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Les personnagesoe Ewing, un homme de loi américain quittant la Nouvelle-Zélande à bord d'une goélette, au milieu du XIX° siècle ; un jeune compositeur, Frobisher, qui séduit la femme du musicien génial dont il est le secrétaire particulier (nous sommes en 1931) ; Luisa Rey, une journaliste d'investigation sur la piste d'un complot nucléaire, dans la Californie des années 70 ; un androïde condamné à mort par un Etat situé dans le futur, etc. Sans le savoir, tous ces êtres sont liés par une destinée commune tissée par le Temps, et dont le dessein n'apparaît que progressivement. Chacune de ces vies est l'écho d'une autre et revient comme la même phrase musicale répétée au fil d'innombrables variations, comme dans une fugue. Le sujet ? On pourrait le résumer par la fameuse réplique de Joyce au sujet d'Ulysse (qui est évidemment le modèle ultime de David Mitchell) : « L'Histoire est un cauchemar dont j'essaie de m'éveiller ».
A propos du livre : Voici un livre d'une puissance exceptionnelle. Par sa construction audacieuse (une série de « tiroirs » emboîtés les uns dans les autres), son imagination débordante, sa virtuosité. « Chaque partie », écrit le New York Times, « est écrite dans un genre différent : on passe de Melville à Isherwood, d'un thriller à un roman de Martin Amis et on enchaîne avec Blade Runner pour terminer avec un récit digne de William Burroughs ». On reste marqué par la beauté et le mystère qui se dégagent de ce roman d'une extrême modernité. David Mitchell est une sorte d'Italo Calvino de langue anglaise.
L'auteur : Né en 1969 en Grande-Bretagne, David Mitchell est diplômé de littérature comparée. Après 8 ans d'enseignement au Japon (à Hiroshima), il est revenu se fixer en Angleterre. Lauréat de nombreux prix littéraires, il a été trois fois finaliste du Booker Prize. Salué dès ses débuts par A. S. Byatt, il est considéré comme l'un de principaux romanciers anglais contemporains. Son premier roman, Écrits fantômes, a paru aux Éditions de l'Olivier en 2004.
La cartographie des nuages se distingue par une architecture narrative vertigineuse. A chaque chapitre une époque, au lecteur de reconstruire la trame de ce récit a priori décousu. Ronan a raison, il faut saluer un véritable travail de style: récit d'aventure picaresque, genre policier, roman de formation... Cette succession de genres relance sans cesse l'attention du lecteur. David Mitchell est bel et bien un grand romancier américain et l'on ne peut s'empêcher de retrouver dans La Cartographie quelques éclats de la littérature anglo-américaine du siècle passé. Deux hics néanmoins: d'une part l'écart entre la facture architecturale (passé-futur-passé) et l'intérêt décroissant que l'on éprouve à poursuivre l'intrigue (épuisement des possibles), d'autre part le dénouement des questions soulevées par les narrateurs très décevant, teinté d'un moralisme un peu agaçant. Une adaptation cinématographique "cafouillis" a été réalisée par les frères Wakowski, mais elle est très décevante par rapport au roman.
Le début du livre est formidable (jusqu'à la page 230). Plusieurs histoires se suivent, entretenant un rapport ténu, de styles très différents, de plus en plus contemporaines. C'est très bien foutu, bien écrit, sincèrement captivant. Et puis une partie part dans le futur et le lecteur (moi, en l’occurrence) commence à regarder sa montre, c'est pénible à lire, c'est confus, c'est très long. Et si la suite s'avère à nouveau intéressante, j'ai le sentiment que l'auteur s'est un peu perdu en route et que son excellente idée de départ n'aboutit pas. Je recommande la lecture de ce livre toutefois, l'auteur a beaucoup de talent.
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