Ingrid Desjours nous dévoile sa bibliothèque idéale
Les droits imprescriptibles du lecteur1. Le droit de ne pas lire.2. Le droit de sauter des pages.3. Le droit de ne pas finir un livre.4. Le droit de relire.5. Le droit de lire n'importe quoi.6. Le droit au bovarysme (maladie textuellement transmissible).7. Le droit de lire n'importe où.8. Le droit de grappiller.9. Le droit de lire à haute voix.10. Le droit de nous taire.
Ingrid Desjours nous dévoile sa bibliothèque idéale
Alors celui là un petit régal, vraiment!
un essai sur la lecture et un essai très réussi.
Un vrai talent et un livre à offrir sans modération.
Toutes les questions que l'on peut se poser sur la lecture, sur les differentes lectures, sur ce qu'est la lecture, sur le droit et les façons de lire, tout vous saurez tout, absolument tout..
Comme un roman est plutôt à classer comme un essai sur la nécessité de lire ou pas. Mais l’exercice se lit avec beaucoup de plaisir tant la plume de Pennac est engageante, et légère. Il nous propose donc une réflexion sur le pourquoi ou pas de lire, sur le pourquoi ou pas d’écouter lire, la nécessité de lire, ou pas. Ce « ou pas » est justement la pierre angulaire de son essai. Lire ce livre, m’a fait réfléchir, et m’a bousculé. Qu’est ce qu’on peut être con à mimétiser nos parents, nos grands-parents, et obliger nos enfants à s’infliger une torture. La lecture devrait et doit être un plaisir et non une punition, et surtout, brûlez vos classiques si ça vous fait chier de les lire. Moi, pour ma part à moi-même, la lecture qui reste un acte très personnel, ce livre m’a foutu une claque, il m’a décomplexé, j’ai pris un coup de pied littéraire (et pas dans le derrière) comme rarement. J’aime lire Pennac, pour son style de d’autodérision fictive, et je ne le connaissais pas dans ce registre, j’ai adoré, et maintenant, si un livre m’emmerde, je le brûle.
Avant toute chose, je tiens à avouer mon crime de lèse-Pennac...ceci est le 1er livre que je lis de cet auteur... Oui, je plaide entièrement coupable. Bien ! Cette mise au point faite, passons à la suite...
Ce "roman" débute ainsi :
"Le verbe lire ne supporte pas l'impératif. Aversion qu'il partage avec quelques autres : le verbe "aimer"... le verbe "rêver"... On peut toujours essayer, bien sûr. Allez-y : "Aime-moi!" "Rêve!" "Lis!" "Lis! Mais lis donc, bon sang, je t'ordonne de lire! Monte dans ta chambre et lis!" Résultat ? Néant..."
Lire, aimer, rêver… Mes trois verbes préférés... On peut y faire de très belles associations : rêver de lire, lire de l’amour, aimer les rêves etc etc…
Alors à ces verbes, j'ai tout de suite su que l'auteur et moi allions vivre une relation textuelle passionnée. Et c'est exactement ce qui s'est passé !
L'enfant lit, l'ado ne lit plus. Pourquoi ? Comment ? Et les parents? Et le professeur de français ? Et les programmes scolaires ? Quel est leur rôle dans tout ça ? A un ado qui croit ne pas aimer lire, comment dissiper cette illusion ?
Ce livre est un mélange des genres : roman + essai, mais quand même + essai que roman, vous suivez toujours ? C'est bourré de vérités et de réalités encore d'actualité. Et Pennac manie le verbe en toute subtilité... j'ai adoré, tant le fond que la forme ! Je n'ai pu m'empêcher de sourire, voire de rire de par la plume de l'auteur. Des traits d'humour remarquables. Bref, UN REGAL !!!!
C'est de ce livre que sont extraits les 10 droits imprescriptibles du lecteur, "car si nous voulons que mon fils, que ma fille, que la jeunesse lisent, il est urgent de leur octroyer les droits que nous nous accordons."
Un texte qui frappe fort dès le départ :
« On est prié (je vous supplie) de ne pas utiliser ces pages comme instrument de torture pédagogique. »
Nous nous plongeons donc sans intention particulière, et sans projet d’aucune sorte, dans la lecture de Comme un roman, mais toutefois avec cette délectation de la liberté acquise grâce aux injonctions de l’auteur ; et nous ne sommes pas déçus, car il faut savoir lire sans arrière-pensée, sans idée préconçue, sans projet ultérieur, ou, dirait-on dans certains milieux sans intention de récupération… !
