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Les lettres des années 1869, 1870 et 1871 marquent la fin de l'exil de Dostoïevski en Occident. C'est une période entre toutes difficile. Sa trop longue absence a distendu les liens entre l'écrivain, ses correspondants littéraires et les revues qui le publient. Mais surtout, ce qui lui manque, ce n'est pas le mouvement des idées, qu'il suit attentivement, mais « la chair vivante » de la réalité russe, matière même du roman. « Sans la Russie, je perdrai mes forces et mes dons ! » s'écrie-t-il douloureusement.
Le contact avec la terre natale lui est d'autant plus indispensable que l'écrivain est obsédé par l'idée d'un « roman définitif » où il s'exprimerait tout entier ; « Si je ne l'écris pas, il me torturera à mort ! » ; et qui mettrait en scène les errements d'une âme de grand pécheur. Mais de pressants besoins matériels l'obligent à entreprendre un ouvrage plus « commercial ». A contre-coeur, il esquisse un roman satirique visant les « socialistes-nihilistes ». Le travail avance difficilement jusqu'au jour où, dans un éblouissement, Dostoïevski découvre que le politique seul ne peut le satisfaire s'il ne s'imbrique dans les « thèmes éternels ». A côté des « nihilistes », apparaît un premier avatar du « grand pécheur » : Stavroguine, le véritable héros des Possédés, et le roman le plus hallucinant et le plus actuel de Dostoïevski commence à vivre.
Ce sont les secrets de cette élaboration que le présent volume de Correspondance livre au lecteur.
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