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Dans les bois, à la périphérie d'une très grande ville, une jeune femme solitaire rencontre une future mère, Andronica. Elle l'accompagne dans une roulotte pour assister à son accouchement. Naissent deux garçons, fruits d'une grossesse non désirée. Commence alors un long voyage pour ces deux femmes, bientôt rejointes par d'autres, pour retrouver le père. Avec la volonté farouche de les lui faire reconnaître.
Ce voyage initiatique est riche de rencontres : une veuve vendeuse de beignets, une femme éperdue de colère, deux frères prêts à élever les enfants, des ouvriers sur un chantier, une troupe de cirque...
Abordant avec une grande sensibilité des thèmes contemporains très forts, Marie Rouzin offre, à travers le destin d'Andronica, la quête d'hommes et de femmes, souvent endurcis par leurs expériences, en lutte pour leur indépendance.
En périphérie d’une grande ville, la narratrice, une jeune femme perdue dans un bois, dont nous ne serons rien, regarde un groupe de plusieurs personnes autour d’un feu dont une très vieille femme dans une caisse et une femme enceinte. Cette dernière lui propose de les rejoindre. Elle va la suivre, sans un mot, jusqu’à sa caravane où elle accouche de jumeaux, issus d’un viol. Andronica, tel et son prénom crie sa colère contre le père de ses enfants et la vieille femme qui l’a accouchée et s’est permis de donner un prénom au dernier né alors qu’elle était évanouie.
Il lui faut absolument, enfin c’est ce qu’elle veut, retrouver le père, qui l’a violentée, pour qu’il nomme les enfants, entérine les deux prénoms et ainsi, reconnaisse son acte et ainsi, efface l’affront de l’accoucheuse.
Les deux femmes et les jumeaux entrainent avec elles d’autres femmes en colère rencontrées au cours de leur périple.
J’ai traversé avec elles, un territoire fait d’abris précaires, de réfugiés, de sans-papiers exploités dans les grands travaux qui parsèment la périphérie ceci, bien entendu, sans aucun contrat de travail. Beaucoup de morts sans nom, sans sépulture décente jalonnent les constructions.
La colère d’Andronica qui la gueule à plein poumons va attirer un attroupement. Les ouvriers des chantiers arrivent, écoutent. Les langues se délient, les colères sortent, les larmes jaillissent.
« C’est comme nous, à dit un autre homme, nous avons déjà un travail, il faudrait donner un nom à ce travail, il faudrait que ce travail soit reconnu.
Entendus, il faudrait que nous soyons entendus, a dit un dernier. »
Ce road street trip, voyage initiatique, voyage de la reconnaissance, de l’autorisation à s’exprimer, de la demande de reconnaissance des autres. Peut-être permettra t-il à ces hommes et femmes d’être reconnus, de pouvoir être nommés, d’avoir un nom.
Une démarche singulière ? Le silence de la narratrice renforce le cri d’Andronica et des autres. Ce voyage lui permettra peut-être de trouver sa voie et retrouver sa voix.
Un récit singulier, original qui crie ce besoin du nom qui nous différencie les uns des autres. J’ai apprécié que les coups de gueule d’Andronica amènent les gens à se regrouper, à leur permettre de parler, d’oser le faire.
Circulus, cercle qui entoure les femmes et qui grandit, s’exprime, crie ; cercle vicieux de la pauvreté, cercle de la piste de crique, cercle de la violence… Un premier roman court mais fort, avec une note d’espoir ou d’espérance.
Une longue errance, des endroits mystérieux, une violence latente et au milieu de ce chaos, des hommes et des femmes qui tentent de résister. Un combat qui semble pourtant perdu d’avance tant ils semblent broyés par un système qui a fait de la répression la première des règles.
Dans les premières pages de ce court roman, Marie Rouzin nous parle d’une vieille femme dont on va retrouver le cadavre. Une vieille qui s’était enfuie de la pension où elle séjournait pour tenter d’atteindre l’entrée des Enfers «pour y trouver son homme, mort l’année précédente». Elle nous parle aussi d’un homme qui voulait s’immoler par le feu. La poignée d’hommes et de femmes qui sont témoin de ces drames plient leurs tentes et prennent la route pour µéviter les emmerdes».
Parmi eux, une femme avec un ventre énorme. Andronica est sur le point d’accoucher. Elle parviendra à atteindre la roulotte de la vieille Sybille pour y mettre au monde deux garçons, Achille et Ido. Deux enfants nés d’un viol qu’elle prend avec elle pour les présenter à leur père : «Nous allons le trouver, ce fils de chien, qu’il approuve le nom de mes enfants et qu’il reconnaisse son acte. Ensuite je partirai et jamais plus il ne me verra, ni les enfants, qui ne seront jamais siens, parce que c’est avec violence qu’il les a mis dans mon ventre et cette violence lui enlève à jamais le droit à la douceur d’avoir des enfants.»
Accompagnée dans son périple périlleux et hasardeux par la narratrice, Andronica va croiser des hommes résignés et harassés, mais aussi des hommes en colère. Sur le chantier où elle espère trouver le père de ses enfants les cadences infernales, l’organisation du travail, la hiérarchie et les risques permanents ne sont plus acceptés sans rechigner. Le vent de la révolte se lève…
Avec des phrases courtes qui résonnent comme des incantations, Marie Rouzin fait se rejoindre le combat d’Andronica et celui des ouvriers dans un creuset incandescent. Parviendront-ils chacun à leurs fins? C’est ce suspense qui tiendra le lecteur en haleine jusqu’à la fin du livre.
http://urlz.fr/7KPX
Lu dans le cadre de la Rentrée littéraire 2018 17ème Prix FNAC
Cette lecture m’a laissé en lisières de cette histoire où je n’ai pas retrouvé le voyage initiatique, ni la colère grondante de la révolte des sans-logis, sans-papiers et autres violences de notre monde dit moderne.
Une femme erre en lisière d’un bois où elle rencontre Andronica femme en colère sur le point d’accoucher de jumeaux. Elle la raccompagne au camp où elle semble vivre. Elle reste là, passive comme un chien qui aurait trouvé son maître mais sans la spontanéité ni l’affection que celui-ci manifesterait en pareil cas.
« Moi, à cette époque, j’étais sans but et sans vigueur, j’errais dans cette ville comme dans des limbes. Mon corps était moins qu’une chose et mes pensées sans objet me trainaient ça et là, comme un vieux chien en laisse, entre les murs et les rues. J’aurais pu m’accrocher à n’importe quoi tant j’étais fatiguée, lasse, sans idée. »
188 pages de narration, avec une faune humaine dont le lecteur ne peut appréhender les caractéristiques.
Andronica est en colère, mais quelle colère, elle gueule où et comment, pas de dialogues (c’est toujours sous forme indirecte), ceux-ci sont racontés, d’où ce sentiment permanent d’être à l’extérieur. Le vocabulaire est pauvre et souvent inadapté par exemple page 48 : « Elle m’a regardé, avec un regard absent mais très intense… », un regard absent ne regarde personne et n’a pas d’intensité car il reste flou.
J’ai trouvé ce roman vide, désincarné, le lecteur n’éprouve ni empathie, ni sympathie, ni antipathie pour aucun des personnages. C’est d’autant plus dommage que les romans avec pour héros des laissés en lisière du monde amène ceux qui les croisent à éprouver une multitude d’émotions.
Un roman en forme de pantalonnade qui ne m’a pas séduit.
©Chantal Lafon-Litteratum Amor 26 juin 2018.
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