La lecture doit être une immersion dans l’inconnu, un acte « gratuit », comme peut l’être l’écoute de la musique. Les mots ont le pouvoir - même écrits - de disparaître, comme les notes, emportés par les caprices imprévisibles de notre mémoire : et c’est tant mieux !
Il faut savoir laisser entrer en nous la grâce d’un univers que nous n’avons pas choisi, et qui nous marquera, en dépit du temps, en dépit des lectures à venir, qui l’estomperont et nous en éloignerons, inévitablement, souvent cruellement.
« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. » Les mots de Lavoisier peuvent s’appliquer à la littérature qui n’est qu’un vaste chantier de reconstruction, comme l’est la nature, mais guidée par le paysage intérieur de celui qui tient la plume, maître d’œuvre de nos évolutions dans un monde où il a choisi de nous entraîner malgré nous, pris par le vertige de la narration. Le roman avance et nous isole de la réalité parfois accablante. Laissons-le nous entraîner, nous perdre, pour mieux reprendre pied dans le réel, régénérés, renforcés. Car c’est là la véritable vocation de la littérature. Nous donner la force de vivre.
Comme un roman est donc une ode à la littérature, mais aussi un pamphlet contre nous, les adultes, qui corsetons souvent la lecture et détruisons sans en avoir conscience les velléités de lire de nos enfants. Ne mettons pas de bornes. Ne leur imposons rien. Exprimons seulement notre passion : ce sera suffisant !
Et puis, lisons, devenons conteurs :
« … c’était un moment de communion, entre nous, l’absolution du texte, un retour au seul paradis qui vaille : l’intimité. » (Page 36)
« En somme, nous lui avons tout appris du livre en ces temps où il ne savait pas lire. Nous l’avons ouvert à l’infinie diversité des choses imaginaires, … Ainsi découvrit-il la vertu paradoxale de la lecture qui est de nous abstraire du monde pour lui trouver un sens. » (Page 19)
Mais comment donner envie de lire ?
« Il faut lire, il faut lire…
Et si, au lieu d’exiger la lecture le professeur décidait soudain de partager son propre bonheur de lire ?
Le bonheur de lire ? Qu’est-ce que c’est que ça, le bonheur de lire ?
Questions qui supposent un fameux retour sur soi, en effet !
Et pour commencer, l’aveu de cette vérité qui va radicalement à l’encontre du dogme : la plupart des lectures qui nous ont façonnés, nous ne les avons pas faites pour, mais contre. Nous avons lu (et lisons) comme on se retranche, ou comme on s’oppose. […]
Chaque lecture est un acte de résistance. De résistance à quoi ? A toutes les contingences. […]
Une lecture bien menée sauve de tout, y compris de soi-même. » (Pages 90-91)
Au bout du compte la lecture est un acte solitaire.
« La lecture, acte de communication ? Encore une jolie blague de commentateurs ! Ce que nous lisons, nous le taisons. Le plaisir du livre lu, nous le gardons le plus souvent au secret de notre jalousie. […] avant d’en pouvoir dire un mot, il nous faut laisser le temps faire son délicieux travail de distillation. […]
Pourtant, si la lecture n’est pas un acte de communication immédiate, elle est, finalement, objet de partage. Mais un partage longuement différé et farouchement sélectif. » (Pages 93 et 96)
Il ne nous faut pas oublier « qu’un roman raconte d’abord une histoire. » (Page 129) et que les jeunes lisent peu parce qu’ils ont peur de ne pas comprendre, peur de la durée de lecture (qu’ils ressentent comme une « éternité »)
« La lecture ne relève pas de l’organisation du temps social, elle est, comme l’amour, une manière d’être.
La question n’est pas de savoir si j’ai le temps de lire ou pas (temps que personne, d’ailleurs ne me donnera), mais si je m’offre ou non le bonheur d’être lecteur. » (Page 137)
Nous conclurons avec la liste des droits imprescriptibles du lecteur
Le droit de ne pas lire.
Le droit de sauter des pages.
Le droit de ne pas finir un livre.
Le droit de relire.
Le droit de lire n’importe quoi.
Le droit au bovarysme (maladie textuellement transmissible)
Le droit de lire n’importe où.
Le droit de grapiller.
Le droit de lire à haute voix.
Le droit de nous taire.
Qu’ajouter à ces mots frappés au coin du bon sens ?
Des chapitres « brefs mais intenses »
Il m'a fallu un petit moment avant de réussir à me plonger non pas dans l'histoire – puisqu'il ne s'agit en effet pas d'une histoire mais d'un essai – mais plutôt dans cette écriture tout à fait spéciale et incroyablement bien dosée. Des chapitres cours nous démontrent comme il est aisé de prendre goût à la lecture, mais comme il est tout aussi facile de s'y désintéresser. Daniel Pennac nous donne une leçon de vie sur, justement, le goût à la lecture.
