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La lettre d'une mère à sa fille pour conjurer l'effacement.
Le premier roman d'une poétesse engagée dans les questions politiques, sociologiques et artistiques contemporaines.
Une femme écrit à sa fille, dont la garde lui a été enlevée. Sa longue lettre revient sur les fragilités et les traumatismes qui ont conduit à ce déchirement, mais aussi sur les déterminismes familiaux, sociaux et historiques qui ont conditionné leur existence à toutes deux. Face à la désolation d'un quotidien misérable, face à la violence de l'addiction, se dresse le rempart d'amour absolu qu'une mère a érigé pour sa fille, quitte à la perdre, quitte à se perdre.
C'est la poésie ardente et lumineuse de ce premier roman qui parvient à conjurer la noirceur de son sujet, à sauver une vie infime de l'effacement.
Le roman prend la forme d'une longue lettre en vers et découpée en 16 mouvements. C'est une mère accroc au crack qui écrit à sa fille. Elle lui a été arrachée par les services sociaux alors qu'elle n'avait que quelques mois. Elle l'appelle "Ma douce". Elle veut lui dire son amour, lui expliquer sa déchéance, sa honte et aussi son espoir de la voir grandir et vivre.
"De minuit à minuit" parle de déterminisme social et de l'héritage des traumatismes. Cette mère va, en écrivant cette lettre, casser la chaîne de ce destin inévitable de néant qu'ont connu les femmes de sa lignée.
Ce récit est dur et noir. On comprend entre les mots ce que cette femme a subi dans l'enfance. Elle porte à la fois une voix remplie de rage et de douceur.
Je ne pourrais pas dire que j'ai aimé ce livre mais je ne pourrais pas dire non plus le contraire. En fait j'ai enchaîné plusieurs lectures avec des thèmes difficiles liés notamment à l'addiction et aux traumatismes. Celui-ci était peut-être de trop. Cela n'enlève en rien la qualité d'écriture de l'autrice. La fin de la lettre étant bouleversante et criante d'amour.
Un roman poème qui ne laisse pas indifférent.
La narratrice écrit une longue lettre à son bébé-fille dont la garde vient de lui être enlevée par les services sociaux. Afin de répondre aux questions que la future adulte pourrait se poser sur sa mère biologique, elle revient sur son passé misérable et douloureux et les traumatismes et addictions qui ont conduit à sa déshérence.
Beaucoup de douleur et de désespoir dans ce livre poignant qui reste longtemps imprimé dans l’esprit du lecteur/de la lectrice, bien loin des attentes de lumière que fait naître la 4e de couverture. C’est un texte lucide et féroce qui devrait sans mal trouver sa place sur scène, avec une comédienne qui scandera des mots parfois réalistes, parfois évanescents, toujours noirs et bien plombants.
J’ai vu que l’auteure a déjà publié un livre de poésie, elle reste dans cette veine avec « De minuit à minuit » : écriture en vers libre, structure en mouvements (et non en chapitres), retours à la ligne, pensées qui s’envolent... C’est parfois déroutant mais parfaitement adapté au chaos qu’elle décrit.
Ce livre voyage dans le cadre des 68 premières fois, merci à l’équipe pour cette belle aventure.
Ce texte, c'est d'abord et avant tout une voix, celle d'une mère junkie qui vient de perdre la garde de sa fille encore bébé, et s'adresse à elle, « ma douce », pour le jour où elle osera demander qui est sa mère biologique.
Une voix en seize chapitres nommés très justement « mouvements » tant le texte est mobile, liquide avec sa forme versifiée qui oscille entre prose et vers libres. N'étant que peu habituée à cette forme poétique, il m'a fallu un peu de temps pour m'habituer et que le cri de cette mère me parvienne et que son instinctivité, sa sincérité brute me touche.
« L'écriture surgit de l'absence. Si je trace des plans sur le grand vide, sauras-tu funambuler jusqu'à moi ?
Je me suis dit : le fil, tisse le fil, je me suis dit : tresse le langage,
et la corde
jetée dans l'océan pour que tu puisses franchir le jour.
Il s'agir de vivre.
Aller de minuit à minuit,
encore
et encore
et encore. »
La déstructuration de ces phrases, avec leur syntaxe dérangée par les retours à la ligne, saccade le rythme de lecture pour dire au plus profond la fibre humaine qui anime cette mère déchue dont on découvre le parcours tragique, de l'enfance saccagée à la toxicomanie irréversible. On reçoit immédiatement toutes les nuances des mots choisis avec précision par l'autrice. La liberté de l'agencement des mots répond à la liberté trouvée à écrire, donnant ainsi un pouvoir sur le réel.
