"Je me suis inspiré d’une histoire tragique qui m’a particulièrement touché"
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"Je me suis inspiré d’une histoire tragique qui m’a particulièrement touché"
"Ce que l'homme a cru voir", une étape excitante et angoissante - Une saison d'écrivains - épisode 6
Quand 50 Explorateurs partent à la découverte des romans de cet automne...
Ce que l'homme a cru voir de Gautier Battistella m'a été envoyé par les éditions Grasset via net galley et je les en remercie :)
Le métier de Simon Reijik ? Effacer les réputations numériques, libérer les hommes de leur passé.
Lui-même croyait s’être affranchi de son histoire, jusqu’au coup de téléphone d’une inconnue. Simon abandonne sans explication sa femme Laura, et retourne sur les lieux où il a grandi.
Il retrouve près de Toulouse cette terre gasconne, si attachante qu’on la dit amoureuse. Il l’avait fuie, elle ne l’a jamais quitté.
Les acteurs de son enfance, vivants et morts, se rappellent à lui et c’est l’heure des comptes.
Le voici contraint d’accomplir le chemin qu’il a refusé de suivre vingt ans auparavant. Simon a cru voir, il s’est trompé. On ne sait jamais ce que le passé nous réserve.
Ce que l'homme a cru voir est un roman de la rentrée littéraire 2018 intéressant à lire.
J'ai apprécié l'écriture, emprunte de sensibilité ; la lecture est fluide.
Le métier de Simon est très actuel et vraiment bien trouvé même si en fait cette partie là n'est pas hyper exploitée. C'est le point de départ de l'histoire et montre que même si on veut tout effacer on n'arrive pas réellement à effacer son propre passé !
J'ai aimé le retour de Simon dans sa ville natale, dans son passé. Il s'est construit sur un mensonge, on s'en rend compte au fur et à mesure de notre lecture.
C'est un roman très intéressant même si je dois avouer qu'il ne m'a pas totalement convaincue car il manque quelque chose pour que je sois totalement captivée.
Mais je suis très contente d'avoir découvert cet auteur et je relirais Gautier Battistella avec plaisir, j'ai apprécié sa façon d'écrire.
Ma note : 3 étoiles
Lien :
Le livre s’ouvre sur une lettre, courte. Une lettre d’adieu d’un homme, Simon, à un autre, Toni. Le décor est posé. Simon Reijik, petit fils d’immigré Polonais, a quitté sa terre natale du Sud-Ouest pour rejoindre Paris, dans cette grande ville où « on y croise des gens sans jamais les rencontrer. On ne côtoie que leurs ombres, leurs odeurs parfois. » Il a choisi un métier solitaire, comme lui. Simon Reijik efface les réputations numériques. Rechercher, traquer, nettoyer. Que pas un scandale pour ses clients ne reste sur la toile.
Simon Reijik s’est marié avec Laura, professeure de lettres, marquée par dix années passées sous le joug d’un pervers narcissique. Simon, lui, est l’homme calme. Il est ce que l’on appelle un taiseux. Sa femme ne sait pas grand-chose de sa vie, son enfance. On pourrait penser que c’est son métier qui veut cela mais on comprend rapidement qu’il y a bien trop d’ombres au tableau pour que ce ne soit qu’une déformation professionnelle, à commencer par ces petites confiseries qu’il s’enfile selon la situation : Prozac, Xanax, Zoloft, Seropram, morphine…
Si cette vie bien rangée et sa petite routine médicamenteuse semblent lui convenir, le faire rentrer dans le moule, un appel pourrait bien changer le cours des choses et le ramener vingt ans en arrière. À Verfeil, cette terre gasconne de l’enfance. À ce passé qu’il tentait de fuir. À ce père qui petit-déjeune à la vodka glacée. À cette mère qui n’a jamais pardonné. Ce petit frère, Benjamin...
