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Tous les Français connaissent les chefs-d'oeuvre de David : Le Serment du Jeu de paume et Le Sacre de Napoléon figurent dans leur musée imaginaire. Ces oeuvres néo-classiques font de David le grand peintre - l'artiste génial ? - de la Révolution et de l'Empire. Mais comment être à la fois un compagnon de Robespierre à la Convention et un notable à la cour de Napoléon ? Pourquoi Le Serment du Jeu de paume reste-t-il inachevé ? Et comment devenir un génie ?
Au siècle des Lumières, puis durant la Révolution française, pour devenir un génie, il faut être reconnu comme tel par l'opinion publique naissante et s'engager dans le combat politique. David passe même pour un artiste prophétique : ses tableaux des années 1780 - Le Serment des Horaces, Les licteurs rapportent à Brutus les corps de ses fils - ne préfigurent-ils pas la Révolution ?
Mais ce mythe du génie est aussi une construction à laquelle David et ses amis ont contribué. Ce mythe occulte ses liens avec le pouvoir royal et l'aristocratie avant 1789, ainsi que les moments sombres de son existence. À la légende dorée de David s'oppose d'ailleurs une légende noire : au service des pouvoirs successifs, il serait une girouette.
La biographie historique de David doit dépasser ces légendes antagoniques pour suivre les expériences vécues par ce personnage durant une période marquée par des mutations formidables et des vicissitudes redoutables. Cet ouvrage est donc une enquête sur le parcours d'un acteur artistique et politique et sur la fabrique du génie.
Une superbe biographie de David par Samuel Guicheteau conseillée par des historiens de la période de la Révolution française.
Plus qu'une biographie c'est un livre d'histoire passionnant.
David ? Vous connaissez sûrement ses tableaux sur la le Serment du jeu de paume, celui sur la mort de Marat dans son bain ou celui du sacre de Napoléon. Mais le personnage est plus complexe et prolixe que cela.
Jacques-Louis David est un peintre et conventionnel français né le 30 août 1748 à Paris et mort le 29 décembre 1825 à Bruxelles.
David mêle l'art et l'engagement politique : l'Art est politique.
Formé à l'Académie royale de peinture et de sculpture, il devient en 1784 un peintre renommé avec le Serment des Horaces.
Membre de l'Académie royale, il combat cette institution sous la Révolution
Chef de file de l'école néo-classique : ce mouvement rigoureux et éloquent, inspiré par l'Antique (comme les hommes de son temps) exhale la vertu.
l est considéré comme le chef de file du mouvement néo-classique. Il opère une rupture avec le style galant et libertin de la peinture rococo du XVIIIe siècle représentée à l'époque par François Boucher et revendique l'héritage du classicisme de Nicolas Poussin et des idéaux esthétiques grecs et romains, en cherchant, selon sa propre formule, à « régénérer les arts en développant une peinture que les classiques grecs et romains auraient sans hésiter pu prendre pour la leur».
David est reconnu comme un géni par le public qui se presse au salon de peinture en 1791. le siècle des Lumières est en effet marqué par l'essor de l'opinion publique.
La sensibilité au romantisme du XIXe siècle existe dès le siècle des Lumières.
David multiplie les gestes d'indépendance et reçoit les encouragements des intellectuels contestataires : ainsi il peut nous sembler préfigurer la Révolution par son comportement comme par son style, d'autant plus que son engagement ultérieur dans le combat révolutionnaire s'accompagnera de la volonté de s'afficher comme l'artiste de la Révolution mais aussi comme le génie qui l'a annoncée.
David développe les activités artistiques notamment en organisant les grandes fêtes civiques (Fête de la Loi avril 1792, la Fête de l'Etre Suprême en juin 1794...).
Il intervient dans le domaine culturel, en condamnant l'académie et ses privilèges et joue un rôle décisif dans l'ouverture du musée du Louvre (août 1793). Il contribue à l'invention de la notion de Patrimoine national.
Il est élu représentant à la Convention en septembre 1792 et siège au comité de sûreté générale.
Son talent artistique, son activité culturelle et son engagement politique se rejoignent pour forger la figure de l'artiste engagé qui contribue encore au mythe du génie.
Face à cela, la légende noire (comme celle qui entache l'image de ses confrères de l'an II) développée par les Thermidoriens persiste : David aurait été "tyran des arts", avatar de Robespierre dans le domaine artistique, détruisant les œuvres jugées aristocratiques, accusé de vandalisme, il fut cité dans le Dictionnaire des Girouettes en 1815, après avoir peint les élites de l'Ancien Régime, il peint ceux des nouveaux notables…
Selon Stendhal en 1810, David est un courtisan qui flatte Napoléon…
Mais la Révolution constitue un moment particulièrement riche et complexe : les patriotes s'efforcent de bâtir un nouvel ordre social et politique.
Durant cette période, des problèmes inédits se posent aux artistes : comment passer des sujets antiques à la représentation de l'actualité ? Comment peuvent-ils faire face à la discordance des temps entre la rapidité de la dynamique révolutionnaire et la temporalité de la production artistique ?
David est un acteur, un artiste de son temps, d'abord peintre des Lumières (1748-1774) ; après avoir suivi une formation à Rome de 1775 à 1780, il s'impose de 1781 à 1784, et s'affirme jusqu'en 1787 avec son "Serment des Horaces".
Puis, il entre en Révolution avec son tableau "Les Licteurs rapportent à Brutus les corps de ses fils" en 1789. Il participe à la Révolution en citoyen et en artiste.
Membre de la commission du Muséum (musée du Louvre) et du comité d'instruction publique, il demande par rapport un inventaire général des œuvres et étudie la question de l'enseignement et de la régénération des arts.
Il est directeur des fêtes nationales.
Il est aussi membre du comité de sûreté générale : un des comités d'application des décisions prises par l'Assemblée.
A la Convention, il défend la propriété des artistes.
Après la chute de Robespierre, en Thermidor an II (absent de la Convention pour maladie), il se défend en se détournant de lui et se présente comme victime de la tromperie de Robespierre (un argument classique en l'an III !). Il est quand même incarcéré le 15 Thermidor et de nouveau le 28 mai 1795. En prison, il peint et renoue avec l'Antiquité : "L'enlèvement des Sabines"
Il retourne à son atelier, après le choc de Thermidor et de son expérience de l'An III et renoue avec le portrait.
Il intervient encore dans le débat public seulement lors de la controverse sur l'envoi en France des chefs-d'œuvre pris à l'étranger.
Le général Bonaparte lui rend visite pour une séance de pause : David admire le général jacobin de l'époque.
Dès le 7 février 1800 David est nommé "peintre du gouvernement".
De nombreux élèves de l'école de David sont célèbres : Antoine-Jean Gros, bien sûr, mais aussi Delécluze (qui a écrit une biographie à charge de son maître au XIXe siècle), Gérard et Girodet,
David se heurte à Denon, Directeur général des musées, pour des raisons financières et surtout par l'originalité des oeuvres du peintre, mais il reste fidèle à Napoléon et s'y rallie durant les cent jours.
Frappé par la loi du 12 janvier 1816 qui institue le bannissement des régicides, David s'exile à Bruxelles, en refusant de rester en France.
Là, il fréquente notamment les ex-conventionnels exilés : Prieur de la Marne et Sieyès, dont il fait un portrait.
Il meurt à Bruxelles le 29 décembre 1825.
Une très belle biographie, très bien rédigée et documentée.
Avec des sous-chapitres très intéressants sur les l'histoire et les détails de certaines des peintures de David.
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