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Avril, mois de la poussière et des mensonges. Une péniche amarrée à une berge du Nil, au Caire. Chaque soir, s'y réunit la «famille», composée de sept personnes : une traductrice, un écrivain, un critique, un comédien, un avocat, un homme d'affaires, enfin, Anis Zaki, modeste fonctionnaire, mais homme de grande culture, leur hôte à tous, et leur obligé. C'est lui, assisté du vieil Abdu, qui prépare le narguilé. Un jour, une jeune journaliste, Samara Bahjat, se mêle à cette assemblée d'intellectuels désabusés dont elle ne partage ni le goût pour le haschisch, ni le nihilisme, ni l'humour cocasse, ni l'art de la conversation absurde. Et le drame éclate qui les met devant la nécessité soit de renoncer à leur carrière, puisqu'ils la prétendaient futile, dérisoire, soit d'être infidèles à eux-mêmes.
Au bord du Nil, au Caire, quelques péniches sont amarrées. Dans celle-ci vit Anis, un fonctionnaire, et son serviteur. Et surtout, viennent là, presque chaque soir, une nouvelle famille, celle recomposée grâce aux amis, ceux avec qui on fume la chicha, ceux avec qui on refait le monde. Ils sont six ou sept à se retrouver là, depuis longtemps, pour ce rituel immuable que rien ne peut perturber. Mais voilà, l’un d’eux amène avec lui Samara, une jeune femme journaliste. Même si elle apprécie de se retrouver là avec eux, elle ne comprend pas leurs habitudes et leur manque de sobriété, et va les pousser dans leurs retranchements. Eux qui sont prêts à refaire le monde, que sont-ils capables de faire de leur propre monde, celui dans lequel ils se complaisent soir après soir, dans cette facilité de gens qui parlent et critiquent, mais qui au final n’agissent pas.
On retrouve dans ce roman de Mahfouz toute la magie, la lenteur, la richesse de l’orient. Le plaisir de partager, les discussions sans fin sur les sujets de la vie, politique, sentiments, l’amitié forte entre les personnages, jusqu’au point de non-retour. On se sent bercé au rythme lent du Nil qui clapote sous le plancher de la péniche, on voit les bateaux, amarrés là sans bouger, on respire les odeurs du narguilé et les vapeurs embrumées de ces compagnons de bavardages perpétuels. La dérive tient plus dans les mots, les rêves, les paroles, sur ce bateau ancré au bord des rives magiques du Nil, dans ces journées, ces soirées ponctuées par l’appel du muezzin.
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