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Carnet de mémoires coloniales est le premier livre d'Isabela Figueiredo. Dans ce récit biographique elle revient sur son enfance à Lourenço Marques, devenu Maputo depuis l'indépendance du Mozambique en 1975. Elle y dépeint sa relation aux adultes, à ses parents, à son père. Entre grande tendresse, amour filial et une certaine admiration de cet homme fort et protecteur, s'ajoute très jeune chez la jeune Isabela le rejet de ce qu'il est aussi, un colon, raciste, sexiste et violent. La grande force de ce texte réside dans cette ambiguïté dévoilée. Elle aime sans pouvoir s'empêcher de condamner et condamne sans pouvoir s'empêcher d'aimer.
La thématique du livre, l'abordage inédit du colonialisme, l'écriture frontale et crue d'Isabela Figueiredo font de Carnet de mémoires coloniales un livre coup de poing, qui brise certains tabous. Non, le colonialisme portugais n'était pas plus doux que les autres, les mécanismes de domination étant toujours éminemment violents. Ainsi, ce texte va bien au-delà d'une dénonciation c'est aussi une sorte de tentative de réconciliation avec la figure du père ou plutôt une sorte de bilan, une écriture cathartique, qui dirait voilà ce que nous sommes, voilà ce que je suis. Le fruit de contradictions, de violence, de tendresse et d'injustices. Maintenant avançons.
Ces mots, ce livre elle a attendu la mort du père pour les écrire. Car s'il y a révolte, il y a aussi du respect pour l'effort du père à offrir à sa fille ce que lui n'a pas eu. L'accès à l'éducation et à une vie qui ne soit pas misérable. Elle se rend compte de cela lors de son arrivée au Portugal, elle rejoint seule le pays de ses parents - qui est désormais le sien - suite à la déclaration d'indépendance du Mozambique, ces derniers restent sur le continent africain encore quelques années. À son arrivée, elle est recueillie par sa grand-mère paternelle qui vit dans une grande misère. Elle s'y sentira extrêmement seule et rejetée, elle est une « retornada », celle qui a exploité. Longtemps elle tentera de le cacher notamment à ses camarades de classes. Cet autre moment de sa vie est pour la jeune adolescente qu'elle est alors aussi traumatisant que constructif.
La mise en avant des décalages, des contradictions sont comme des leitmotiv dans ce texte extrêmement fort et bouleversant. Isabela Figueiredo rend justice et expose des identités dilacérées, brisées et recollées. Des identités explosées, aux éclats éparpillés dans l'espace, le temps et l'imaginaire. Une histoire qui aura de nombreux échos avec l'histoire française.
Née au Mozambique dans les années 60, alors que ce pays est sous domination portugaise, Isabela nous raconte dans un langage cru sa vision de cette période coloniale. Le regard de son père possédant une entreprise d’électricité, employant la population locale dite « nègre ».
Les mots d’Isabela sont les mots d’une enfant qui n’est pas en phase avec la vision de ses parents, bien que très respectueuse de ces derniers, elle s’attache à son pays de naissance et essaye de ressembler aux "nègres" marche pieds nus, vend des fruits devant la maison…. C’est une enfant intelligente, joyeuse, curieuse, intuitive,
Elle pressent que son pays va vivre une grande révolution et que la fin de la colonisation est proche. Mettant ainsi fin au pouvoir de son père, ce colon, raciste, injuste, violent, méprisant.
Le départ pour le Portugal dont elle ne connait rien la mettra en situation d’apatride, finalement au Portugal, les gens lui font sentir qu’elle n’est pas de là et au Mozambique le sens de l’histoire lui prouve que ce n’est plus son pays. Elle subira la violence que vivent les « sans terre » ou les « terres perdues »
Ce livre est puissant par le devoir de mémoire, il est sensible par ses mots
Rien ne m’a gêné dans ce livre car écrit avec sincérité, intégrité. Et je pense un regard juste sur la colonisation en général, cette ambivalence des sentiments à l’égard du père.