« Ils disent qu'on vit sur la colline du crack.
On vit sur le seul bout de terre
qu'ils nous ont laissé.
On crève.
On a l'iris-océan sur la dernière
grève et si la fin vient à venir, s'ils nous chassent
de la colline, on prendra les égouts et le silence de la nuit
pour leur rappeler qu'on existe. »
Le sujet n'est pas l'addiction, même si elle est très présente avec cette « colline du crack - « grand charnier hurlant à l'ombre de la ville des lumières et du pays de l'égalité, de la fraternité et de la liberté » - où vit la mère ; il s'agit avant tout de solitude de l'être, d'une femme, non blanche, née pauvre, à qui Sarah Mychkine donne la parole comme elle la donnerait à quelqu'un qui n'est pas censé l'avoir, une de ses invisibles, marginaux considérés comme un rebut de la société.
« Si tu savais,
je t'aimerai jusqu'à ce qu'ils me tuent,
parce qu'ils finiront par nous tuer,
à menton-poignard
d'indifférence.
Mais je t'aimerai
jusqu'au bout et au-delà encore.
Je t'aimerai pour tous leurs silences, ma douce. »
Le récit se fait rapidement politique car la mère, à la fois martyre et témoin, veut montrer à sa fille la réalité d'un monde qui crée de la violence, maltraite les corps des plus faibles et tolère la misère sociale du moment qu'elle est loin des regards. La mère crie pour être, comme un contre-récit à la déréliction qui l'entoure et la submerge. Elle crie pour s'arracher à sa condition de mère-néant, guidée par cet amour maternel qu'elle crie dans le silence car cette adresse sera forcément sans réponse.
« Pardonne-moi.
J'aurais voulu accoucher de soleils pour que tu te saches plus
grande que l'univers.
Pardonne-moi.
Entre mes cuisses,
il n'y a que poussière. »
Un très beau texte à fleur de mots souvent au flow déchirant et puissant.
Lu grâce aux 68 premières fois
Je sens que je suis à contre-courant avec cette lecture.
J'aurais dû , j'aurais pu être plus touchée par ce texte, par cette lettre. . Mais voilà j'ai été souvent agacée par cette victimisation ambiante. Les coupables ce sont les autres, les blancs. Aucune remise en question. On retombe encore dans un cliché.
Désolée pas d'empathie et je le regrette
C'est une femme, jeune, mère, séparée de sa fille car incapable de s'en occuper, elle qui est plus addict au crak qu'aux câlins avec son enfant.
Elle a une heure, tout juste une heure, pour lui écrire une lettre avant d'en être séparée à tout jamais.
Une heure pour dire l'amour qui aurait pu être,
L'enfant qu'elle a pris dans ses bras,
Celle qu'elle a laissée seule et sans défense pour aller se droguer,
Celle dont il faudrait s'occuper avec amour et une attention de chaque instant,
Tout ce dont elle est désormais incapable.
Pourtant l'amour est là,
L'enfant est là,
Une forme de tendresse matinée de désespoir la submerge en pensant à elle, sa toute petite, celle qu'il faut laisser partir pour la laisser vivre.
Sous forme de poésie en vers libre, Sara Mychkine tente de faire parler celle qui demain sera désespérément seule, mère sans enfant, droguée sans passion, lui faire dire les mots de l'amour dans un quotidien d'une affligeante tristesse, quand la vie que l'on vit n'est pas celle que l'on aurait choisie si et seulement si...
Si la 4e de couv parle de poésie lumineuse qui conjure la noirceur du monde, je l'ai pour ma part trouvée terriblement noire et triste, comme une défaite annoncée, quand il s'agit de rendre les armes face à la puissance de la drogue, quand même l'amour pour son enfant ne peut faire oublier son addiction.
Une découverte des @68premieresfois que je n'aurais sans doute jamais lue sans cette sélection.
