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«J'ai conçu Canoës comme un roman en pièces détachées : une novella centrale, Mustang, et autour, tels des satellites, sept récits. Tous sont connectés, tous se parlent entre eux, et partent d'un même désir : sonder la nature de la voix humaine, sa matérialité, ses pouvoirs, et composer une sorte de monde vocal, empli d'échos, de vibrations, de traces rémanentes. Chaque voix est saisie dans un moment de trouble, quand son timbre s'use ou mue, se distingue ou se confond, parfois se détraque ou se brise, quand une messagerie ou un micro vient filtrer leur parole, les enregistrer ou les effacer. J'ai voulu intercepter une fréquence, capter un souffle, tenir une note tout au long d'un livre qui fait la part belle à une tribu de femmes - des femmes de tout âge, solitaires, rêveuses, volubiles, hantées ou marginales. Elles occupent tout l'espace. Surtout, j'ai eu envie d'aller chercher ma voix parmi les leurs, de la faire entendre au plus juste, de trouver un je, au plus proche.»(M. de K.)
Jolie balade sur les canoës de Maylis de Kerangal. Je suis totalement d'accord avec les critiques de Nicolemotspourmots, Chantal Yvenou et Yves Lambert auxquelles je n'ajouterai rien.
L’autrice a écrit une novella centrale auquel gravite des satellites plus courts qui résonnent autour de femmes de tous âges.
CANOES sont bien des nouvelles dont l’une plus longue veut faire échos sur les autres. Elles n’ont pour interaction que la musique de bruits de quotidien, de voix de murmure et qui rappellent des notes de voyage, l’existence de la vie moderne, des vibrations, « des souffles en chorus » sic.
Les yeux se promènent sur des lignes douces et bien construites qui auraient plu à des OuLiPotistes sur l’idée de la forme du livre.
Une nouvelle qui nous transporte, pas tant sur les histoires construites, mais sur une prose narrative et descriptive ; un dépaysement de métaphores harmonieuses où se glisse sur nos lèvres « un silence qui durcit l’espace » sic
Je regrette d’avoir été aidé par le synopsis pour apprécier ces bruits sonores reliés entre eux qui ne sont pas fortement marqués, mais tout est dans la subtilité de l’autrice.
Sept nouvelles et une novella composent ce recueil, dont le fil rouge décline le thème de la voix. On y retrouve aussi avec une savante manière de les insérer dans le texte autant de canoës que de nouvelles !
Ça commence avec les retrouvailles de deux amies, l’une d’elle cherchant ce qui a pu changer chez l’autre, quelque chose de ténu mais de net…
Suit la novella qui conte les efforts d’adaptation d’une française immigrée au pays de Buffalo Bill. C’est presque la trame d’un roman, le squelette d’une histoire plus consistante.
Puis l’histoire de deux sœurs qui captent les voix pour des desseins obscurs.
Marquante aussi la nouvelle qui traite de ces voix sur les répondeurs qu’on hésitera si longtemps à effacer après que la personne a disparu.
Toutes ces tranches de vie ont pour point commun , hormis le thème, vaste, une écriture très travaillée, au pouvoir quasi hypnotique, au risque de perdre le fil.
Mais ça marche, on est pris par la magie des textes et on se laisse emporter par la narration.
Quelle chance d’avoir pu entendre trois de ces nouvelles, lues par l’auteur et accompagnées par deux musiciens fabuleux aux Correspondances de Manosque !
Maylis de Kerangal nous a habitués au cours de ses romans à traiter des sujets variés mais avec une marque de fabrique commune qui est un travail documentaire impressionnant, visant à nous emmener dans des histoires singulières et fortes pour analyser le comportement de l’être humain. Cette fois-ci le roman prend la forme de 8 nouvelles (7 courtes et 1 plus longue) qui traitent de l’importance de la voix et de ce qu’elle révèle d’une personne, au-delà des mots.
Malheureusement, et même si ces différentes nouvelles sont intéressantes et que l’auteur cherche surtout à mettre en avant le rôle de la voix plus que les personnages, et qu’elle a réussi à tisser des liens subtils entre les différentes nouvelles, j’aurais aimé qu’elles soient un peu plus approfondies. J’ai eu le sentiment de ne pas avoir le temps de m’immerger dans chacune d’elle, et que du coup le sujet avait été abordé mais pas aussi approfondi que je l’aurai souhaité. Il m’a également manqué l’intensité de ses romans précédents. Dans la quatrième de couverture Maylis de Kerangal parle de roman en pièces détachées. Cela fait certes l’originalité de Canoës mais c’est précisément ce qui m’a déstabilisée.
https://accrochelivres.wordpress.com/2021/08/16/canoes-maylis-de-kerangal/
Pour moi c'est toujours un plaisir de lire Maylis de Kerangal, format long ou plus court, essai ou roman, la façon dont elle travaille sa matière me fascine. Richesse de la prose qui agrandit l'espace, redessine le quotidien, fouille au plus profond des sensations. L'auteure ne cherche pas seulement à raconter des histoires, ces dernières ne sont que prétextes à malaxer la langue, à transformer en aventure le geste le plus banal. L'écouter parler de son travail est passionnant, et l'on sort de ce type de séance avec l'impression de ne pas vivre tout à fait la même expérience qu'elle en écrivant. Alors, que dire de Canoës qui soit un peu à la hauteur ?