La mort a un pouvoir bien plus grand que n’importe quel effort mis en place pour oublier… Alors quand il retourne sur sa terre natale pour enterrer ce vieil ami, ce frère Antoine (alias Toni) à qui il avait dit adieu, ce sont tous les fantômes, les morts, les murmures et les non-dits qui vont refaire surface. C’est le temps que l’on remonte. La quête que l’on mène. C’est le « Je » qui entre en scène. C’est, ce que l’homme a cru voir…
Il m’est difficile de mettre des mots sur ce roman, sur cette exploration de vie, tant sa force, sa lucidité s’est insinuée en moi pour me confronter à mes propres souvenirs. À ces silences familiaux. Lambeaux dansant parfois dans ma mémoire. Trous noirs. Et les carapaces sont tenaces n’est-ce pas ? Sommes-nous un jour prêts à réveiller ce que l’on a mis tant d’années à tenter d’effacer ?
Le passé dont la mémoire trie les données pour en oublier des pans entiers, de douleurs, mais qui revient frapper, toujours. Comme s’il attendait, là, dans l’ombre, une raison pour refaire surface. Vous torturer mais vous libérer aussi d’une certaine manière de ces démons depuis tant d’années endormis.
Certaines familles sont expertes en la matière. Certaines personnes en ont fait leur bouclier. Comme Simon en qui j’ai reconnu un semblable. Dans tous ses silences. Dans toutes ses failles. Dans sa tendresse aussi. Celle qui le constitue et celle qu’il porte à ceux qui l’entourent. Quand la carapace se fissure et qu’il extrait petit à petit les souvenirs doux et amers d’une vie passée, d’un village et de ces visages qui se rappellent à lui. Il y a de la douceur, de la bienveillance qui toujours s’immisce au cœur d’un chaos intérieur.
Derrière cette histoire peut-être un peu rocambolesque, Gautier Battistella se saisit à la perfection de ces lieux, ces odeurs, ces inconscients sensoriels et nostalgiques qui réveillent les souvenirs et leurs douleurs, faisant danser son personnage, funambule errant, au bord de l’abîme. Il nous dresse le tableau d’une vie de village où tout le monde connaît tout le monde, où personne n’oublie rien. Le poids d’une histoire familiale, sociale, contenue dans une toile aux couleurs sombres où le vivant (homme et terre) et le mort s’entrechoquent. Entre un passé torturé que Simon a tenté d’oublier jusqu’à en déformer les souvenirs, et un présent vivotant, incomplet. Quel sera le futur, le dénouement ? C’est la question que l’on se pose tout au long de ce récit qui nous happe, nous aspire. Les phrases tranchent et claquent. Nous titillent. On assemble le puzzle. On le défait. La pièce n’est pas au bon endroit. Spirale infernale et addictive qui met à mal nos certitudes.
Ce que l’homme a cru voir c’est ce passé qui explose tout en nuances. C’est l’enfance qui pèse sur un homme et sa construction. C’est la douleur tapie derrière la nostalgie qui coule dans les veines. Ces rancœurs, cette culpabilité, ces fantômes qui pénètrent les nuits et que n’importe quelle petite confiserie ne parvient plus à balayer.
C’est l’histoire des Hommes servie par une écriture charnelle et subtile qui dans ses fulgurances vous colle des frissons.
LIVRE 55
CE QUE L’HOMME A CRU VOIR DE GAUTIER BATTISTELLA 234 PAGES EDITIONS GRASSET 22 AOUT 2018
UN LIVRE EXCELLENT
Résumé :
Simon Reijik a refait sa vie. Son métier : effacer les réputations numériques, libérer les hommes de leur passé. Lui-même croyait s’être affranchi de son histoire, jusqu’au coup de téléphone d’une inconnue. Simon abandonne sans explication sa femme Laura, et retourne sur les lieux où il a grandi.
Il retrouve près de Toulouse cette terre gasconne, si attachante qu’on la dit amoureuse. Il l’avait fuie, elle ne l’a jamais quitté. Les acteurs de son enfance, vivants et morts, se rappellent à lui. C’est l’heure des comptes. Le voici contraint d’accomplir le chemin qu’il a refusé de suivre vingt ans auparavant. Simon a cru voir, il s’est trompé. On ne sait jamais ce que le passé nous réserve.
