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Une fois les amarres frappées sur les bollards, et les lamaneurs partis, les matelots du navire à quai installent l'échelle de coupée. Echelle, escale. Dans la Marine, jusqu'au milieu du XIXème siècle, les deux termes étaient synonymes. Pour avoir la même racine : scala en italien. On pouvait noter qu'un armateur comptait faire plusieurs échelles, plusieurs escales. On pouvait désigner des ports méditerranéens comme des Ç échelles du Levant È. Maintenant, on dit seulement escale. Une escale est un lieu où l'on pousse une échelle. Parfois, l'échelle reste à mi-chemin entre la coupée, la "porte" du navire, et le quai. Elle pourra être descendue ou relevée. Parfois, l'échelle de coupée ne servira pas. Les escales des navires sont de plus en plus courtes, dans tous les ports du monde. Les souvenirs des marins qui ont posé leur sac à terre à la fin des années 80 glissent progressivement dans un imaginaire collectif. Dans le monde, 90% des marchandises transportées le sont en mer. Le trafic maritime international n'a cessé de croître, de même que la flotte marchande mondiale, avec une exigence de rendement de plus en plus élevée. Le métier de marin au long cours a changé. Les gens de mer ont changé. Peut-être pas encore tous les regards qu'on leur porte.
Ce livre fait partie de la collection Long cours chez Light Motiv. Il traite de l'escale. Ce moment où le navire est à quai pour l'avitaillement, le seul moment que les marins ont pour toucher terre.
Entre la photographie et le texte, le photographe s'allie à l'auteur du récit pour un voyage dans le milieu des marins, quand ils sont sur le quai, à charger, décharger, soufflant un peu, avant de repartir pour une autre escale.
Le récit nous apprend l'origine du mot, mais surtout nous conte l'évolution du métier et ce qu'il en est actuellement, de manière qui peut être déroutante. Entre poésie et dure réalité, le texte nous mène au-delà des croyances populaires, le milieu des marins ne ressemble pas à ce que l'on s'imagine. La mise en page est cherchée, parfois comme un bloc, un paragraphe, parfois une seules phrase quelques mots en évidence
Les différentes photographies qui accompagnent le récit le suivent, nous racontent, presque sans avoir besoin des mots, non pas les conditions de vie du marin, mais l'ampleur de la tâche, de la vocation.
Certaines photographies sont très réussies, saisissant un visage, travailleur, serein, sûr. Tantôt la salle des machines, tantôt le navire le long du quai, les images sont belles, dans un univers loin d'être magnifique. Le photographe perçoit des instants presque volés au quotidien des marins lorsqu'ils sont à quai, en escale.
Un beau livre que j'apprécie plus pour les photographies que pour le récit. Un travail soigné, des instants immortalisés.
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