Carnet de mémoires coloniales Isabela Figuieredo Éditions Chandeigne
La colonisation portugaise au Mozambique vue par une petite fille qui cherche à comprendre la différence que l’on fait entre les noirs et les blancs et pourquoi. Dans ce récit autobiographique le père occupe la place centrale et son histoire se déroule comme un crescendo et un decrescendo en musique. Tout commence en douceur, une famille modèle avec au centre une petite fille tout de blanc vêtue et qui n 'a pas le droit de se salir, jamais. Le papa travaille dans une centrale électrique, il est apprécié et connu par tous. Le colon, ce colosse, utilise ses employés comme des sujets, les noirs, « des fainéants » qu’il faut houspiller, qui sont à disposition et dont il se moque. Ses mains gigantesques s'abattent sur eux parfois même sans raison. Puis arrive le moment culminant, le plus inattendu, où l’incompréhension et la stupéfaction poussent les colons à fuir, à détruire, à brûler. La révolte des noirs suivie d'émeutes et de tueries arrive. Le père restera mais sa fille devra s’en aller, d'abord pour se sauver mais surtout pour raconter la vérité, pour dire là-bas, en métropole, tout ce qui se passe au Mozambique, tout ce que les blancs endurent. En rentrant elle devient une exilée, une retornados, pointée du doigt, indésirable dans ce pays d’adoption où elle est aussi mal à l’aise que dans son pays de naissance car toujours la fille du colon.
Un portrait touchant de ce père qui peut être aimant et tendre envers sa fille mais aussi se transformer en un homme cruel et violent, rempli de haine, un monstre qui exploite la population noire comme d’autres le font également, sans aucun remords. Il ne comprendra jamais la fin de la colonisation comme il ne comprendra pas non plus pourquoi ce peuple veut devenir indépendant. Il finit par retourner au Portugal pour y mourir tristement.
Belle écriture avec un rythme lent, des scènes douces qui sont situées dans la capitale Lourenço Marques, scènes de vie parfaitement illustrées. Le sentiment de cette petite fille est bien exprimé à travers le regard innocent porté sur ces blancs «généreux» qui sont fiers d’aider les noirs en leur offrant les abats d’un cabri ou des vêtements usagés dont ils n’ont plus l’utilité.
Récit très émouvant.
Carnet de mémoires coloniales est le premier livre d’Isabela Figueiredo. Dans ce récit biographique elle revient sur son enfance à Lourenço Marques, devenu Maputo depuis l’indépendance du Mozambique en 1975. Elle y dépeint sa relation aux adultes, à ses parents, à son père. Entre grande tendresse, amour filial et une certaine admiration de cet homme fort et protecteur, s’ajoute très jeune chez la jeune Isabela le rejet de ce qu’il est aussi, un colon, raciste, sexiste et violent. La grande force de ce texte réside dans cette ambiguïté dévoilée. Elle aime sans pouvoir s’empêcher de condamner et condamne sans pouvoir s’empêcher d’aimer.
La thématique du livre, l’abordage inédit du colonialisme, l’écriture frontale et crue d’Isabela Figueiredo font de Carnet de mémoires coloniales un livre coup de poing, qui brise certains tabous. Non, le colonialisme portugais n’était pas plus doux que les autres, les mécanismes de domination étant toujours éminemment violents. Ainsi, ce texte va bien au-delà d’une dénonciation c’est aussi une sorte de tentative de réconciliation avec la figure du père ou plutôt une sorte de bilan, une écriture cathartique, qui dirait voilà ce que nous sommes, voilà ce que je suis. Le fruit de contradictions, de violence, de tendresse et d’injustices. Maintenant avançons.
Ces mots, ce livre elle a attendu la mort du père pour les écrire. Car s’il y a révolte, il y a aussi du respect pour l’effort du père à offrir à sa fille ce que lui n’a pas eu. L’accès à l’éducation et à une vie qui ne soit pas misérable. Elle se rend compte de cela lors de son arrivée au Portugal, elle rejoint seule le pays de ses parents – qui est désormais le sien – suite à la déclaration d’indépendance du Mozambique, ces derniers restent sur le continent africain encore quelques années. À son arrivée, elle est recueillie par sa grand-mère paternelle qui vit dans une grande misère. Elle s’y sentira extrêmement seule et rejetée, elle est une « retornada », celle qui a exploité. Longtemps elle tentera de le cacher notamment à ses camarades de classes. Cet autre moment de sa vie est pour la jeune adolescente qu’elle est alors aussi traumatisant que constructif.