Un parcours initiatique d’une grande puissance, porté par une écriture charnelle, sensible, intense.
Mon avis :
Pour être franche, au départ, j’ai eu du mal à rentrer dans l’histoire. Et d’un seul coup, j’ai été happée. Simon est un homme complexe, noyé dans ses calmants. Nous allons pas à pas retourner dans le passé avec lui et faire la connaissance de son petit frère qui le hante.
Pourra-t-il pardonner à Antoine, son meilleur ami ?
Et Antoine doit-il être pardonné ?
Peut-on recoller les morceaux de vingt ans d’absence ?
Peut-on renouer avec ses parents après une si longue absence ?
Et surtout, pourquoi Simon est-il parti si jeune ?
Ce récit est rempli de rebondissements, d’émotions, de sensibilité. Je le recommande fortement.
Courez, volez chez votre libraire.
Explorateurs de la rentrée littéraire 2018 – Ma chronique:
« Je sais ce qu’ils pensent de moi, les autres. On ne peut empêcher personne. Je croyais qu’un jour, je ne les entendrais plus. Je me suis trompé. Ils hurlent à voix basse. On me regarde par-derrière. On chuchote « pauvre garçon », ce n’est pas de moi qu’ils parlent. Ils racontent des tas de mensonges. J’ai peur de finir par les croire. Je me regarde dans le miroir, j’ai changé. Le matin, j’ai la bouche pâteuse, mauvaise haleine. Je commence à perdre mes cheveux. Je ne dors plus. Je n’en peux plus de grelotter sous le soleil. La fièvre, en été. Tu les entends, aussi ? Ces voix, le jour et la nuit. Dis-moi que je ne suis pas le seul à devenir fou… Le matin va se lever. Mon sac est prêt. Je n’ai pas peur, aucun regret. Puisqu’ici, on refuse d’oublier, j’irai là où on ne me connaît pas. Ne me cherche pas. Nous ne nous reverrons plus. Bonne chance, Toni.
Simon. »
Le second roman de Gautier Battistella s’ouvre sur ce courrier énigmatique adressé par Simon à Toni. Et s’il conservera son mystère une grande partie du livre, il livre aussi quelques indices que l’auteur nous dévoilera au fur et à mesure du déroulement de l’histoire familiale de Simon, de ses parents et grands-parents.
Gregor Reijik, le grand-père, est chronologiquement, le premier à entrer en scène. Né en 1921 en Pologne, il survivra au carnage de la seconde Guerre mondiale, aux exactions des troupes allemandes et parviendra à prendra le chemin de l’exil. Traversant toute l’Europe, il finira par arriver en France, à Carmaux, puis à Verfeil. C’est dans cette localité de Haute-Garonne que la famille va prendre racine. C’est aussi là que se trouvent les réponses aux questions qui vont se poser durant toute la première partie du roman. C’est là aussi que Simon va revenir après l’annonce de la grave maladie de Toni. Il tentera de revoir son ami avant sa mort ; on comprend vite tout ce que ce séjour remue de souvenirs et d’émotions.
Derrière l’image du jeune homme prometteur, pour reprendre le titre du premier roman de Gautier Battistella, se cache une profonde faille. Si Simon a choisi de partir pour Paris, c’est aussi pour s’inventer une nouvelle vie.
Sa profession, effacer les traces numériques gênantes de ses clients, n’a du reste rien à voir avec le hasard. Simon « offrait des zones d’ombre aux victimes et, si besoin, leur inventait un passé de rechange. Une autre vie possible. Il maquillait leur fuite. La vérité n’est souvent qu’une question d’éclairage. »
Et suivant l’éclairage, on pouvait trouver sa vie plutôt réussie. Une profession gratifiante et bien rémunérée, une épouse professeur de lettres de 35 ans, un appartement de cent vingt mètres carrés sur deux étages, avenue Ledru-Rollin et deux chats, Clyde et Bonnie 2. Lui qui était « entré en couple par hasard » chérissait le « juste équilibre de dissimulations et d’attentions » qui les liait. Jusqu’à ce brusque départ vers Verfeuil.
