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La recherche photographique de Claude Mollard sur les origines de l'homme se fonde sur la pratique de l'intelligence associative, comparative, mimétique : il part du principe que l'homme est issu de la nature et que cette dernière en renferme donc des traces multiples. Et, avec son appareil, il les repère sur les minéraux et végétaux qui sont bien plus anciens que l'homme. Ce regard contemporain permet ainsi de fouiller les origines du monde : un granit de 3 milliards années, une fougère de 400 millions années, un ginkgo biloba de 100 millions années...
Les mondes naturels - minéral, végétal, animal - laissent apparaître des traces de visages qui ne sont pas sans lien avec leurs structures physiques et leurs apparences formelles. Il ne faut certes pas céder à un déterminisme obtus. Les visages que Claude Mollard distingue dans la nature sont aussi influencés par sa mémoire et sélectionnés à travers les cadrages de la photographie, qui devient alors l'effet de sa propre projection subjective.
Cette quête est obsessionnelle et tente d'épuiser le sujet. La pratique est vieille comme le monde. La paréilodie est une capacité du cerveau et du regard de reconnaître dans le monde extérieur des formes humaines ou animales.
Le regard de Claude Mollard éclaire le comportement de l'homme premier préoccupé de la représentation de son visage. Pendant des millénaires, il a refusé de se représenter lui-même, comme pour éviter de transgresser un interdit.
Si l'histoire consacre une telle importance à l'art du portrait, ce n'est pas sans relation avec la manière dont, vraisemblablement, l'homme primitif a lui-même inventé l'art. L'exercice de vision que Claude Mollard pratique par le cadrage photographique rejoint ce que nous racontent les mythes et les légendes les plus anciennes. Il accompagne le travail des anthropologues, des ethnologues et des préhistoriens. Il découvre une correspondance de formes naturelles dans toutes les manières d'aborder le traitement du visage dans l'art depuis l'aube des temps :
Visage vu de profil, vu simultanément de profil et de face, comme pour relier les deux dimensions, visage vu de face, comme le masque mortuaire des premières cités antiques, et comme le masque théâtral des tragédiens grecs, visage décoré ou voilé, visage reliant les esprits et les hommes des forêts, visage empruntant encore à l'animalité, visage des vainqueurs et visage de l'absent que l'on pleure.
Le livre traite de ces différents points de vue sur le visage des hommes, dans leurs relations avec la nature, en mimétisme avec les traces que leur histoire a pu nous laisser et nous apprendre. Il aborde aussi l'image des matières, substances, structures des objets-êtres de la nature.
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