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Colorant Félix de Destin Akpo
Éditions Savanes du continent
Bénin
Résumé rapide du roman :
Ahouangan Toukposso, un ancien combattant, alcoolique, se raconte avec ses amis du village Kpétékpa (Alikpa, Akotoé...) des histoires de la 2de guerre mondiale, de la colonisation et bien d’autres plus actuels, sous un arbre à palabre. On voit se dérouler leur quotidien entre vie au foyer et rencontres autour d’un verre. Un jeune, étudiant en médecine en ville, revient au village alerter la population sur le coronavirus.
Analyse critique du roman :
Style et écriture
Roman très comique et bien écrit. On ne passe pas une page sans rire. Style plaisant et profond : l’auteur dit avec humour certaines vérités douloureuses, comme l’exploitation et la maltraitance des indigènes pendant la colonisation. L’ironie et le rire sont des moyens originaux d’exposer ses idées, de traiter de sujets graves, sur un ton ludique et léger.
Originalité du roman ou originalité du sujet
Il fait le procès de la traite négrière et surtout du colonialisme, sur un ton enjoué et hilarant, et expose ses méfaits sur les coutumes, les mœurs, la culture et la vie des colonisés. Il y a aussi sa survivance après les indépendances, à travers ses vestiges. On peut aussi analyser cette dénonciation du passé comme une métaphore des États africains postindépendants et non démocratiques, qui se sont substitués à l’ancien maître colon et continuent d’opprimer leurs peuples. Le retour au passé n’est qu’un procédé littéraire pour mieux épingler la situation présente.
On note aussi des préoccupations écologiques. Un plaidoyer pour vivre en harmonie avec la nature au lieu de la détruire par nos activités.
Traitement du sujet
Sujet traité avec finesse, dans une langue simple et accessible. Il y a l’oralité et le français africanisé ou le parler béninois dans son écriture. Il a l’art du conteur, qui orne son discours de proverbes, de maximes, de chants, de poèmes...
Coup de cœur
Colorant Félix - Destin Akpo - Editions Savanes du Continent
Merci à Lecteurs.com de m'avoir donné ce livre à lire !
Chaque jour, les anciens et les hommes du village viennent partager le Sodabi, alcool fort qui délie les langues sous l'Arbre à Palabres. Ils discutent de tout ; ils revisitent des contes, des histoires et des sujets d'actualité. Quand un jour, un jeune s'invite avec une nouvelle d'un Coovi does not qui serait terrible et ferait des milliers de morts...
Le roman est divisé en 30 palabres qui commencent tous par des adages ou des paroles de "sages", qui sont développés ensuite. Truculents, drôles mais graves aussi parfois.
C'est un roman qui a une très forte dimension orale ; où le langage des anciens est habilement utilisé et intégré au texte. On rit beaucoup mais on pourrait aussi pleurer.
Le lecteur est complètement plongé dans la culture africaine que personnellement je ne connais absolument pas et que je découvre...
C'est néanmoins un roman beaucoup trop moralisateur et prosélytique à mon goût. Passé la moitié du livre, les discussions deviennent beaucoup plus sérieuses, difficiles à imaginer dans la bouche d’ivrognes. J'ai été gênée par les prises de position tranchées de l'auteur (dénonçant l'homosexualité ou l'avortement entre autres…).
J'ai trop souvent eu le sentiment pendant ma lecture, d'assister à un sermon /une harangue d'un moralisateur qui nous explique que l'homme a créé son propre malheur et que Dieu/ou une nature suprême envoie des fléaux pour le remettre dans le droit chemin...
C'est dommage parce que l'ensemble aurait pu être très réussi...