Avec un sens de la construction diaboliquement addictif, l’auteur nous fait découvrir cette faille qui, au fil de la seconde partie, va tout faire voler en éclats. Et nous prouve une fois encore que les secrets de famille ne devraient pas rester enfouis. Car plus on les cache et plus violente est la déflagration lorsqu’ils ressurgissent.
Avis de la page 100 (Explorateur de la rentrée littéraire 2018, Lecteurs.com) :
Simon a fuit sa région natale il y a 20 ans, suite à un drame dans sa vie qu’il veut oublier. Depuis, il aide les gens à se créer un passé agréable ou à le transformer.
20 ans plus tard, suite à l’appel téléphonique d’une inconnue, Sarah, il y retourne, sentant probablement une urgence pour Antoine, son ami d’enfance.
20 ans après… Il revient sur son histoire et les traces de son passé.
J’ai hâte de lire la suite et de découvrir son cheminement et celui de son entourage…
Avis à la fin du livre (Explorateur de la rentrée littéraire 2018, Lecteurs.com) :
Quitter sa vie d’avant, oublier et se faire oublier… Mais que fuir ? Et la fuite permet-elle l’oubli ?
Simon, parisien, bientôt la quarantaine, travaille dans l’informatique et traque les empreintes numériques de ses clients, entreprises ou individus, qui souhaitent modifier ou effacer leurs traces sur le net.
Mais pourquoi est-ce si important pour lui ? Probablement parce que 20 ans plus tôt, il a fui Verfeil, un village de la région toulousaine, à la suite d'un drame personnel et familial. Fuir pour oublier, fuir pour se faire oublier, comme il le propose dans sa vie professionnelle. Jusqu’au jour où le coup de téléphone d’une inconnue, Sarah, lui annonce la maladie grave d’Antoine, son ami d’enfance, qu’il n’a jamais revu. Simon part pour essayer de revoir Antoine avant qu’il ne s’éteigne. À travers cet événement, Simon va redécouvrir les lieux de son enfance, faire revivre ses souvenirs et, surtout, ce souvenir qu’il voulait oublier. Mais personne n’a oublié.
Gautier Battistella a choisi de raconter de manière simple et évidente, avec une certaine émotion et sans jugement, que, même si les événements de la vie peuvent provoquer des réactions mal comprises par les autres, la fuite ne permet pas l’oubli. Et même s’il est possible d’effacer les réputations numériques, les souvenirs personnels (et la mémoire collective) ne s’effacent pas de manière aussi facile.
Ce roman est plaisant et se lit facilement, même s’il évoque des événements tragiques, ou encore la culpabilité et le ressentiment vécu et celui, supposé ou imaginé, des proches que chacun à sa manière cherche à protéger comme il le peut. Il est empreint d’émotions, sans être triste, avec des réflexions sur la vérité et quelques notes d’humour, notamment la “ballade” de l’urne funéraire qui m’a fait sourire.
Ce roman m’a également renvoyé à la souffrance que chacun peut ressentir face à la perte de quelqu’un. Car plus généralement, comme le dit Gautier BATTISTELLA, que connaissent les autres de nos souffrances ?
Dans le cadre des explorateurs de la rentrée littéraire 2018, voilà mon avis à la page 100 :
Un premier chapitre, rythmé, rapide, dresse la généalogie du héros de ce roman, Simon Reijik, qu'on ne découvre qu'au second chapitre. Son métier : restaurateur de réputations numériques ...
Le style de ce roman est quasi cinématographique, les phrases courtes, parfois elliptiques, contribuent à donner un rythme rapide à la narration ...
La première partie de l'ouvrage s'achève autour de la centième page; on y a vu Simon revenir dans la ville de son enfance ... Mais pourquoi donc en était il parti sans jamais revenir ?
Je m'y replonge pour le découvrir ....
Avis sur le roman
Tout avait pourtant bien commencé …
Dès les premières pages ce roman me plaisait beaucoup !
Un style rapide, des phrases courtes donnent une sensation de rapidité, une écriture quasi cinématographique ...