La lecture pour le plaisir
On pourrait déjà s'attarder sur le résumé du livre, comprenant les « droits imprescriptibles du lecteur ». Pour le coup, c'est un très bon résumé de ce que doit être la lecture : elle doit avant tout être un plaisir et un choix. Nous devons être maître de notre lecture, du début à la fin - ou du milieu au début – chacun fait comme il le souhaite.
À la lecture de cet essai, je me suis rapidement rendue compte qu'elle m'était pour le moins essentielle et incontournable pour mon futur métier de bibliothécaire. Ce livre pourrait être l'essence même de ce métier, qui tente d'expliquer comment donner et surtout ne pas reprendre le goût et les droits à la lecture. La vision qu'a Daniel Pennac de cette lecture est identique à la mienne : ce que le cursus scolaire notamment impose en matière de lecture n'est en rien bénéfique pour que les adolescents conservent ne serait-ce qu'une once de plaisir et non de contrainte.
Une pratique qui n'est pas inaliéanable
Finalement, la lecture n'est jamais vraiment acquise. Bien sûr nous apprenons à lire, nous savons lire, mais ce qui est intéressant est d'apprendre à aimer lire. C'est en cela que l'apprentissage de la lecture me semble incomplet. Considérer qu'un enfant sachant lire n'a désormais besoin de personne, ne serait-ce que pour partager, est un frein indéniable au goût de la lecture.
En lisant Comme un roman j'ai parfois clairement eu l'impression de revivre ma (petite) vie en matière de lecture : les situations décrites par l'auteur me parlaient beaucoup. J'ai rapidement revécu ces moments de désintéressement de la lecture que j'ai pu avoir au collège ou au lycée. Non pas parce-que je n'aimais pas lire, bien au contraire, mais parce-que lire sous la contrainte me semble tout sauf plaisant. Ce n'étaient pas les livres en eux-mêmes, imposés par les enseignants, qui me posaient problème – j'ai d'ailleurs adoré Bel-Ami de Maupassant – mais rien que l'idée de devoir le lire parce-qu'on me le demandait m'empêchait tout bonnement de le faire. Les descriptions et explications de Daniel Pennac sont très parlantes et réalistes.
La lecture pour la vie
Je n'ai pas pu m'empêcher de faire un petit parallèle avec l'histoire d’Écrire pour exister, avec Erin Gruwell, professeure dans un lycée, qui enseigne la vie et le respect de l'autre à ses élèves par le biais de la lecture et de l'écriture. Ces œuvres montrent bien que la lecture est essentielle pour vivre et qu'il est important de prendre soin du lecteur pensant son apprentissage de la lecture, mais bien après également.
Cet ouvrage de Daniel Pennac est donc pour moi une ode à la vie et à la lecture, qu'il me semble tout au moins important d'en feuilleter les pages afin de comprendre la nécessité de ce loisir, et non de cette contrainte qui apparaît pour l'enfant (et l'adulte) à mesure qu'il grandit.
Daniel Pennac et les droits du lecteur. Important de lire cet essai sur la lecture où Pennac a réfléchi en tant qu'enfant n'aimant pas trop lire et en tant que prof, ayant vu défiler des centaines d'enfants dont beaucoup n'accrochait pas lorsqu'il fallait lire!
Un hymne à la lecture!
Un essai qui se lit comme un roman. Une désacralisation de la lecture qui finalement aide les lecteurs je trouve!
Bravo Monsieur Pennac, vous m'avez beaucoup aidé dans ma carrière d'enseignante!
Un essai-fiction?!
Première lecture d’un autre livre de Daniel PENNAC qui ne fait pas parti de la Saga MALAUSSENE. Étant donné qu’il s’agit d’un essai, je ne suis pas sûre d’aimer… De plus, la couverture parait austère, les couleurs sont ternes.
Le livre est divisé en différentes parties et chaque partie en différents petits chapitres. Il commence comme une histoire. Tout au long, on retrouve le même humour que dans la Saga MALAUSSENE malgré le fait que ce livre soit un essai, l’auteur a gardé son style d’écriture… On a l’impression que Daniel PENNAC raconte une histoire, qu’il nous parle.
Le petit plus, les droits imprescriptibles du lecteur que l’on pourrait aussi appeler les 10 commandements du lecteur.
Même si le livre est paru en 1992, la première partie fait écho à notre temps, on retrouve les critiques de la société d’aujourd’hui vis-à-vis de la « chute du nombre de lecteurs ».
Pas mal je trouve trop de répétition de la par de l auteur mais après tous il avait été prof avant ;) ❤
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