Les migrants payent les retraites ? Tant de discours et de vérités contraires… Difficile de s’y retrouver. Pourtant, loin des discours remplis de pathos ou encore débordant d’idéologie politique, il existe des auteurs qui abordent cette question de manière plus honnête et rationnelle, où l’observation et les études sociologiques se disputent au clientélisme politique.
Pour autant je ne dirais pas que je suis d’accord avec tous les raisonnements de l’auteur ni avec tout ce qu’il avance. En effet, certains points ne tiennent pas compte des dernières découvertes en matière d’immigration, ni de la crise migratoire venue d’Afrique et du Moyen-Orient, et par certain côté je trouve que ce livre a mal vieilli, mais il reste encore beaucoup de choses valables.
Avis général
Bien sûr dans un premier temps, on pourrait avoir par moment l’effet d’un auteur qui enfonce les portes ouvertes. Car en effet certaines choses sont déjà connues et même visibles, par exemple nous savons déjà tous que trop d’immigration ne favorise pas l’assimilation, d’où le fait qu’on lui préfère le multiculturalisme moins compliqué sur le papier mais source de nombreux problèmes identitaires, in fine de tensions. Nous savons tous également que l’immigration déstabilise les sociétés d’accueil et de départ, et les ruine. Néanmoins ce livre va plus loin que les sujets traditionnels normalement abordés dans ce genre de bouquin, enfin il les aborde aussi de manières différentes tous en se reposant sur des études et autres statistiques. En effet, il n’y a pas de pathos dans ce livre, Paul Collier fait preuve de mesure, de raisonnement, de projection, d’hypothèse, de choses établis, quand il aborde cette question migratoire. Certes, beaucoup de personne ont cette approche là, mais sur les livres que j’ai lu je n’ai pas souvenir d’avoir vu des études qui mettent tant à mal l’immigration et qui vont autant en profondeur sur les effets que produit l’immigration.
Pourquoi ils partent :
Mais avant d’en venir aux effets des déplacements de population, l’auteur va nous rappeler en quelques propos qu’elles sont les causes de l’immigration et qu’elles sont les attentes.
Pour le premier point, les causes, sont multiples comme on l’y s’attend : études ; regroupement familiale ; asile ; opportunisme ; fuite de la pauvreté ou de la guerre ; ou encore fuite devant les traditions barbares… les raisons ne manquent point. Quant aux attentes, elles sont généralement l’amélioration du niveau de vie dans l’immédiat ou le futur. Bien que des idéaux plus néfastes ne sont pas à exclure comme les poussées islamiques qui redessinent à l’envie les sociétés évoluées et non musulmanes.
Mais comme va le faire remarquer très vite Paul Collier et outre les choses les plus inavouables, la défaillance des états d’origine et la culture qui les représente, sont les premières raisons des départs. En sus, le peu de perspective professionnelle, le manque de service public et d’infrastructure, se rajoutent à cela, sans oublier sans doute les facilités du droit d’asile. Trop grande facilité, qu'il faut à mon avis franchement réduire.
« Les cultures - ou normes et narratifs - des sociétés pauvres, au même titre que leurs institutions et leurs entreprises, sont probablement la cause première de leur pauvreté. » p.56.
Conséquences :
Une fois cela fait, Paul Collier va aborder l’immigration d’un point de vue plus empirique. Et si vous trouvez dans le passage qui va suivre que l’économie et la culture se côtoient de près, sachez que c’est normal. En effet, puisque les mentalités agissent sur les comportements, comportements qui ont eux-mêmes des répercussions sur le domaine économique au sens large. Par exemple, quand l’auteur avance que l’opportunisme et la corruption qui dominent dans les pays en voie de développement sont sans doute les plus gros obstacles sur la voie du progrès et le bien-être de la population, c’est un exemple pour moi où la culture et l’économie se rejoignent. Puisqu’en effet, si nous prenons en compte les régimes malhonnêtes extrêmement présents dans les pays pauvres (culture), nous allons découvrir dans ces pages que cette corruption engendre à tous les niveaux de la société des défaillances qui se répercutent sur tout le pays (l’économie). La corruption et la mentalité qui va avec, n’encourageant pas en effet le modèle de coopération présent dans nombres de pays développés et qui permet in fine les retombées sociales notamment. Coopération qui facilite à côté le vivre ensemble, le fonctionnement des institutions ainsi que leur efficacité, puisqu’il faut voir la coopération comme une sorte de liant en cuisine. Sans la coopération pas d’acceptation, de cohésion, de compréhension possible, et sans cela impossible de faire fonctionner correctement une (SUITE BLOG)
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