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De fin 1978 à 1981, dans Le Matin de Paris, Jean-Michel Gravier signe chaque semaine la chronique la plus drôle et la plus classieuse de toute la presse : " Elle court, elle court la nuit ". À la hussarde, d'une plume libre et moqueuse, tel un Jacques Laurent mâtiné de Jacques Chazot, Gravier invente le nightclubbing. Tandis qu'à Libération le dandy punk Alain Pacadis se fait " reporter de l'underground ", Gravier, préférant le smoking au perfecto, s'enflamme pour une jeune actrice nommée Adjani, applaudit sans fin Diva de Beineix ou raconte une soirée au Palace au cours de laquelle Frédéric Mitterrand, travesti en Lana Turner, chante sur un trapèze... Ne cachant rien de ses enchantements et de ses irritations (Hanin, Boujenah, Elkabach...), il assure, presque à lui seul, le succès du journal.
Au fil de ses quatre colonnes défile tout le show-biz et le gratin d'une époque : Polanski, Hallyday, Deneuve, Gainsbourg, Lio, Michel Berger, Sagan, Yoko Ono, Stéf' de Monac', Coluche, Sylvie Vartan, Patrick Dewaere, Eddie Barclay, mais aussi Alain Souchon ou Katherine Pancol.
Trente ans après, ses papiers offrent le pouls d'une époque de fête, d'excès et de mélancolie proche de l'agonie. Après l'élection de Mitterrand, l'insolence de Gravier ne passe plus. Il ose ridiculiser Roger Hanin, " monsieur beauf ", et les présentateurs télé d'État. Gravier prend la porte. On retrouve brièvement sa petite musique, en 1982, dans les pages du Film français, pendant le festival de Cannes où Gravier est encore chez lui.
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