Bonjour. Je referme "Colorant Félix" en me demandant pourquoi l'auteur a choisi ce surnom pour le Covid 19 ( covii does not) . J'ai beaucoup aimé les réunions sous l'arbre à palabres ...Je me suis laissée bercer par les histoires de chacun où parfois apparaît un grain de folie :" Quand on est vieux dans ce village et qu'on a vu beaucoup de soleils se lever pour se relever encore le lendemain ...il faut penser que boire un petit coup tuera tous les microbes y compris le stress et les vers"
Les hommes se réunissent tous les soirs pour argumenter sur les choses de la vie et boire le Sodabi ...Voilà ce dont je voulais vous faire part à propos de cette boisson qui fait partie intégrante du roman :c'est " une eau de vie obtenue par la distillation du vin de palme , qui occupe beaucoup de place dans la vie quotidienne et même dans la religion : la légende dit qu'un Anglais ne croyant pas que les Béninois aient pu fabriquer de l'alcool, s'est écrié en la goûtant " so that be " et les Béninois ont compris "Sodabi" et le nom était donné à leur création"
C'est un plaisir de lire Destin Akpo , c'est comme si en entendant les voix de ses personnages , nous étions nous aussi autour de l'arbre à palabres à écouter les récits de leur vie , les nouvelles du village et alentour ; le passé de leur pays et les changements actuels de leur pays
Destin Akpo donne un ton très particulier à son roman , le langage de son pays au travers des dialogues . Ils parlent la langue de Kpétékpa au Bénin en Afrique . Ils parlent un français qui leur est propre mêlé de mots de leur langue maternelle le Béninois , de "mutations " de mots français " les Amélékins" , "Les Sinois " . C'est avec beaucoup de tendresse que j'ai lu leur histoire . Je me suis laissée porter par des phrases pleines de sagesses comme une évidence :" Quand un fou prend ta chemise et détale et que tu le poursuis , on peut facilement te prendre pour un fou , toi aussi"
Belles lectures . Prenez soin de vous .
DE L’ÉCRITURE PLURILINGUE. Un de ces rares écrits, dans lesquels les auteurs, en dehors de la langue initialement choisie pour l’écriture, font intervenir plaisamment d’autres langues qui leur sont connues, souvent les langues maternelles.
DE L’HUMOUR A LA MANIÈRE AUTHENTIQUE. Colorent Félix, le titre de l’ouvrage même en est un. Dès que vous comprenez ce qu’on appelle ainsi, pourtant tout à fait banale, vous n’en reviendrez pas. Le livre aurait pu simplement s’intituler SOUS L’ARBRE A PALABRES. Mais non, en s’intitulant ainsi, le titre ne susciterait pas autant de curiosité, autant d’intérêt.
Ils sont un groupuscule de personnes, sages, ou du moins, anciens du village, mais dans ancien, il y encore ancien (je vous parle comme dans Colorant Félix) ça n’a qu’à ça y est, et je vous disais, qu’ils se regroupent sous un grand arbre, témoin vivant de la vie d’une panoplie de générations. On parle des sujets de société, on fait de la philosophie, et pour que les langues se délient, on fait du chemin avec son éminence l’Honorabilissime Dékpomè pur, Kangni-Kangni, Kpètè shi, et sa sœur Goro Sucré. On prend du plaisir à faire durer ce qu’on a à dire, c’est là se trouve toute la sensation d’une prise de parole et de l’écoute. De vrais saltimbanques comme on aime. On commence toujours par un proverbe, un adage ( c’est signe du savoir parler) et au fond, au milieu, ou à la surface de chaque discussion, comique soit-elle, il y a toujours une once de vérité, ou d’emblée tout est vrai, une once de moralité, ou d’emblée tout est vrai, des vérités mises à nu, des faits dénoncés avec sévérité. On rit, on se conseille, on se console, on remet sur tapis les événements historiques, on les analyse, on fait des rapprochements. On s’intéresse plus aux causes cachées des choses qu’aux moyens de les vaincre. Aux discussions, on associe les femmes, les anciens savent bien traiter les femmes, contrairement à ce qu’on pense, lorsque nous voyons leurs visages tendus, impeccables de mâle alpha. Colorant Félix nous instruit à l’école des anciens des manières les plus faciles qui soient. Je ne pourrai hélas tout dire de ce livre, c’est un patrimoine, et les interprétations ne finissent pas d’un archéologue à un autre, mieux pour paraphraser Mohamed Mbougar Sarr, je dirai, qu’on ne peut dire exactement et globalement de quoi parle un grand livre… Bravo à l’auteur !