Je ne peux pas dire que j'ai aimé, mais j'ai trouvé la démarche intéressante. L'idée de se mettre à la place de, de tenter de dire les mots qui auraient été ceux d'une autre, en leur donnant vie et une certaine crédibilité.
https://domiclire.wordpress.com/2024/07/12/de-minuit-a-minuit-sara-mychkine/
De minuit à minuit" est un roman-poème sombre et bouleversant. Un appel désespéré, une bouteille jetée à la mer par une jeune femme toxicomane meurtrie dans sa chair, dans son âme par les violences subies depuis l’enfance, les ravages de l'addiction à la drogue, le désespoir, l’indifférence endurée depuis qu'elle est devenue marginale, livrée à la misère dans un monde qui n’en finit pas de s’effondrer.
Reléguée sur la «colline du crack» en lisière de Paris, avec tous les exclus, elle déroule le fil de son existence. Au cours d’une nuit sans fin, elle adresse une longue lettre à sa fille qui lui a été enlevée par les services sociaux. Une lettre comme un long chant d’amour pour sa «Douce», comme un cri de libération, une manière de fuir sa trop grande solitude, de se défaire du poids du destin, de conjurer l’atavisme et les déterminismes sociaux.
Cette lettre est toute la nécessité de ne pas être l’absente, de construire un lien avec sa fille qu’elle ne reverra plus, de préserver le souffle de leur histoire, la mémoire de leurs origines et d’exprimer l’amour infini qui embrase son cœur de femme et de mère.
«Un jour, tu leur demanderas qui est ta mère et tu sauras que dans ma chute,
C’est ton envol que j’ai cherché»
D’une plume puissante et poétique, Sara Mychkine distille une émotion palpable, donne une musicalité et une respiration syncopée à ce roman-poème troublant. Elle dessine une figure maternelle entre force et fragilité, lui donne une voix faite de douleur mais aussi de colère, de révolte.
Ce récit épistolaire, à la fois politique et féministe nous entraîne au rythme de seize mouvements en vers libres. Il nous percute en plein cœur, nous tatoue des bleus à l’âme, nous coupe le souffle et fait de l’amour maternel cette lumière qui surgit des ténèbres et laisse entrevoir un peu d'espoir.
Sara Mychkine, une voix, une écriture à suivre dans le paysage littéraire. Une très belle découverte !
Lettre d’une mère à sa fille qui vient de lui être retirée par les services sociaux.
C’est un texte poétique où les mots sont très beaux mais ce qu’ils décrivent est très dur, très sombre.
Livre lu dans le cadre de la sélection 68premiéresfois2024.
De plus, une maison d'édition dont je découvre certains ouvrages après des rencontres Vleel et qui a de jolies couvertures avec ces ronds qui nous ouvrent un univers.
Pour celui-ci, avec un titre énigmatique, une peinture avec une jeune femme dans une sorte de fenêtre.
Ce texte est une lettre écrite par une mère à sa fille, qu'elle a dû abandonné ou plutôt que l'on a obligé à abandonner.
J'ai eu envie de lire à haute voix ce texte, bouleversant.
Comme la phrase mis en exergue de Sony Labou Tansi : "Si vous avez peur, c'est que vous êtes dans le camp de la catastrophe. C'est que vous fuyez la vie et çà ne suffit pas pour exister.", ce texte est un cri d'espoir malgré les éléments noirs de cette vie.
Il y a dans ce texte de l'encre, de la sueur, de la saline et du sang.
Un texte qui bouleverse, interroge, interpelle mais ne laisse pas indifférent et au fur et à mesure des paroles, nous arrivons à situer la vie de cette mére et son cri de désespoir et d'espoir vis à vis de son bébé.
"Il faut que tu te souviennes
mes arrières grands-mères, mes arrières grands pères;
la chaîne de souffrance infinie dont je suis le dernier maillon,
la grande machine coloniale qui a réduit les terres de nos ancêtres à des éponges de sang et le chant des espoirs creux qui poussent les nôtres à prendre la mer pour retrouver la misère et la haine sous un autre visage." p128
"Un jour, tu leur demanderas qui est ta mère, et dans cette lettre, tu liras tous les creux qu'ils n'ont pas su remplir" p106
Ce texte aborde le sujet de l'abandon, du placement "pour leur bien" mais aussi de ne pas effacer les premiers moments de la vie, malgré des difficultés. L'auteure aborde aussi le passé et en particulier, celui de la colonisation, décolonisation, de l'addiction aux drogues, de la capacité ou incapacité d'élever des enfants, de l'abandon, du placement.
Mais c'est surtout un texte poétique, un cri de douleur, d'espoir qui pourrait être lu sur scène, scandé, chanté..
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