La généalogie du héros donnée dans le premier chapitre donnait envie : un grand père polonais, Gregor Reijik, qui échappait miraculeusement à des rafles, traversait l’Europe entière se jouant de massacres, se faisant même passer pour mort avant de se retrouver à Marseille puis à Carmaux, à travailler dans les mines de charbon. Là, il rencontra Angelina, jeune italienne fille de mineurs, l’épousa et partit finalement s’installer à Verfeil en banlieue toulousaine où naquit en 1951 leur fils Marius.
Le second chapitre permettait de découvrir le héros du roman : Simon, fils de Marius, petit-fils de Gregor. Simon qui a depuis longtemps quitté Verfeil sans jamais y revenir, est restaurateur de réputation numérique, métier dont on ne saura pas grand-chose mais qui permettra d’introduire le chapitre sur la mère de Simon, en fin d’ouvrage…
Simon s’est marié avec Laura, rencontrée à l’occasion d’un chaton perdu, il semble heureux mais est cependant un grand très amateur de pilules de toutes sortes qu’il fait passer avec des lampées d’alcool, aides chimiques pour se détendre, pour supporter les petits cailloux de la vie …
Un vendredi soir, Sarah, une inconnue l’appelle. Au beau milieu du week-end normand chez des amis de Laura, il décide de répondre à la demande de Sarah et prend un – enfin plusieurs trains - pour le sud-ouest où il ira affronter ce passé qu’il fuit depuis 20 ans.
Un peintre à la recherche d’un sujet devient son compagnon de voyage, alors qu’il continue de gober ses assortiments de comprimés …
Mon plaisir de lecture a commencé à se gâter quand j’ai senti arriver les causes de l’addiction de Simon, son refus de revenir, ce drame qui marqua son adolescence … En fin de récit, les retrouvailles avec le peintre du train, et l’explication du titre de ce roman.
Ce que j’ai apprécié dans ce roman, ce sont des tournures de style elliptiques et efficaces, telles que :
- « … crevettes et coquillages côtoyaient leur fin imminente ; un énorme bol de mayonnaise » p 38
- « Les morts à Verfeil ont la belle vue. Les âmes s’y offrent même le luxe de bronzer » p 84
- « … gamins ébouriffés, riant à pleine gorge, de nos dents poinçonnées de bagues. » p 144
- « C’est que nous sommes gascons, ici, une cabane se fait appeler résidence secondaire »p 151
- Notre différence d’âge nous séparait plus sûrement que les cloisons de nos chambres. J’avais grandi sans lui. Il ne s’intéressa jamais à moi » p 166
- « Le deuil, ce sont des boîtes de conserve dans le cagibi et du pain de mie congelé. » p 168
- « Rien n’est définitif. Pas même l’amour que les parents sont censés porter à leurs enfants. » p 171
- « Tu sais ce qui m’attriste le plus ? De ne pas savoir quel homme mon fils serait devenu. » p 211
- « L’été est épais, les températures insoutenables. Même le vent paraît à bout de souffle. » p220
Ce qui m’a le plus gênée dans ce roman, ce sont les imprécisions géographiques. J’ai la chance d’habiter la région toulousaine et de connaître le village de Verfeil …
Lorsqu’un auteur choisit de localiser son roman dans une région précise, en insistant sur ses caractéristiques géographiques …elles doivent non seulement être précises, mais exactes !
Verfeil n’est pas en Gascogne, mais dans le Lauragais : la quatrième de couverture donne Simon gascon et son attachement à la Gascogne est mentionné en p 151. La Gascogne se situe à l’ouest de la Garonne – le fleuve sert de frontière naturelle à cette province (cf., entre autres, l’article de Wikipedia à ce sujet), et Verfeil est à l’est de Toulouse, à l’est de la Garonne donc !