Conscients de sa capacité à retenir les évènements, ses amis ont confié à Ahouangon Toukposso le travail de mémoire du village. Sous l’arbre à palabres il nous conte donc des histoires tout en dégustant quelques verres de Sodabi, une eau-de-vie qui booste le système immunitaire à tel point qu’aucune maladie n’a osé franchir la porte d’une seule case du village. Un jour, un jeune universitaire annonce à la noble assemblée l’arrivée du colorant Félix, made in China, un ennemi invisible qui tue des gens dans le monde entier.
Voici un bien curieux roman, tout en couleur, tout en verve. Bien à l’ombre, sous l’arbre à palabre de joyeux drilles amateurs d’eau-de-vie, des gens qui vivent en paix avec le monde, en harmonie avec la nature et en concorde avec eux-mêmes devisent sur tout et rien. Les méfaits de la colonisation, la mainmise des Chinois sur l’économie de l’Afrique, la décadence des mœurs, mais surtout sur l’origine et les causes du Covid. Trente palabres pleines de bon sens, basées sur des anecdotes, des légendes, des observations, sur la vie tout simplement. Même si certains sujets sont graves, ils sont toujours abordés avec joie et philosophie et le recul nécessaire pour avoir un jugement impartial. Parsemé de proverbes profondément ancrés dans la sagesse populaire, ce roman « oral » est une agréable récréation littéraire.
Merci infiniment aux éditions Savanes du continent et à Lecteurs.com pour leur confiance.
La particularité de ce roman réside dans la gouaille, la forme que prend chaque événement de la vie et l'explication logique que regorge(sans la gorge vide) certaines scènes de vie. Ce roman nous fait parcourir l'univers géopolitique du monde entier, depuis les guerres mondiales, les drames de l'histoire (les catastrophes nucléaires, le nazisme...) jusqu'aux petits changements du quotidien qui rendent la vie moins sérieuse. Tout cela à l'aide de la chaude boisson éthylique qui prend tous les noms de l'ère linguistique vernaculaire de l'auteur pour épancher ses personnages.
L'histoire de Colorant Félix a été vite assimilée à l'indigo ou au galola par les vieux de l'arbre à palabres qui pensaient que ce produit venu de la Chine était donc de mauvaise qualité.
En page 23, ils expédièrent très rapidement l'information par cet adage sorti tout droit de leur imagination "Qui bien boit, bien manger peut, car l'alcool ouvre le ventre; et qui bien mange, à sa femme plaisir fait. Qui veut avoir à dos sa femme ? "Nous devons toutes ces joies à la légendaire dame-jeanne et aux différents personnages. Même le célèbre Michael Jackson a eu sa part d'honneur dans ce roman. Ce roman est en effet subdivisé en trente(30) palabres comme les trente jours du mois. Chaque jour avec ses péripéties, ses racontars et ses réalités. L'écrivain nous offre aussi des exemples de la manière dont on peut intégrer les femmes dans toute entreprise sans pour autant imposer une opinion. On ne s'éloigne pas du sujet principal de ce roman même avec ces anecdotes. C'est une œuvre à la lecture facile, à l'écriture particulière car alliant les petits mots et expressions quotidiennes de nos langues locales, de nos traditions avec la langue française. Ce roman est une œuvre littéraire travaillée avec l'art des sculpteurs, la dextérité du forgeron et le regard esthétique d'un orfèvre.
Le caractère, l'expression, la description de chaque personnage est si tenace que le lecteur finit par les adopter dans son quotidien et loin de les juger, en fait des amis virtuels de son quotidien.
Très bon Roman qui raconte dans un style simpliste et accessible à tous, les nombreuses mutations que notre société africaine à connu ces dernières années. L'auteur qui met au centre de son ouvrage l'arbre à palabre qui a disparu de nos habitudes, nous rappelle la crise du coronavirus et ses conséquences. Et tout ceci autour d'un verre comme on en a l'habitude. Bref "Buvons un peu" restera l'une des assertions phares de l'ouvrage que je continue d'utiliser pour calmer les tensions lors des discussions. Merci pour ce mixage du Fongbe et du Français très réussi.
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