La mise en avant des décalages, des contradictions sont comme des leitmotiv dans ce texte extrêmement fort et bouleversant. Isabela Figueiredo rend justice et expose des identités dilacérées, brisées et recollées. Des identités explosées, aux éclats éparpillés dans l’espace, le temps et l’imaginaire. Une histoire qui aura de nombreux échos avec l’histoire française.
Une page d’Histoire implacable et nécessaire.
Isabela Figueiredo c’est elle, l’enfant de ce récit biographique. Contant l’idiosyncrasie du Mozambique sous l’ère du colonialisme portugais. Claquant, ne craignant ni le feu des rappels, les jugements de notre contemporanéité vierge de domination. Ce récit est un kaléidoscope, celui d’une mise en abîme dès 1963 des diktats coloniaux virulents mais normalisés dans le contexte de l’époque. Ce carnet est une valeur sûre : la voix d’une enfant grandissante au fil des pages. On l’aime d’emblée cette petite fille vive, observatrice, futée et douce. Intuitive, elle comprend ce qui se passe. L’étendue vaste comme une tarentule d’une prise de pouvoir sur un peuple. Seulement voilà, Isabela est du bon côté de la barrière, elle est portugaise. « Carnet de mémoires coloniales » expose le drame méconnu de certains enfants de colons européens. Ceux qui à l’instar de la petite Isabela n’eurent pas la possibilité de nouer des liens solides avec sa terre originelle : le Portugal. Le fil rouge est géopolitique, sociologique, émouvant. L’enfant collecte les manichéennes réflexions. Mature, posée, le front haut, elle perçoit les soumissions, l’emprise violente qui est un tsunami. Son regard perçant devine la pauvreté, l’esclavage moderne. Elle est blonde, l’autre noir, ce n’est pas ici que les doutes pleuvent. Plus loin encore lorsqu’elle comprend que son père est la caricature du colon vil, abusif, ingrat et injuste. Néanmoins les dires de l’enfant sont intuitifs. Elle sait qu’un jour la rébellion volera comme les ailes d’une colombe. La violence sera vengeance. Il n’y aura aucune compromission.
«Que ce paradis aux interminables couchers de soleil couleur saumon, aux odeurs de curry, à la terre rouge était un énorme camp de concentration pour les noirs sans identité, dépossédés de leur corps et donc sans existence.»
Isabela est active, agissante, coquillage en main elle rassemble l’équité.
«Vendre des mangues devant le portail, en cachette de ma mère, était un acte de désobéissance dont je ne comprenais pas la raison et que je ne pouvais m’empêcher d’accomplir.C’était être ce que j’étais née.»
isabela s’éveille, s’émancipe. Adolescente elle pressent ses métamorphoses dans le même tempo que les révoltes qui grondent.
« Ou l’on était colon ou l’on était colonisé, on ne pouvait pas être entre les deux sans payer le prix fort, la folie pour horizon.»
En 19675 elle part au Portugal. Elle est elle-même en partance vers ce qu’elle ignore. Missionnaire, des bijoux de famille cachés dans ses plis, une bague trop grande pour son doigt trop fin de candeur, elle doit conter aux siens, ceux qui ne savent rien des horreurs, les têtes coupées des portugais, jetées en pâture sur un terrain de foot. Dire l’autre versant aussi ?
« Chaque camp possède une vérité irréfutable. »
Mémoriel, grave, doté d’une traduction perfectionniste du portugais par Myriam Benarroch & Nathalie Meyroune. Une préface érudite et éclairante de Lléonora Miano. « Carnet de mémoires coloniales » est une buiographie pour comprendre ce qui fut et qui est vrai. Un outil certifié pour les étudiants, un devoir de mémoire crucial. Publié par les majeures Éditions Chandeigne dans une collection : Bibliothèque Lusitane.
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