Ce recueil rassemble sept textes courts dont certains ont déjà fait l'objet d'une publication et une novella plus longue, Mustang. Un petit bijou qui nous transporte au Colorado dans les pas d'une femme en lévitation entre plusieurs mondes et surtout plusieurs états d'âme, pour laquelle le dépaysement agit comme une forme de thérapie. On pourrait presque ne lire que ce Mustang, se laisser aller au volant de cette voiture mythique, la voix d'un chanteur de blues dans les oreilles, sentir l'espace s'agrandir autour de nous et la conscience de notre petitesse dans l'univers s'affirmer. Oui, ce serait suffisant. Les sept textes qui l'accompagnent n'ont rien d'anecdotique cependant, ils résultent d'une logique de construction et de réflexion, se répondent les uns aux autres, se nourrissent ou se font écho. Le risque étant que l'intellect prenne le pas sur les sensations. C'est amusant de repérer où se niche le mot canoë dans chacun d'eux - comme autant de petites navettes chargées de relier les récits les uns aux autres. Peu à peu les thèmes se renforcent. Il est question de voix, de leur influence, de leur pouvoir, de l'équilibre fragile dont elles dépendent. Il est aussi question de mémoire, de souvenirs, de notre façon d'être en ce monde que nous avons tant (trop ?) façonné. D'empreintes. On peut suivre l'un ou l'autre des fils, ou bien les dérouler tous. On peut aussi simplement se laisser couler, suivre le rythme, la musicalité des phrases, lâcher prise, savourer...
"Désormais je suis indisponible et solitaire. Une tout autre relation se joue entre moi et le monde. Je crois que j'essaie de capter une fréquence. Et je ne veux pas d'activité, surtout pas. Je ne veux rien."
(chronique publiée sur mon blog : motspourmots.fr)
Fervente admiratrice de l'auteure,fascinée par la qualité de l'écriture,ne me suis pourtant pas laissée embarquer à bord de ce "Canoës"...Serait-ce parce que j'avais écouté avec attention la romancière à la Grande Librairie avant,l'univers de ces nouvelles m'avait été dévoilé? DOMMAGE!
Maylis de Kerangal, c'est une première rencontre majestueuse avec "Naissance d'un pont". Puis, il y a eu un autre rendez-vous tout aussi merveilleux et en couleurs avec le roman "Un monde à portée de main". Alors, j'ai cru au troisième avec ces nouvelles "Canoës" mais la rencontre s'est seulemente faite in extremis, avec l'ultime histoire de ce recueil "Ariane espace". Déçue.
Chère Maylis,
Il faut que je vous confie un secret : vous savez, nous lecteurs, nous ne sommes pas comme les éditeurs, nous ne vous réclamons pas à cor et à cri un livre tous les deux/trois ans, nous savons patienter, nous ne sommes pas pressés… On peut même attendre cinq ans, dix ans s'il le faut (pas tellement plus parce qu'on est un peu vieux, hein…)
Je dis ça, parce qu'entre nous, cette nouvelle « Mustang » page 33 à 102, elle est vraiment très forte, elle m'a beaucoup touchée, moi qui, comme vous, suis de la même année que la Ford Mustang vert forêt, intérieur skaï vert amande. Je vous ai suivie le long des contreforts des Rocheuses, dans les prairies rose poussière, j'ai chiné dans le magasin de pierres « Colorado Magical Stones », j'ai senti le sol, les matières, j'ai touché les cendres, le grès, le schiste, le granit, j'aime la sensualité de ce qui compose la roche, la falaise, la montagne, moi aussi je peux nager en piscine en mer dans les lacs, partout, j'aime aussi partir d'un coup quand j'en ai ma claque et la poterie pourquoi pas, rien que pour faire comme elle dit, Ursula K.Le Guin, dans sa « théorie de la fiction-panier », j'adore ce qu'elle dit, Ursula K.Le Guin, et j'en ai un peu marre des récits de mecs poilus qui tuent (même si je peux aimer les mecs poilus qui tuent.) Je suis entrée à pieds joints dans votre « infra-fiction » secrète, je m'y suis vautrée. Moi, je suis toujours prête pour les « infra-fictions secrètes », je démarre vite, je me fais des films, je suis très très douée pour ça. Bref, j'ai marché, j'ai roulé, j'ai pris la poussière et l'odeur du gazoil. Je me suis débrouillée seule, moi aussi, et mes écarts se sont faits de plus en plus fréquents. Oui, je les ai aimées vos virées en Mustang et me perdre me va très bien. Vous voyez comme je l'ai habitée, cette nouvelle, comme je la sens encore vibrer en moi.
Mais, honnêtement, les autres autour, c'était pas la peine. Et ce truc du canoë, cette référence, ce soi-disant « écho » qui revient dans chaque nouvelle, on sait pas bien pourquoi. Bof.
Votre voix, je ne l'ai entendue clairement que dans « Mustang », le reste, il fallait peut-être le garder pour plus tard, pour un autre roman. Pour être sûre de ne pas risquer de brouiller la fréquence de « Mustang »...
Prenez votre temps, Maylis, on sera patients.
« Mustang » dans la tête et dans le corps, j'ai à manger pour tout l'été et pour l'hiver aussi. Mes rêves ont de quoi se nourrir, je vous en remercie.
Prenez votre temps, Maylis, n'écoutez pas votre éditeur. Faites-nous un bon gros roman, parlez-nous encore des dinosaures aux longs cils, des scanners temporo-mandibulaires et des macaques rhésus. Laissez tomber les canoës. Pas de rafistolage, de rapiéçage, de patchwork. On veut du blindé, du massif, du brut.
On veut du Maylis de Kerangal...
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