Une autre aberration concerne le vent d’Autan. Ce vent typique du sud-ouest est provoqué par l’afflux de masses d’air méditerranéennes qui s’engouffrent dans le goulet d’étranglement entre Pyrénées et Massif Central. L’Autan souffle indifféremment en toutes saisons et peut dépasser 100 km/h aux alentours de la ville de Castres puis perd de sa vigueur au fur où à mesure qu’il s’en éloigne. Il peut rendre fou ! Or en page 140, Marius dit à Simon « L’autan est en retard cette année ». Cela est impossible. Plus loin l’auteur précise que « l’autan, le vent qui rend fou, petit frère du sirocco, nait dans l’Atlas algérien ». Là, seule la première partie de la phrase est exacte ! Il existe bien un vent qui nous apporte le sable rouge du Sahara, mais ce n’est pas le vent d’Autan !
Bref ce roman m’a déçue.
J’ai trouvé que le niveau des 100 premières pages n’a pas tenu la distance, malgré le style ; trop d’imprécisions et de maladresses narratives qui se sont placées entre l’histoire et moi pour que j’aie pu l’apprécier vraiment.
Explorateurs de la rentrée littéraire 2018 – Point d’étape page 100:
Le second roman de Gautier Battistella s’ouvre sur un courrier signé Simon annonçant son départ à Toni. Une lettre qui va rester énigmatique jusqu’à la seconde partie du livre qui débute page 95. Le lecteur aura pu auparavant suivre l’histoire du grand-père de Simon, Gregor Reijik. Né en 1921 en Pologne, il survivra à l’arrivée des troupes allemandes et prendra le chemin d’un exil qui le mènera à Carmaux, puis à Verfeil. C’est dans cette localité de Haute-Garonne que son petit-fils, désormais installé à Paris – où il fait profession d’effacer les traces numériques gênantes de ses clients – décide de revenir pour voir son ami Antoine, très malade.
S’il arrive trop tard, on comprend toutefois que ce voyage remue bien des souvenirs qui vont désormais nous être livrés. J’aime beaucoup les qualités de narrateur de l’auteur qu’il associe à un sens de la construction diaboliquement addictif. Autant dire que je ne vais pas tarder à me replonger dans ce roman sur les racines et sur l’exil.
Avis d'explorateur 2018
A l'occasion de la mort de son ami d'enfance, Simon K quitte Paris pour la campagne toulousaine.
C'est alors une longue introspection familiale sur fond d’alcool et de médicaments psychotropes qui prend une allure de descente aux enfers... Gautier Battistella nous entraîne dans de nombreux chemins sans en connaître forcément l'issue, qui sera quand même révélée à la fin du roman.
Le style est net, concis et contraste assez fortement avec le destin embrumé de cette famille ; le personnage principal, Simon K oscillant sans cesse entre neurasthénie et dépression est sans trop le savoir à la recherche de son destin.
Dès les premières pages de ce roman, je comprends que Battistella n'est pas d'humeur à rire, son propos est clair, d'une précision chirurgicale et il ne s'autorise aucune fantaisie littéraire. La problématique du roman, difficilement discernable au début prend cependant corps au fil des pages pour apparaître à la fin. L'attente peut paraître longue au lecteur, mais après tout, c'est un roman, certainement pas un thriller. La dimension psychologique m'est apparue assez intéressante, l'attitude de Simon K qui évite la confrontation directe pour une stratégie d'évitement éveille l'attention et je me suis interrogé tout au long de ma lecture sur l'issue de ce cheminement ou plutôt de cet errance.
Je vais terminer sur une note musicale, j'aime associer mes lectures à un univers sonore qui complète où contraste avec l'univers littéraire dégagée par le livre.
Pour ce roman « Ce que l'homme a cru voir » , je pense à une chanson de Kat Onoma ( un groupe de rock français ) qui s'intitule Famille Dingo, ce morceau un brin déjanté contraste avec l'écriture sobre et sérieuse de Gautier Battistella, mais souligne la problématique du roman : Famille Dingo, tombée de haut...
Avis de la page 100
Après un rapide ancrage historique sur la seconde guerre mondiale, Gautier Battistella nous entraîne dans une chronique douce amère de la vie à la campagne sur un fond d'école communale et de souvenirs personnels et familiaux.
Je commence à m'immerger dans ce récit lent et parfois alambiqué.
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